L'ile aux prisonniers

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fredchl
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L'ile aux prisonniers

Message par fredchl »

Le synopsis :
Un français, Brice, condamné pour trafic de stupéfiants en Indonésie se retrouve vendu à une riche propriétaire comme travailleur sur une ile isolée : Foem Island...
Arrivera-t-il à se sortir de ce mauvais pas...


Partie 1

La salle était immense, au plafond haut, décorée de bois patiné vieilli, des statues gravées de place en place.
Les oreilles bourdonnantes, Brice ne percevait qu’un vaste brouhaha du public derrière lui.
Et la voix glapissante du petit homme noyé de transpiration qui hurlait à leur intention.
Ils était trois juges, trônant face à eux.
Le gueulard criant dans une langue inconnue.
Le second, à sa gauche, semblant sommeiller, ou perdu dans une profonde réflexion, tête basse.
Et le dernier, un grand à droite, griffonnant sur une feuille d’une main nerveuse.
Il tenta de demander la traduction à son avocat commis d’office, un petit homme replet au crane chauve et aux lunettes à double foyer qui lui posa une main rassurante sur l’épaule avec un sourire contrit, les yeux fuyants :
- Pas content... Pas content... Peine maximale...
Le garçon se vouta.
En Indonésie, le transport de drogue, quelque soit la quantité, était punie de la plus lourde peine.
La prison à vie... Ou l’exécution capitale...
Si Brice avait pu tenir le trafiquant local qui avait mis subrepticement à son insu les deux kilos de Marijuana dans son sac, il l’aurait étranglé de ses propres mains.
Une idée que semblaient partager les deux autres touristes, deux filles assises près de lui, à leur mines affligées, voutées comme lui.
Les menottes cisaillantes se refermèrent sur ses poignets, poussés durement vers une petite pièce attenante d’une chaleur étouffante, afin d’attendre le délibéré, pendant plus d’une heure.
Le garçon enregistra la sentence sans comprendre ce qui lui arrivait, le ciel lui tombant sur la tête :
La prison à perpétuité.
Il se prépara à retourner dans le fourgon crasseux qui les reconduirait vers la prison de Bali, mais deux gardes les poussèrent en direction d’un escalier poussiéreux, les obligeant à dévaler les marches rapidement pour traverser un boyau de terre éclairé par des ampoules jaunâtres.
Les trois prisonniers furent enfermés dans une geôle, parmi d’autres captifs de différentes nationalités.
S’aidant des mains et force gestes, l’une des touristes tenta de se faire expliquer ce qu’ils était sensés attendre ici.
Un petit indonésien noiraud tenta de leur faire comprendre dans un français approximatif :
- Travail... Travail... Vendus... Travail... Ile...
Les français comprirent avec le retour des gardiens qui firent sortir l’ensemble de la trentaine de captifs obligés de s’aligner le long du mur de pierre poussiéreux.
Le petit juge, celui-là même qui les avait condamnés, refit son apparition.
Des protestations fusèrent, muselées d’autorité par quelques coups de crosse, obligeant les prisonniers à se taire.
Brice, du bout de la file, aperçut les deux femmes qui accompagnaient le nabot.
Une grande blonde aux cheveux raides tirés en une queue de cheval intensifiant son air austère, comme sa comparse, une brune charpentée les toisant d’un air dédaigneux de son intense regard noir.
La blonde jouait avec une fine tige de bois torsadée, sorte de badine qu’elle faisait battre contre sa cuisse moulée dans un pantalon d’équitation immaculé, enfermé dans de hautes cuissardes de cuir fauve, un pull de laine noire moulant une poitrine libre et ferme.
Elle s’avancèrent devant le premier captif.
Une rapide inspection débuta :
Le juge donnait la nationalité du prisonnier, la brune tâtant les biceps de ses mains gantées de cuir brun, faisant ensuite ouvrir la bouche pour inspecter la dentition et faisait tourner le captif sur lui-même pour juger l’aspect général.
Un hochement de tête affirmatif indiquait si le contrôle donnait satisfaction, une mine dégoutée indiquant l’inverse.
La revue se déroula, se rapprochant peu à peu des trois français.
Brice s’aperçut qu’une épaisse liasse de tresses en chanvre fin s’enroulait, accroché au large ceinturon de cuir noir lui marquant la taille.
