L'ile aux prisonniers
Publié : 14 mars 2017, 18:03
Le synopsis :
Un français, Brice, condamné pour trafic de stupéfiants en Indonésie se retrouve vendu à une riche propriétaire comme travailleur sur une ile isolée : Foem Island...
Arrivera-t-il à se sortir de ce mauvais pas...
Partie 1
La salle était immense, au plafond haut, décorée de bois patiné vieilli, des statues gravées de place en place.
Les oreilles bourdonnantes, Brice ne percevait qu’un vaste brouhaha du public derrière lui.
Et la voix glapissante du petit homme noyé de transpiration qui hurlait à leur intention.
Ils était trois juges, trônant face à eux.
Le gueulard criant dans une langue inconnue.
Le second, à sa gauche, semblant sommeiller, ou perdu dans une profonde réflexion, tête basse.
Et le dernier, un grand à droite, griffonnant sur une feuille d’une main nerveuse.
Il tenta de demander la traduction à son avocat commis d’office, un petit homme replet au crane chauve et aux lunettes à double foyer qui lui posa une main rassurante sur l’épaule avec un sourire contrit, les yeux fuyants :
- Pas content... Pas content... Peine maximale...
Le garçon se vouta.
En Indonésie, le transport de drogue, quelque soit la quantité, était punie de la plus lourde peine.
La prison à vie... Ou l’exécution capitale...
Si Brice avait pu tenir le trafiquant local qui avait mis subrepticement à son insu les deux kilos de Marijuana dans son sac, il l’aurait étranglé de ses propres mains.
Une idée que semblaient partager les deux autres touristes, deux filles assises près de lui, à leur mines affligées, voutées comme lui.
Les menottes cisaillantes se refermèrent sur ses poignets, poussés durement vers une petite pièce attenante d’une chaleur étouffante, afin d’attendre le délibéré, pendant plus d’une heure.
Le garçon enregistra la sentence sans comprendre ce qui lui arrivait, le ciel lui tombant sur la tête :
La prison à perpétuité.
Il se prépara à retourner dans le fourgon crasseux qui les reconduirait vers la prison de Bali, mais deux gardes les poussèrent en direction d’un escalier poussiéreux, les obligeant à dévaler les marches rapidement pour traverser un boyau de terre éclairé par des ampoules jaunâtres.
Les trois prisonniers furent enfermés dans une geôle, parmi d’autres captifs de différentes nationalités.
S’aidant des mains et force gestes, l’une des touristes tenta de se faire expliquer ce qu’ils était sensés attendre ici.
Un petit indonésien noiraud tenta de leur faire comprendre dans un français approximatif :
- Travail... Travail... Vendus... Travail... Ile...
Les français comprirent avec le retour des gardiens qui firent sortir l’ensemble de la trentaine de captifs obligés de s’aligner le long du mur de pierre poussiéreux.
Le petit juge, celui-là même qui les avait condamnés, refit son apparition.
Des protestations fusèrent, muselées d’autorité par quelques coups de crosse, obligeant les prisonniers à se taire.
Brice, du bout de la file, aperçut les deux femmes qui accompagnaient le nabot.
Une grande blonde aux cheveux raides tirés en une queue de cheval intensifiant son air austère, comme sa comparse, une brune charpentée les toisant d’un air dédaigneux de son intense regard noir.
La blonde jouait avec une fine tige de bois torsadée, sorte de badine qu’elle faisait battre contre sa cuisse moulée dans un pantalon d’équitation immaculé, enfermé dans de hautes cuissardes de cuir fauve, un pull de laine noire moulant une poitrine libre et ferme.
Elle s’avancèrent devant le premier captif.
Une rapide inspection débuta :
Le juge donnait la nationalité du prisonnier, la brune tâtant les biceps de ses mains gantées de cuir brun, faisant ensuite ouvrir la bouche pour inspecter la dentition et faisait tourner le captif sur lui-même pour juger l’aspect général.
Un hochement de tête affirmatif indiquait si le contrôle donnait satisfaction, une mine dégoutée indiquant l’inverse.
La revue se déroula, se rapprochant peu à peu des trois français.
Brice s’aperçut qu’une épaisse liasse de tresses en chanvre fin s’enroulait, accroché au large ceinturon de cuir noir lui marquant la taille.
Comme les deux filles, Brice dut subir le contrôle, captant le regard intéressé de la blonde à l’annonce de sa nationalité, se tournant vers le juge :
- What’s the reason ?...