Comme les deux filles, Brice dut subir le contrôle, captant le regard intéressé de la blonde à l’annonce de sa nationalité, se tournant vers le juge :
- What’s the reason ?...
- Drugs...
Un sourire ironique et fugace passa sur le visage long, soigneusement maquillé, un trait de Rimmel rehaussant ses prunelles mordorées.
Elle refit un aller-et-retour à pas lents.
Sa badine désigna plusieurs captif, s’abattant sèchement sur le crâne :
- Her... Her... Him...
La blonde revint considérer les français :
- The two girls also...
Elle ajouta en français avec un léger accent, claquant l’épaule de Brice d’un coup de badine :
- Lui aussi...
Ricana en se tournant encore vers le juge :
- Pour les frenchies, vous me ferez un prix...
Le cauteleux petit homme s’inclina.
Les prisonniers ignorés par la badine fut renvoyés dans la cellule dans l’attente de leur transfert.
Les deux femmes s’occupèrent d’entraver leurs captifs, la brune tressant des menottes aux chevilles, reliées par un brin torsadé suffisamment long pour leur permettre de marcher à petits pas, insuffisant pour courir, décourageant ainsi toute tentative de fuite.
La blonde s’occupait d’effectuer la même opération au niveau des poignets, enroulant une longue liane de chanvre sur la longueur de l’avant-bras, joignant les poignets en arrière du dos.
Elle musela chacun des captifs d’un bandana taché et graisseux.
La brune se tint derrière eux tandis que la blonde s’éloignait accompagnée du juge.
Lorsqu’ils revinrent, le petit homme enfournait des liasses de dollars dans ses poches, la femme chargée d’une valise qu’elle remit à sa complice qui l’ouvrit, la maintenant devant la grande blonde.
Celle-ci échangea ses gants de peau pour une paire en latex transparent.
Brice se demanda se qu’elle fabriquait, comprit en la voyant se coller au dos du premier captif qui gémit, un bras refermé autour de sa taille pour l’accompagner au sol.
Un sédatif puissant. Ils ne devaient pas voir le transfert.
Un par un, il vit ses compagnons s’écrouler aux bottes de la grande blonde.
Un bras musculeux lui ceintura la taille, une douleur vive lui brulant le cou sous la fine aiguille enfoncée d’un geste.
Brice sentit ses jambes flageoler, se dérober lentement, le corps chaud l’accompagnant dans sa chute.
Puis ce fut le trou noir, perdant rapidement conscience.
Un bruit lancinant fit sortir Brice du sommeil.
Un grondement sourd paraissant sortir tout droit de ses entrailles.
Dans le jour naissant par un hublot situé juste au dessus de lui, il se rendit compte qu’il était allongé sur le plancher d’un petit avion qui plongea brusquement, les pneus miaulant sur le tarmac, secouant les passagers en rebondissant à l’atterrissage.
Ils furent transbahutés un par un, agrippés par les femmes et trainés pour se retrouver allongés de nouveau sur un plancher en bois d’une grande barge plate au moteur diesel crachant une épaisse fumée noire, les faisant tousser durant une longue traversée en pleine mer.
Elles les aidèrent à se relever pour descendre sur une plage de sable blanc.
Deux autres femmes montées à cheval les attendaient au bord de l’eau, armées de fusils mitrailleurs.
Elle mirent pied à terre pour les aider à s’extraire de l’eau glaciale.
Une autre grande blonde, typée norvégienne ou russe, aux magnifiques yeux bleus, secondée d’une complice à la peau matte qui toisa le garçon soutenant le magnifique regard noir du visage rond entouré par une lourde chevelure de la même teinte.
Un violent coup de crosse lui coupa le souffle, l'agenouillant à la limite de vomir, accompagnant le ton autoritaire :
- Tu ose lever les yeux sur moi ?...
Une gifle lui percuta la joue, l’envoyant tomber sur le flanc :
- Jamais tu ne dois nous fixer !... Cette insolence est sévèrement punie !...
Ils furent tirés sur le sable et alignés côte à côte.
Leurs deux convoyeuses se plantèrent face à eux, les fixant :
- Bienvenue sur l’ile, prisonniers !
La blonde fit un pas, plantant ses bottes face à l’une des captives.
Les deux cavalières étaient remontées à cheval, les entourant de part et d’autre, retenant leurs montures qui piaffaient.
- Vous avez été acquis pour servir la souveraine de l’ile, la princesse Eva Von Foelm... Elle offre le privilège de vous accueillir afin de ne pas vous obliger à moisir dans une prison indonésienne... Montrez-vous digne de l’honneur qu’elle daigne vous accorder en vous recevant sur ses terres...
Brice nota que la blonde parlait avec un accent particulier.
Une allemande.
Le ricanement d’une des prisonnières, à l’annonce qu’une bourgeoise s’abaissait à leur filer du boulot, s’étouffa sous la quinte de toux provoquée par l’uppercut de la brune qui l’agenouilla sur la plage, la crosse d’une des cavalières l’assommant sous le regard horrifié des autres captifs.
A partir de ce moment, tous s’employèrent à écouter d’une oreille attentive les curieuses « lois » régissant l’ile.
Brice en retint l’essentiel : Qu’ils devenaient corvéables à merci tels de véritables serfs du moyen-age.
Que se rebeller de quelque manière, ou renauder à la tâche serait sanctionné à l’appréciation de leurs geôlières.
Fuir, il ne fallait pas y songer.
L’allemande les prévint : Une évasion se soldait par l’exécution du fuyard et signifiait de lourdes représailles pour les quelconques complices.
Brice songea non sans humour qu’ils étaient tombés sous la coupe d’étranges amazones qui avaient du encaisser une sérieuse insolation sur le casque.
Un douloureux coup de botte lui vrillant les reins lui signifia l’ordre du départ.
- Avance !...
Ils durent emboiter le pas à leurs geôlières, en file indienne, les deux cavalières fermant la marche.
L’ile qui paraissait petite d’un premier abord, révéla peu à peu son envergure.
Au loin sur la gauche, à près d’un kilomètre, s’étendait une immense demeure en granit, masquée derrière de grands pins et fermée d’une lourde grille en fer forgé.
Une grande partie de l’espace semblait avoir été défriché et déboisé au fil des années, un mur de pierre commençant à se dresser pour délimiter le pourtour de la propriété, tandis qu’aux alentours, d’immenses tas de rondins s’alignaient.
Le groupe arriva dans une grande clairière, au sommet de l’ile.
Une imposante batisse de rondins y trônait, plusieurs dépendances moins patinées par le temps semblant s’y être greffées.
Brice comprit que fuir d’ici n’allait pas être une partie de plaisir.
Ils furent poussés derechef dans l’immense pièce principale ou ronflait un gros poêle ventru, grondant à la manière d’un soufflet de forge sous l’effet du tirage.
Si la bicoque pouvait prendre feu... Songea le garçon.
Le groupe des six dut s’aligner encore face à la « boss » qui effectuait des allers et retours devant eux.
Tous s’absorbèrent dans la contemplation de leurs pieds nus, déjà mis à mal par la montée à travers les sentiers épineux.
- Nous allons vous remettre un paquetage contenant vos effets personnels, la tenue réglementaire des prisonniers, ainsi que vos couverts... Toute perte ou dégradation est sanctionnée...
Elle leur laissa le temps d’assimiler l’information, reprit d’une voix suave et doucereuse :
- Un... Petit-déjeuner va vous être servi... Vos gardiennes indiqueront vos... Espaces...
Le groupe fut poussé par une porte, se retrouvant dans un long et large couloir, l’une des femmes prenant la tête.
Dans l’espace cuisine, trois prisonniers s’activaient à faire reluire des gamelles, accélérant le rythme en voyant les geôlières entrer.
Tout l’ensemble du mobilier, tables et bancs était de fabrication maison en rondins.
Ils durent se regrouper à l’une des tables réparties en U.
L’aménagement permettait aux femmes de les surveiller aisément, installées à celle du centre.
Brice comprit l’ironie de la grande blonde en voyant le café clair versé dans sa gamelle.
Plutôt du genre jus de chaussette délayé à l’eau de vaisselle.
Il loucha discrètement sur la table du côté ou elles se faisaient servir une montagne de petites brioches et de croissants frais à tremper dans un chocolat terriblement odorant.
Des protestations vite étouffées s’élevèrent de la table.
- Silence !...
La métisse s’enleva du banc d’un geste souple, attrapant sa badine de cuir souple pour venir leur tourner autour à la manière d’une guêpe agaçante visant des morceaux de sucre.
La sentence tomba en même temps que sa badine sur les têtes et les épaules :
- Vous passerez une heure en suspension ! On verra si vous aurez toujours envie de l’ouvrir !...
Elle repartit en ricanant.