- Drugs...
Un sourire ironique et fugace passa sur le visage long, soigneusement maquillé, un trait de Rimmel rehaussant ses prunelles mordorées.
Elle refit un aller-et-retour à pas lents.
Sa badine désigna plusieurs captif, s’abattant sèchement sur le crâne :
- Her... Her... Him...
La blonde revint considérer les français :
- The two girls also...
Elle ajouta en français avec un léger accent, claquant l’épaule de Brice d’un coup de badine :
- Lui aussi...
Ricana en se tournant encore vers le juge :
- Pour les frenchies, vous me ferez un prix...
Le cauteleux petit homme s’inclina.
Les prisonniers ignorés par la badine fut renvoyés dans la cellule dans l’attente de leur transfert.
Les deux femmes s’occupèrent d’entraver leurs captifs, la brune tressant des menottes aux chevilles, reliées par un brin torsadé suffisamment long pour leur permettre de marcher à petits pas, insuffisant pour courir, décourageant ainsi toute tentative de fuite.
La blonde s’occupait d’effectuer la même opération au niveau des poignets, enroulant une longue liane de chanvre sur la longueur de l’avant-bras, joignant les poignets en arrière du dos.
Elle musela chacun des captifs d’un bandana taché et graisseux.
La brune se tint derrière eux tandis que la blonde s’éloignait accompagnée du juge.
Lorsqu’ils revinrent, le petit homme enfournait des liasses de dollars dans ses poches, la femme chargée d’une valise qu’elle remit à sa complice qui l’ouvrit, la maintenant devant la grande blonde.
Celle-ci échangea ses gants de peau pour une paire en latex transparent.
Brice se demanda se qu’elle fabriquait, comprit en la voyant se coller au dos du premier captif qui gémit, un bras refermé autour de sa taille pour l’accompagner au sol.
Un sédatif puissant. Ils ne devaient pas voir le transfert.
Un par un, il vit ses compagnons s’écrouler aux bottes de la grande blonde.
Un bras musculeux lui ceintura la taille, une douleur vive lui brulant le cou sous la fine aiguille enfoncée d’un geste.
Brice sentit ses jambes flageoler, se dérober lentement, le corps chaud l’accompagnant dans sa chute.
Puis ce fut le trou noir, perdant rapidement conscience.
Un bruit lancinant fit sortir Brice du sommeil.
Un grondement sourd paraissant sortir tout droit de ses entrailles.
Dans le jour naissant par un hublot situé juste au dessus de lui, il se rendit compte qu’il était allongé sur le plancher d’un petit avion qui plongea brusquement, les pneus miaulant sur le tarmac, secouant les passagers en rebondissant à l’atterrissage.
Ils furent transbahutés un par un, agrippés par les femmes et trainés pour se retrouver allongés de nouveau sur un plancher en bois d’une grande barge plate au moteur diesel crachant une épaisse fumée noire, les faisant tousser durant une longue traversée en pleine mer.
Elles les aidèrent à se relever pour descendre sur une plage de sable blanc.
Deux autres femmes montées à cheval les attendaient au bord de l’eau, armées de fusils mitrailleurs.
Elle mirent pied à terre pour les aider à s’extraire de l’eau glaciale.
Une autre grande blonde, typée norvégienne ou russe, aux magnifiques yeux bleus, secondée d’une complice à la peau matte qui toisa le garçon soutenant le magnifique regard noir du visage rond entouré par une lourde chevelure de la même teinte.
Un violent coup de crosse lui coupa le souffle, l'agenouillant à la limite de vomir, accompagnant le ton autoritaire :
- Tu ose lever les yeux sur moi ?...
Une gifle lui percuta la joue, l’envoyant tomber sur le flanc :
- Jamais tu ne dois nous fixer !... Cette insolence est sévèrement punie !...
Ils furent tirés sur le sable et alignés côte à côte.
Leurs deux convoyeuses se plantèrent face à eux, les fixant :
- Bienvenue sur l’ile, prisonniers !
La blonde fit un pas, plantant ses bottes face à l’une des captives.
Les deux cavalières étaient remontées à cheval, les entourant de part et d’autre, retenant leurs montures qui piaffaient.