A suivre...

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fredchl
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Re: L'ile aux prisonniers

Message par fredchl »

La suite :

Partie 2

Brice fut jeté sur le lit libre d’une des cellules occupant le cabanon.
Il ne se souvenait que du grincement libérateur et de la chute au ras des bottes avant d’être trainé par la métisse et la grande blonde.
Un léger rire avait parcouru le groupe de se voir perché sur la pointe des pieds, un enlacement de cordes leur joignant les poignets reliés à un anneau lui-même fixé au crochet d’une poulie en bois qui s’éleva, tiré par plusieurs femmes.
Une heure plus tard, c’était déjà moins drôle, le corps tiraillé de douleurs lancinantes fusant des cuisses mises à rude épreuve, sans parler des fourmillements parcourant les bras étirés en l’air.
La fatigue accumulée par le décalage horaire et l’insupportable douleur ajoutée avaient fini par avoir raison de quatre des prisonniers, moins habitués aux efforts physiques.
- Détachez-les...
Le plaisir d’entendre la voix rauque de la « boss » dans son dos, libératrice, l’en avait fait tomber dans les pommes.

Un visage grimaçant se pencha sur lui, alors qu’il reprenait ses esprits. Un regard noir entouré d’une peau bronzée, des cheveux rasés et des épaules musclées.
Une main lui tapotant doucement l’épaule :
- Bienvenue sur Femelle Island Amigo !...
- Quoi ?...
- Femelle Island... La déformation de Foem Island, le vrai nom de l’ile... En revanche, ne me demande pas ou ça se trouve, je serais incapable de te le dire...
- En Indonésie ?...
- Oh non ! Parait qu’on est arrivé en Colombie-Britannique, dans un lieu au Sud-Ouest du Canada, à perpète...
Brice encaissa l’information.
Son compagnon de cellule éluda la question venant immédiatement à l’esprit du garçon :
- Ici, la seule possibilité d’évasion, c’est entre quatre planches, parce que tu auras commis l’erreur de vouloir déjouer la surveillance de nos gardiennes !...
- Moi qui pensais que je n’étais que de passage...
- Oublie le club-med ! Ici c’est un billet aller-simple...
Le garçon retourna s’installer en tailleur sur son lit :
- Moi, je m’appelle Benito. De Malaga, en Espagne...
- Brice... Mais je suis pas de Nice...
- Plutôt de Bali avec un passage par la case prison et perpette, assaisonné par un juge véreux à la solde de ces femmes...
- Ca, je le savais, je l’ai vu encaisser l’argent, ce fumier !...
- En fait, des rabatteuses payées par ces femelles t’ont repérées à l’aéroport... Elles glissent de l’illicite dans tes bagages et vont fayotter aux douaniers qui se font un plaisir de t’intercepter au pied de l’avion. Ensuite, Helke vient assister à ton procès... Comme elle est généreuse, elle t’offre les services de l’avocat le plus mauvais de toute l’Indonésie...
- Helke ?...
- La grande blonde... Helke Von Foem... Cousine de sa majesté Eva... L’une est riche à millions... L’autre a les idées perverses...
- Et on la voit quand, la riche héritière ?...
- Ouhla, t’emballe pas !... Uniquement si tu est désigné pour aller lui tondre sa pelouse... Un bon moment... Une après-midi complète à tourner autour de la maison perché sur un tracteur-tondeuse... Le pied...
- Et comment on tonds la pelouse de la dame ?...
- Ah, ça... C’est Helke qui désigne le chanceux... Faut être dans ses bonnes grâces pour ça...
Brice se retourna lentement, grimaçant.
Se retourna vers Bénito :
- Et les autres, elle sont comment, niveau caractère ?...
- Je commence par Abra, la brune, surnommée Cadabra par les mecs et Ziff par les filles...
- Ziff ?...
- Oui. Comme abrasif... Parce qu’elle apprécie énormément de se frotter aux autres prisonnières... Une lesbienne notoire, ne la drague jamais, elle le prendrait très mal...
- C’est bon à savoir...
- Elle est le bras droit de Helke, elle gère la partie bucheronnage, les corvées de bois et la maçonnerie.
- Et la métisse ?...
- Naïg, la lanceuse de couteau. Capable de te planter son coutelas en plein cœur à dix pas malgré qu’elle te tourne le dos. Elle adore faire-faire le tour de l’ile au pas de charge pour les récalcitrants en leur cravachant le dos pour les motiver, perchée sur son cheval...
- Quelles réjouissances !...
Le garçon eut un geste de la main :
- Attends d’y passer ! Tu verras, ce sera beaucoup moins amusant...
- Il y en a d’autres ?...
- Mirl... L’autre grande blonde... Elle gère les extérieurs... Nous, on ne la voit pas souvent, elle gère les transferts de prisonnières au domaine, mais ce n’est pas la pire... Et la meilleure pour la fin : Amber, la magnifique !...
- La magnifique ?...
- Oui... Une grande américaine, rousse, avec de grands yeux verts, c’est la cuisinière... Grâce à elle, j’adore être de corvée à la plonge... Et si elle me demande de l’aider dans la réserve... Enfin, tu verras, je te laisse la surprise...
Benito afficha un sourire égrillard.

Leur paquetage, c’était un sac de jute contenant outre la gamelle, un gobelet et des couverts en laiton, deux paires de jogging, bleu vif pour les garçons, rose pour les filles et quelques sous-vêtements.
Brice comprit l’utilité des ensembles dès qu’ils fut entrainé à l’extérieur, parce que les couleurs vives se distinguaient de loin, permettant une surveillance facilitée à leurs geôlières.
L’énorme tas de bois les attendait.
Le garçon fut chargé d’entasser les rondins sciés et lancés par deux autres prisonniers.
Surveillés par l’imposante « Ziff », perchée sur un cheval, tandis que la métisse allait et venait de long en large près deux, badine menaçante.
Fureteur, le regard de Brice détailla discrètement les alentours.
Une grande maison aux pierres de granit se détachait derrière le baraquement de rondins.
Helke Von Foem sortit de la bâtisse, sa longue chevelure blonde détachée contrastant sur la combinaison de latex noire, moulante comme une seconde peau, planche de surf sous le bras.
Le ton furieux s’éleva en même temps que la badine lui cinglant douloureusement les fesses :
- Tu veux mes jumelles ?...
Naïg avait capté son regard captivé.
- Approche ! Je vais t’aider à te concentrer au travail !...
Un bandeau de cuir se referma sur son visage, l’aveuglant :
- Mais ! Je ne vais...
- Silence !...
Il entendit la brune ricaner, parce que sa complice s’abaissa derrière lui, des liens entravant subitement les chevilles du garçon qui fut obligé de marcher à petits pas, dès qu’elle lui ordonna de travailler, tâtonnant pour dénicher les bouts de bois.
La tâche se compliqua parce que les morceaux s’éparpillèrent rapidement autour de lui, manquant le déséquilibrer à de nombreuses reprises.
Son rythme s’en ressentit, avant la voix rauque étonnée, non-loin de lui :
- Je peux savoir ce qu’il fabrique ?...
- Il te mâtait pendant que tu descendais à la plage répliqua la voix contrite de la métisse.
- Regarde-moi ça, il y a du bois partout ! Détache-le immédiatement !...
D’une main sur l’épaule, Naïg l’arrêta. Il cligna des yeux, le bandeau serré retiré, avant les liens lui restreignant les pieds.
La femme blonde se tenait à l’écart, s’appuyant de l’avant-bras sur son genou, le pied posé sur un tronc d’arbre.
Elle s’était changée, moulée dans un pantalon de lycra noir, regardant Brice s’activer à ramasser le bois pour l’entasser soigneusement.
- Je vais t’en prendre deux... Il me faut des chauffeurs...
- Des chauffeurs ?... Interrogea Abra, surprise.
- Oui.
Le visage de la grande brune s’éclaira d’un large sourire.
Sa cravache fit aussitôt la sélection :
- Amaury... Et le nouveau français...
La tige fine leur indiqua la direction, la brune faisant faire un demi-tour à son cheval.
Ils durent revenir vers le « cabanon », contourné sur l’arrière.
Un grand rire secoua les deux femmes parce que les garçons considérèrent leur voiture, interdits.
Une vieille charrette à bras peinte en bleu.
- Fais-leur charger du bois sec, je vais seller mon cheval...
- Entendu... Allez !...
Ils durent s’atteler, chacun leur bras, pour rapprocher l’engin.
Abra leur ordonna de remplir le plateau, bien tassé et montant haut, les garçons s’effarant du poids mort qu’ils devraient trainer.
Helke revint, tirant son cheval qu’elle enfourcha :
- Nous allons au domaine ! En route !...
Le convoi s’ébranla lentement, les cavalières fermant la marche.
Ils empruntèrent une pente, Brice s’imprégnant du paysage s’offrant à ses yeux, l’eau bleue miroitante à perte de vue.
- Active le français ! Tu auras le temps de la regarder plus tard...
Le garçon se demanda ce que voulait dire l’allemande.
Le long chemin, parcouru, elle fit accélérer sa monture pour ouvrir l’une des grilles de la propriété qu’elle leur fit contourner pour stopper devant un hangar.
Ils durent remplir une brouette rangée près de la porte, et décharger le reste de leur cargaison sous les tôles de la remise.
Les femmes mirent pied à terre pour aller attacher les chevaux au pin éloigné d’une dizaine de pas, permettant à Amaury d’échanger rapidement quelques mots à voix basse lorsqu’ils se croisaient :
- Si on va... Aux casiers... Plonge à l’eau... Ce sera la seule occasion...
Il se tut parce que leur geôlières revenaient.
- Vous êtes lents ! Dépêchez-vous !... Hurla Abra.
Helke leur ordonna de reprendre la charrette pour les précéder.
Les grilles passées, ils durent obliquer sur leur gauche pour suivre un petit chemin tracé dans la lande, retenant leur véhicule cahotant sur les cailloux.
Comme l’avait deviné Amaury, ils descendirent sur la plage.
- Nous allons remonter les casiers...
Brice sentit son rythme cardiaque s’affoler en approchant de l’eau.
Il fut chargé de tirer sur le sable les casiers en osier tressé qu’Amaury sortait de l’eau froide.
Les femmes agrippaient les casiers pour les charger sur la charrette.
Elles se détournèrent parce qu’un vol d’oiseau attira leur attention, passant bas, juste au-dessus de leur tête.
- Dommage ! Je n’ai pas pris mon fusil... Regretta la brune.
- Tu reviendras demain...
Brusquement Abra scruta l’eau, la main en visière :
- Il est ou, l’autre ?...
Amaury avait plongé.
Brice le vit émerger, déjà hors de portée, nageant d’une brasse vigoureuse, alarmant la blonde :
- Abra ! Le hors-bord !...
Tandis que la brune sortait son portable, Helke vint attraper le garçon pour le tirer vigoureusement de l’eau.
Son avant-bras se referma sur le cou en une clé étrangleuse, susurrant d’une voix doucereuse en l’attirant contre elle :
- Si tu bouge, je te dévisse les cervicales !...
Brice perçut le bruit d’un moteur derrière l’ile, peu après qu’Abra eut sifflé longuement, trois coups longs et deux courts.
La blonde remua derrière lui.
Le garçon perçut la piqure dans sa carotide.
Sa vue s’atténua, devenant floue.
Il sentit ses jambes flageoler, glissa au ralenti, retenu par Helke, le contact du sable humide sur sa peau, avant de perdre connaissance.

A suivre...

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moimoi2
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Re: L'ile aux prisonniers

Message par moimoi2 »

Une bonne écriture et un bon début. Maintenant reste plus qu'à voir la suite ;)

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Mad Hatter
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Re: L'ile aux prisonniers

Message par Mad Hatter »

Image http://seane.deviantart.com/art/Calie-424077393 Est-ce féministe de dire que les hommes n'ont pas le monopole du facisme ? :sifflote: Il ne faudrait pas appeler les italiens, c'est rès internationale comme histoire. Je suis curieux de voir ce que ça va donner.
De l'Ordre nait le Chaos.
Ou est-ce l'inverse ?
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fredchl
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Re: L'ile aux prisonniers

Message par fredchl »

Mad Hatter a écrit :Image http://seane.deviantart.com/art/Calie-424077393 Est-ce féministe de dire que les hommes n'ont pas le monopole du facisme ? :sifflote: Il ne faudrait pas appeler les italiens, c'est rès internationale comme histoire. Je suis curieux de voir ce que ça va donner.
Tu me diras, ce que tu en penses ! Cela va grimper en intensité ! 8-)

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fredchl
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Re: L'ile aux prisonniers

Message par fredchl »

Allez, on y retourne !... ;)

Partie 3 :