- Vous avez été acquis pour servir la souveraine de l’ile, la princesse Eva Von Foelm... Elle offre le privilège de vous accueillir afin de ne pas vous obliger à moisir dans une prison indonésienne... Montrez-vous digne de l’honneur qu’elle daigne vous accorder en vous recevant sur ses terres...
Brice nota que la blonde parlait avec un accent particulier.
Une allemande.
Le ricanement d’une des prisonnières, à l’annonce qu’une bourgeoise s’abaissait à leur filer du boulot, s’étouffa sous la quinte de toux provoquée par l’uppercut de la brune qui l’agenouilla sur la plage, la crosse d’une des cavalières l’assommant sous le regard horrifié des autres captifs.
A partir de ce moment, tous s’employèrent à écouter d’une oreille attentive les curieuses « lois » régissant l’ile.
Brice en retint l’essentiel : Qu’ils devenaient corvéables à merci tels de véritables serfs du moyen-age.
Que se rebeller de quelque manière, ou renauder à la tâche serait sanctionné à l’appréciation de leurs geôlières.
Fuir, il ne fallait pas y songer.
L’allemande les prévint : Une évasion se soldait par l’exécution du fuyard et signifiait de lourdes représailles pour les quelconques complices.
Brice songea non sans humour qu’ils étaient tombés sous la coupe d’étranges amazones qui avaient du encaisser une sérieuse insolation sur le casque.
Un douloureux coup de botte lui vrillant les reins lui signifia l’ordre du départ.
- Avance !...
Ils durent emboiter le pas à leurs geôlières, en file indienne, les deux cavalières fermant la marche.
L’ile qui paraissait petite d’un premier abord, révéla peu à peu son envergure.
Au loin sur la gauche, à près d’un kilomètre, s’étendait une immense demeure en granit, masquée derrière de grands pins et fermée d’une lourde grille en fer forgé.
Une grande partie de l’espace semblait avoir été défriché et déboisé au fil des années, un mur de pierre commençant à se dresser pour délimiter le pourtour de la propriété, tandis qu’aux alentours, d’immenses tas de rondins s’alignaient.
Le groupe arriva dans une grande clairière, au sommet de l’ile.
Une imposante batisse de rondins y trônait, plusieurs dépendances moins patinées par le temps semblant s’y être greffées.
Brice comprit que fuir d’ici n’allait pas être une partie de plaisir.
Ils furent poussés derechef dans l’immense pièce principale ou ronflait un gros poêle ventru, grondant à la manière d’un soufflet de forge sous l’effet du tirage.
Si la bicoque pouvait prendre feu... Songea le garçon.
Le groupe des six dut s’aligner encore face à la « boss » qui effectuait des allers et retours devant eux.
Tous s’absorbèrent dans la contemplation de leurs pieds nus, déjà mis à mal par la montée à travers les sentiers épineux.
- Nous allons vous remettre un paquetage contenant vos effets personnels, la tenue réglementaire des prisonniers, ainsi que vos couverts... Toute perte ou dégradation est sanctionnée...
Elle leur laissa le temps d’assimiler l’information, reprit d’une voix suave et doucereuse :
- Un... Petit-déjeuner va vous être servi... Vos gardiennes indiqueront vos... Espaces...
Le groupe fut poussé par une porte, se retrouvant dans un long et large couloir, l’une des femmes prenant la tête.
Dans l’espace cuisine, trois prisonniers s’activaient à faire reluire des gamelles, accélérant le rythme en voyant les geôlières entrer.
Tout l’ensemble du mobilier, tables et bancs était de fabrication maison en rondins.
Ils durent se regrouper à l’une des tables réparties en U.
L’aménagement permettait aux femmes de les surveiller aisément, installées à celle du centre.
Brice comprit l’ironie de la grande blonde en voyant le café clair versé dans sa gamelle.
Plutôt du genre jus de chaussette délayé à l’eau de vaisselle.
Il loucha discrètement sur la table du côté ou elles se faisaient servir une montagne de petites brioches et de croissants frais à tremper dans un chocolat terriblement odorant.
Des protestations vite étouffées s’élevèrent de la table.
- Silence !...
La métisse s’enleva du banc d’un geste souple, attrapant sa badine de cuir souple pour venir leur tourner autour à la manière d’une guêpe agaçante visant des morceaux de sucre.
La sentence tomba en même temps que sa badine sur les têtes et les épaules :
- Vous passerez une heure en suspension ! On verra si vous aurez toujours envie de l’ouvrir !...
Elle repartit en ricanant.
A suivre...
Un français, Brice, condamné pour trafic de stupéfiants en Indonésie se retrouve vendu à une riche propriétaire comme travailleur sur une ile isolée : Foem Island...
Arrivera-t-il à se sortir de ce mauvais pas...
Partie 1
La salle était immense, au plafond haut, décorée de bois patiné vieilli, des statues gravées de place en place.
Les oreilles bourdonnantes, Brice ne percevait qu’un vaste brouhaha du public derrière lui.
Et la voix glapissante du petit homme noyé de transpiration qui hurlait à leur intention.
Ils était trois juges, trônant face à eux.
Le gueulard criant dans une langue inconnue.
Le second, à sa gauche, semblant sommeiller, ou perdu dans une profonde réflexion, tête basse.
Et le dernier, un grand à droite, griffonnant sur une feuille d’une main nerveuse.
Il tenta de demander la traduction à son avocat commis d’office, un petit homme replet au crane chauve et aux lunettes à double foyer qui lui posa une main rassurante sur l’épaule avec un sourire contrit, les yeux fuyants :
- Pas content... Pas content... Peine maximale...
Le garçon se vouta.
En Indonésie, le transport de drogue, quelque soit la quantité, était punie de la plus lourde peine.
La prison à vie... Ou l’exécution capitale...
Si Brice avait pu tenir le trafiquant local qui avait mis subrepticement à son insu les deux kilos de Marijuana dans son sac, il l’aurait étranglé de ses propres mains.
Une idée que semblaient partager les deux autres touristes, deux filles assises près de lui, à leur mines affligées, voutées comme lui.
Les menottes cisaillantes se refermèrent sur ses poignets, poussés durement vers une petite pièce attenante d’une chaleur étouffante, afin d’attendre le délibéré, pendant plus d’une heure.
Le garçon enregistra la sentence sans comprendre ce qui lui arrivait, le ciel lui tombant sur la tête :
La prison à perpétuité.
Il se prépara à retourner dans le fourgon crasseux qui les reconduirait vers la prison de Bali, mais deux gardes les poussèrent en direction d’un escalier poussiéreux, les obligeant à dévaler les marches rapidement pour traverser un boyau de terre éclairé par des ampoules jaunâtres.
Les trois prisonniers furent enfermés dans une geôle, parmi d’autres captifs de différentes nationalités.
S’aidant des mains et force gestes, l’une des touristes tenta de se faire expliquer ce qu’ils était sensés attendre ici.
Un petit indonésien noiraud tenta de leur faire comprendre dans un français approximatif :
- Travail... Travail... Vendus... Travail... Ile...
Les français comprirent avec le retour des gardiens qui firent sortir l’ensemble de la trentaine de captifs obligés de s’aligner le long du mur de pierre poussiéreux.
Le petit juge, celui-là même qui les avait condamnés, refit son apparition.
Des protestations fusèrent, muselées d’autorité par quelques coups de crosse, obligeant les prisonniers à se taire.
Brice, du bout de la file, aperçut les deux femmes qui accompagnaient le nabot.
Une grande blonde aux cheveux raides tirés en une queue de cheval intensifiant son air austère, comme sa comparse, une brune charpentée les toisant d’un air dédaigneux de son intense regard noir.
La blonde jouait avec une fine tige de bois torsadée, sorte de badine qu’elle faisait battre contre sa cuisse moulée dans un pantalon d’équitation immaculé, enfermé dans de hautes cuissardes de cuir fauve, un pull de laine noire moulant une poitrine libre et ferme.
Elle s’avancèrent devant le premier captif.
Une rapide inspection débuta :
Le juge donnait la nationalité du prisonnier, la brune tâtant les biceps de ses mains gantées de cuir brun, faisant ensuite ouvrir la bouche pour inspecter la dentition et faisait tourner le captif sur lui-même pour juger l’aspect général.
Un hochement de tête affirmatif indiquait si le contrôle donnait satisfaction, une mine dégoutée indiquant l’inverse.
La revue se déroula, se rapprochant peu à peu des trois français.
Brice s’aperçut qu’une épaisse liasse de tresses en chanvre fin s’enroulait, accroché au large ceinturon de cuir noir lui marquant la taille.
Comme les deux filles, Brice dut subir le contrôle, captant le regard intéressé de la blonde à l’annonce de sa nationalité, se tournant vers le juge :
- What’s the reason ?...