L’eau glaciale lui gifla la tête, une large flaque s’étalant sur le marbre chiné, sous lui.
Brice reprit péniblement ses esprits pendant que des talons claquaient en s’éloignant.
Peinant à faire la mise au point de sa vue brouillée, il vit la grande blonde aux longs cheveux ondulés lui tournant le dos, reposant la carafe en cristal sur une desserte, à l’écart.
Une somptueuse paire de jambes gainées de bas chair se perdait sous le voile d’une ample robe de mousseline blanche cintrée sur la taille.
Elle revint en dansant sur ses escarpins pour s’asseoir sur un large fauteuil de bois noir ouvragé et capitonné de velours sanguin, croisant les jambes en repoussant sa longue crinière de cheveux dans un cliquetis de bracelets s’entrechoquant à ses poignets.
Le garçon évita de soutenir le regard glacial s’intensifiant parce qu’elle se rendait compte qu’il contemplait le visage long au nez fin et aux yeux mordorés comme ceux de Helke, s’absorba à fixer le marbre humide devant lui pendant qu’ils étaient tirés par les geôlières pour les faire s’agenouiller.
La maitresse des lieux reprit une conversation interrompue par son réveil brutal, à l’attention des deux femmes :
- Comment ont-ils échappé à votre vigilance ?...
- Un vol d’ Oies de Ross est passé au-dessus de nos têtes...
- Et alors ?...
- L’un d’eux à profité de notre inattention pour plonger.
Helke désigna le fautif du doigt.
Eva Von Foelm scella son destin d’un geste dédaigneux de la main en détournant le visage :
- Vous connaissez nos règles... Débarrassez-moi de ça...
Amaury n’eut pas le temps de comprendre, aussitôt entrainé par Naïg et la brune qui quittèrent la pièce.
La blonde daigna se lever de son fauteuil pour s’avancer lentement devant Brice :
- Et celui-çi ?...
- Il fait partie du nouvel arrivage...
- Ah ?... Il s’est enfui, lui aussi ?...
- Non. Ce jeune homme souhaitait te rencontrer...
Eva le fixa, incrédule.
- Tiens donc ?... En voila une idée...
Le garçon profita de l’instant pour river son regard acier dans celui de sa geôlière, gronda d’une voix enflée :
- Oui ! Je suis indigné de la façon dont nous sommes traités !
La princesse sembla traversée par une décharge électrique, le toisant, interdite. D’un geste autoritaire, la blonde suspendit le coup de badine qui aurait du sanctionner l’accès de fureur.
S’enleva d’un geste souple de son trône, s’approchant.
Un sourire moqueur s’afficha sur son visage :
- Monsieur souhaiterait des égards, peut-être ?...
- J’exige que nous soyons traités avec le respect qui nous est du, nous ne sommes pas du bétail !...
Sa réflexion les fit rire.
Eva Von Foem fixa sa cousine :
- Tu vas devoir lui céder ta maison, je le crains...
Elle fit demi-tour dans un froufroutement de voiles pour retourner s’asseoir majestueusement sur son fauteuil tandis que Helke s’abaissait au niveau de Brice :
- Tu seras sévèrement puni pour cet affront !...
La maitresse de maison considéra négligemment ses ongles vernis de rouge vif pour jeter d’un ton sec :
- Une baignade dans le puits s’impose, que cela lui rafraichisses les idées !
Elle fixa le garçon d’un regard hautain :
- Tu n’est pas au Georges V, que je sache !...
Sa main répéta son geste dédaigneux pour leur signifier la fin de l’entretien.
Mirl, l’autre gardienne aux yeux bleus fit son apparition.
Brice fut poussé devant elles, devant traverser plusieurs couloirs décorés de tapisseries ou étaient suspendus de nombreux tableaux et dévaler deux escaliers au pas de charge pour traverser un immense garage, le garçon notant la présence des deux voitures garées côte à côte.
C’était un détail intéressant, une idée germant dans son esprit, se promettant d’y réfléchir.
Il fut encore poussé dans un escalier de pierres brutes inégales, éclairé par de faibles ampoule jaunâtre, avant de traverser un boyau poussiéreux.
- Rentre ici ! Ordonna Helke en ouvrant une grille couinant sur ses gonds.
Malgré l’obscurité, il perçut la gueule sombre d’un puits creusé dans le sol dont Mirl souleva les planches le condamnant, avant d’aller choisir des liens pendus à des crochets du mur.
Brice fut tiré à l’écart, d’un mouvement, la badine d’Helke désigna ses vêtements :
- Déshabille-toi !
Elle regarda le garçon s’exécuter lentement, puis Mirl lui désigna le sol :
- Pose ton cul à terre, jambes allongées !
Elle se posta accroupie derrière lui, lui ramena les poignets en arrière, demandant à l’autre blonde d’un ton détaché :
- On le laisse combien de temps ?...
- Trente minutes... Il ne tiendrait pas une heure et j’ai encore besoin de lui...
- Il fera partie du lot de ce soir ?...
- Je ne sais pas... Ils viennent d’arriver...
- Dommage... Comme le grand est hors-jeu...
Brice se demandait de quoi elles parlaient.
Leur poser la question ne serait certainement pas apprécié alors il préféra se taire tandis que ses poignets se retrouvaient liés par l’enroulement lent du chanvre glissant sur sa peau nue.
- Je lui attache les chevilles aussi ?...
- Tu veux qu’il se noie ?... Je te rappelle que le puits est profond...
Mirl eut un rire bref et se pencha sur Brice :
- J’espère que tu sais nager mon mignon !...
Elle vérifia la solidité des liens, lui claqua l’omoplate d’une main puissante :
- Debout !...
A peine fut-il sur ses pieds qu’une bourrade d’Helke le fit trébucher, une seconde, le faisant déraper sur la brique glissante précéda le « plouf » sonore, saisi par la température glaciale de l’eau.
La grande blonde se planta au ras du trou, consulta l’heure à sa montre tandis qu’il peinait à se maintenir à la surface, avalant des gorgées d’eau :
- Seize heures... Je reviendrai te sortir plus tard...
Elle le fixa avant que Mirl ne referme les planches, murmurant d’un ton suave :
- Si ton cadavre ne flotte pas à la surface, évidemment...
Les deux femmes le laissèrent dans le noir complet, riant tandis que leur pas s’éloignait.
Brice se concentra pour ne pas couler. Se maintenir à la surface avec les poignets retournés dans le dos était une terrible épreuve.
Il dut tourner dans le trou parce qu’il sentit brusquement une barre de fer dépassant lui piquer la hanche.
Le garçon se dévia, réussit à s’appuyer dessus de ses deux paumes pour maintenir son menton à la surface.
Le plus difficile allait être de tenir...
L’attente lui parut durer une éternité, beaucoup plus que les trente minutes décidées par sa geôlière, alternant le maintien sur la barre et quelques mouvements dans l’eau lorsqu’il se sentait gagné par les tremblements annonçant l’hypothermie.
Les oreilles bouchées par le contact de l’onde glaciale, il ne put entendre le claquement libérateur des talons.
La lumière éclairant brusquement le trou le soulagea, agrippé par les cheveux d’une main ferme pour l’obliger à regarder la grande blonde :
- Alors l’insolent ?... Oseras-tu encore l’ouvrir sans que je ne t’y autorise ?...
- Non...
- Je te laisse mariner encore dix minutes ?...
- Pitié... J’ai compris la leçon...
Un sourire fugace passa sur le visage de la gardienne :
- Je l’entendais de cette manière...
Brice fut soulagé de se sentir tiré hors de l’eau, ne pouvant s’empêcher de trembler, claquant des dents, faisant rire Mirl qui se tenait près de la porte, sarcastique :
- L’eau était à la bonne température, il me semble !...
Elle ramassa une couverture à ses pieds pour la jeter sur les épaules du garçon.
- Frictionne-le ! Commanda Helke.
- Quoi ?... Je ne vais pas m’abaisser à...
- Réchauffe-le ! A moins que tu préfère qu’il soit malade pour la partie de ce soir ?...
Mirl foudroya sa complice du regard, avant de s’exécuter.
Brice fut attiré contre son corps chaud, les paumes s’activant rudement à travers le tissu, grognant à l’attention de Helke :
- Faudrait savoir ! Tout à l’heure, tu me disais que...
- J’ai changé d’avis !...
L’attention sembla satisfaire Mirl qui approuva d’un léger hochement de tête.
Frissonnant, Brice fut poussé pour ressortir de la cave par une porte dérobée débouchant sur l’arrière de la propriété.
- Tu veux que j’appelle Naïg, je dois superviser les soins aux chevaux... Et avec un prisonnier de moins...
- Non... Il se tiendra tranquille... Je vais l’enfermer à double-tour et le préparer pour ce soir...
Mirl huma l’air dédaigneusement, jeta en tournant les talons :
- Oui, il pue la vase à cent mètres !...
Le garçon encaissa un léger coup de badine sur les fesses :
- Allez ! Il est temps de faire un brin de toilette, l’insolent !...