- Drugs...
Un sourire ironique et fugace passa sur le visage long, soigneusement maquillé, un trait de Rimmel rehaussant ses prunelles mordorées.
Elle refit un aller-et-retour à pas lents.
Sa badine désigna plusieurs captif, s’abattant sèchement sur le crâne :
- Her... Her... Him...
La blonde revint considérer les français :
- The two girls also...
Elle ajouta en français avec un léger accent, claquant l’épaule de Brice d’un coup de badine :
- Lui aussi...
Ricana en se tournant encore vers le juge :
- Pour les frenchies, vous me ferez un prix...
Le cauteleux petit homme s’inclina.
Les prisonniers ignorés par la badine fut renvoyés dans la cellule dans l’attente de leur transfert.
Les deux femmes s’occupèrent d’entraver leurs captifs, la brune tressant des menottes aux chevilles, reliées par un brin torsadé suffisamment long pour leur permettre de marcher à petits pas, insuffisant pour courir, décourageant ainsi toute tentative de fuite.
La blonde s’occupait d’effectuer la même opération au niveau des poignets, enroulant une longue liane de chanvre sur la longueur de l’avant-bras, joignant les poignets en arrière du dos.
Elle musela chacun des captifs d’un bandana taché et graisseux.
La brune se tint derrière eux tandis que la blonde s’éloignait accompagnée du juge.
Lorsqu’ils revinrent, le petit homme enfournait des liasses de dollars dans ses poches, la femme chargée d’une valise qu’elle remit à sa complice qui l’ouvrit, la maintenant devant la grande blonde.
Celle-ci échangea ses gants de peau pour une paire en latex transparent.
Brice se demanda se qu’elle fabriquait, comprit en la voyant se coller au dos du premier captif qui gémit, un bras refermé autour de sa taille pour l’accompagner au sol.
Un sédatif puissant. Ils ne devaient pas voir le transfert.
Un par un, il vit ses compagnons s’écrouler aux bottes de la grande blonde.
Un bras musculeux lui ceintura la taille, une douleur vive lui brulant le cou sous la fine aiguille enfoncée d’un geste.
Brice sentit ses jambes flageoler, se dérober lentement, le corps chaud l’accompagnant dans sa chute.
Puis ce fut le trou noir, perdant rapidement conscience.
Un bruit lancinant fit sortir Brice du sommeil.
Un grondement sourd paraissant sortir tout droit de ses entrailles.
Dans le jour naissant par un hublot situé juste au dessus de lui, il se rendit compte qu’il était allongé sur le plancher d’un petit avion qui plongea brusquement, les pneus miaulant sur le tarmac, secouant les passagers en rebondissant à l’atterrissage.
Ils furent transbahutés un par un, agrippés par les femmes et trainés pour se retrouver allongés de nouveau sur un plancher en bois d’une grande barge plate au moteur diesel crachant une épaisse fumée noire, les faisant tousser durant une longue traversée en pleine mer.
Elles les aidèrent à se relever pour descendre sur une plage de sable blanc.
Deux autres femmes montées à cheval les attendaient au bord de l’eau, armées de fusils mitrailleurs.
Elle mirent pied à terre pour les aider à s’extraire de l’eau glaciale.
Une autre grande blonde, typée norvégienne ou russe, aux magnifiques yeux bleus, secondée d’une complice à la peau matte qui toisa le garçon soutenant le magnifique regard noir du visage rond entouré par une lourde chevelure de la même teinte.
Un violent coup de crosse lui coupa le souffle, l'agenouillant à la limite de vomir, accompagnant le ton autoritaire :
- Tu ose lever les yeux sur moi ?...
Une gifle lui percuta la joue, l’envoyant tomber sur le flanc :
- Jamais tu ne dois nous fixer !... Cette insolence est sévèrement punie !...
Ils furent tirés sur le sable et alignés côte à côte.
Leurs deux convoyeuses se plantèrent face à eux, les fixant :
- Bienvenue sur l’ile, prisonniers !
La blonde fit un pas, plantant ses bottes face à l’une des captives.
Les deux cavalières étaient remontées à cheval, les entourant de part et d’autre, retenant leurs montures qui piaffaient.
- Vous avez été acquis pour servir la souveraine de l’ile, la princesse Eva Von Foelm... Elle offre le privilège de vous accueillir afin de ne pas vous obliger à moisir dans une prison indonésienne... Montrez-vous digne de l’honneur qu’elle daigne vous accorder en vous recevant sur ses terres...