A suivre...

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fredchl
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Re: L'ile aux prisonniers

Message par fredchl »

La partie 4 :

La blonde l’avait poussé d’une main ferme en direction de la maison située derrière le baraquement de rondins.
A l’intérieur, la porte s’ouvrait sur une immense pièce à vivre meublée d’un design moderne, une longue table entourée du même type de chaises, placée sur la gauche, à l’opposé de la partie salon composé d’une large banquette ovale assortie à la table lui faisant face, posée sur une épaisse fourrure blanche ou Helke le dirigea d’une main sur l’épaule :
- A genoux, je vais te délier les mains...
Le garçon obéit, détaillant discrètement la décoration, l’escalier en pin verni s’élançant vers l’étage, face à lui.
Sa geôlière prit le temps d’équilibrer deux buches dans la cheminée de pierre dont la douce chaleur vint lui caresser le flanc gauche.
Elle le contourna tranquillement.
Les liens devinrent lâches, dénoués lentement.
Brice pensa qu’elle le laisserait libre mais elle lui écarta les pieds d’une main ferme :
- N’espère pas que je vais te permettre de te promener, tu est ici pour servir notre bon plaisir...
Il sentit la cordelette se refermer sur chacun de ses mollets, croisé d’une jambe à l’autre, l’obligeant à marcher par petits pas lorsqu’elle l’aida à se remettre debout avant de le prendre par la main pour l’emmener dans une pièce contigüe et le poussa sous la poire d’une douche après l’avoir débarrassé de la couverture rapeuse :
- Lave-toi et frotte bien... Je... Enfin Mirl... Déteste les mecs qui sentent les mauvaises odeurs...
Brice avait enregistré son hésitation.
S’exécuta en prenant son temps, prenant soin de se laver consciencieusement en appréciant l’odeur du savon et le massage de l’eau bien chaude.
Ensuite, Helke le regarda se sécher, restée adossée à la porte.
Elle le raccompagna dans le séjour, désigna la table basse d’un geste :
- Agenouille-toi devant... Si je devinais en revenant que tu t’est permis de bouger, tu rejoindras immédiatement ta cellule...
Les talons claquèrent sur le grès sombre du dallage, puis sur le bois de l’escalier, résonnant sur le plancher tandis qu’elle se déplaçait à l’étage.
Brice mit à profit ce laps de temps pour remuer ses muscles endoloris, se demandant, à la fois, comment elle pourrait savoir s’il quittait sa place, et ce qui allait se dérouler durant la soirée, quelque peu inquiet.
Valait mieux ne pas lui poser la question...
Il perçut le bruit des pas faisant vibrer les marches pendant la descente.
Brice devina qu’elle chaussait une paire d’escarpins, avant de revenir derrière lui, silencieuse, durant une longue période, émit le fruit de ses pensées.
- Ca va... Tu n’as pas bougé...
Il suivit la couture des bas noirs assortis à sa longue robe vaporeuse en voile lui laissant les bras nus ou montaient de longs gants en lycra, tandis qu’elle allait ouvrir le tiroir d’un guéridon pour y pêcher une cigarette qu’elle retourna allumer d’une braise brûlante du feu dans l’âtre ou elle s’adossa.
La porte s’ouvrit dans le dos du garçon.
Deux filles vêtues de l’uniforme réglementaire des servantes entrèrent, poussées par Naïg.
Elle portaient des plats fermés par une cloche en argent rutilante.
- Déposez-les dans la cuisine ! Ordonna Helke.
Brice reconnut l’une des touristes françaises, Eulalie.
Il ignorait le prénom de la seconde parce que les gardiennes évitaient les contact entre garçons et filles.
La brune indiqua la direction d’un geste, vint se planter entre le garçon et la dirigeante :
- Tu me réserve quel prisonnier, ce soir ?...
Une moue légèrement ironique s’afficha sur le visage de la blonde :
- Prisonnier ?!!... Quel prisonnier ?...
- Un pour moi, quelle idée !...
Helke tira une bouffée de sa cigarette, envoya un jet de fumée au plafond.
- Non.
- Je peux savoir pour quelle raison ?...
- Tu resteras en surveillance au cabanon...
- Pourquoi je resterais alors qu’ils seront enfermés dans leurs cellule !...
La blonde se pencha sur la métisse, la dépassant d’une tête, sa voix rauque claqua d’un ton sec :
- Qui s’est permise de tracer ses initiales au couteau sur la fesse du prisonnier ?...
- Mais c’était un jeu ! J’étais ivre !...
- Raison de plus ! Tu te passeras de jeu jusque nouvel ordre...
- C’est dégueulasse !...
La blonde eut un geste en direction de la porte :
- Tu peux disposer ! Tu diras à Abra d’accompagner les deux désignés après le souper.
- Ouais ! Ouais !... Grogna l’intéressée en se détournant.
Les deux prisonnières sortirent, poussées durement par la métisse avant que la porte ne claque en vibrant dans son dos.
Helke jeta son mégot dans l’âtre.
- Je vais te donner ton souper et je t’accorderai un temps de repos... Ta nuit sera longue...
Elle l’aida encore à se dresser sur ses pieds, alla chercher un chemisier ample qu’elle lui fit enfiler.
La jeune femme lui ordonna de s’installer à table, dans la cuisine américaine située dans un renfoncement derrière la salle à manger.
Brice dévora le poisson servi avec des patates rissolées et une grande tranche de mangue en dessert.
Helke avait servi deux verres de vin, lui tournant le dos un instant, posant l’un des verres à pied en cristal au ras de son assiette.
Le garçon l’avait remerciée, surpris par son geste.
Comprit la perfidie de la blonde en ressentant l’immense fatigue s’abattre sur ses épaules, à peine fini de manger, tandis qu’elle l’observait en dégustant de petites gorgées de vin.
Il aurait piqué du nez dans l’assiette si la jeune femme ne l’avait retenu d’une main ferme alors qu’il luttait contre le sommeil :
- Détends-toi... Ne résiste pas... Je ne tiens pas à devoir te surveiller pendant les deux prochaines heures...
Le garçon se sentit emporté par la blonde le trainant sur le grès froid, puis le contact duveteux du sofa, une chaude couverture venant l’envelopper avec le ton ironique de sa gardienne :
- Bonne sieste !...
Brice plongea dans un sommeil sans rêves.

A suivre...

Bonne lecture !... ;)

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elias_
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Re: L'ile aux prisonniers

Message par elias_ »

C'est bien écrit :shock: :shock: :shock: !!!

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fredchl
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Re: L'ile aux prisonniers

Message par fredchl »

elias_ a écrit :C'est bien écrit :shock: :shock: :shock: !!!
Tu parles de mon style d'écriture, ou le fait que j'aie posté la suite ?... :lol:

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moimoi2
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Re: L'ile aux prisonniers

Message par moimoi2 »

Une suite sympa à lire ! En attendant la suite :P (et oui c'est bien écrit)

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