Brice nota que la blonde parlait avec un accent particulier.
Une allemande.
Le ricanement d’une des prisonnières, à l’annonce qu’une bourgeoise s’abaissait à leur filer du boulot, s’étouffa sous la quinte de toux provoquée par l’uppercut de la brune qui l’agenouilla sur la plage, la crosse d’une des cavalières l’assommant sous le regard horrifié des autres captifs.
A partir de ce moment, tous s’employèrent à écouter d’une oreille attentive les curieuses « lois » régissant l’ile.
Brice en retint l’essentiel : Qu’ils devenaient corvéables à merci tels de véritables serfs du moyen-age.
Que se rebeller de quelque manière, ou renauder à la tâche serait sanctionné à l’appréciation de leurs geôlières.
Fuir, il ne fallait pas y songer.
L’allemande les prévint : Une évasion se soldait par l’exécution du fuyard et signifiait de lourdes représailles pour les quelconques complices.
Brice songea non sans humour qu’ils étaient tombés sous la coupe d’étranges amazones qui avaient du encaisser une sérieuse insolation sur le casque.
Un douloureux coup de botte lui vrillant les reins lui signifia l’ordre du départ.
- Avance !...
Ils durent emboiter le pas à leurs geôlières, en file indienne, les deux cavalières fermant la marche.
L’ile qui paraissait petite d’un premier abord, révéla peu à peu son envergure.
Au loin sur la gauche, à près d’un kilomètre, s’étendait une immense demeure en granit, masquée derrière de grands pins et fermée d’une lourde grille en fer forgé.
Une grande partie de l’espace semblait avoir été défriché et déboisé au fil des années, un mur de pierre commençant à se dresser pour délimiter le pourtour de la propriété, tandis qu’aux alentours, d’immenses tas de rondins s’alignaient.
Le groupe arriva dans une grande clairière, au sommet de l’ile.
Une imposante batisse de rondins y trônait, plusieurs dépendances moins patinées par le temps semblant s’y être greffées.
Brice comprit que fuir d’ici n’allait pas être une partie de plaisir.
Ils furent poussés derechef dans l’immense pièce principale ou ronflait un gros poêle ventru, grondant à la manière d’un soufflet de forge sous l’effet du tirage.
Si la bicoque pouvait prendre feu... Songea le garçon.
Le groupe des six dut s’aligner encore face à la « boss » qui effectuait des allers et retours devant eux.
Tous s’absorbèrent dans la contemplation de leurs pieds nus, déjà mis à mal par la montée à travers les sentiers épineux.
- Nous allons vous remettre un paquetage contenant vos effets personnels, la tenue réglementaire des prisonniers, ainsi que vos couverts... Toute perte ou dégradation est sanctionnée...
Elle leur laissa le temps d’assimiler l’information, reprit d’une voix suave et doucereuse :
- Un... Petit-déjeuner va vous être servi... Vos gardiennes indiqueront vos... Espaces...
Le groupe fut poussé par une porte, se retrouvant dans un long et large couloir, l’une des femmes prenant la tête.
Dans l’espace cuisine, trois prisonniers s’activaient à faire reluire des gamelles, accélérant le rythme en voyant les geôlières entrer.
Tout l’ensemble du mobilier, tables et bancs était de fabrication maison en rondins.
Ils durent se regrouper à l’une des tables réparties en U.
L’aménagement permettait aux femmes de les surveiller aisément, installées à celle du centre.
Brice comprit l’ironie de la grande blonde en voyant le café clair versé dans sa gamelle.
Plutôt du genre jus de chaussette délayé à l’eau de vaisselle.
Il loucha discrètement sur la table du côté ou elles se faisaient servir une montagne de petites brioches et de croissants frais à tremper dans un chocolat terriblement odorant.
Des protestations vite étouffées s’élevèrent de la table.
- Silence !...
La métisse s’enleva du banc d’un geste souple, attrapant sa badine de cuir souple pour venir leur tourner autour à la manière d’une guêpe agaçante visant des morceaux de sucre.
La sentence tomba en même temps que sa badine sur les têtes et les épaules :
- Vous passerez une heure en suspension ! On verra si vous aurez toujours envie de l’ouvrir !...
Elle repartit en ricanant.
A suivre...