Au nom de la loi

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Utten
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Re: Au nom de la loi

Message par Utten »

(suite)


Je suis arrivé au centre d'aide en fin d'après-midi. L'adresse était la bonne: un petit local juste à côté de la banque et qui ne ressemblait à rien. J'étais souvent passé par là sans le remarquer et pour cause: pas de pancarte en façade, une porte toute simple avec juste des horaires affichés, extrêmement discret je dirais. C'était assez intrigant en fait.

Passée la porte, c'était une grande pièce carrelée, assez froide et vide. Un large bureau au fond et une petite porte sur le côté.

Je me suis avancé en me demandant si j'étais au bon endroit. Je m'imaginais déjà devoir expliquer mon affaire et demander mon chemin, ça aurait été vraiment gênant, mais tout s'est un peu éclairci. Oui, en fait, caché dans l'angle j'ai découvert un autre homme, de loin je lui aurait donné 25 ans tout au plus, en approchant, vu sa fine moustache peut-être 30 ans. La fille qui tenait l'accueil, une femme plutôt âgée, habillée à l'ancienne, tailleur droit très sombre, veste sombre et chemise blanche, se tenait derrière lui et terminait de serrer un collier en plastique autour de ses poignets, les mains devant lui. Il y avait aussi un gars immense dans une tunique d'infirmier, Terminator version africaine qui attendait l'air très sérieux. Honnêtement, j'ai failli faire demi-tour, j'ai dû me contrôler. Le temps d'arriver jusqu'au bureau, la femme venait de le bâillonner avec un foulard entre les lèvres et le nouait derrière sa tête, ce qui lui déformait la bouche avec un sourire artificiel. Elle avait serré, serré... Il baissait les yeux. Je n'ai pas croisé son regard: le grand mastodonte l'a emmené par la petite porte en le tenant par le bras.

J'ai continué de m'approcher. C'est elle qui a parlé la première, assise derrière son bureau.

- Bonjour Monsieur.

- Bonjour Madame...

- Que puis-je pour vous?

Elle me regardait bizarrement derrière ses petites lunettes aux bouts pointus. Je me suis quand même lancé:

- Hé bien, c'est... heu, un peu délicat. C'est la première fois que je viens ici et que...

- Vous avez été convoqué?

- Non, non, madame. Il se trouve qu'il y a eu des contrôles effectués par la Police Sanitaire la semaine dernière dans mon quartier, dans mon immeuble même à ce qu'on m'a dit. Ce sont des voisins qui m'en ont parlé, à vrai dire je n'ai rien vu ni entendu et personne n'est passé chez moi. Oh, d'ailleurs, je n'ai aucune inquiétude: ma femme et moi nous respectons la loi scrupuleusement.

- C'est tout à votre honneur, monsieur. Rien que sur l'année écoulée, on compte une diminution des violences courantes d'au moins 14%, ce qui semble prouver l'efficacité des lois qui ont été votées.

- Oui, bien sûr, je comprends. Mais voilà, ma femme a dû partir à l'étranger il y a deux jours pour son travail. Le déplacement est un peu précipité et elle vient de m'annoncer qu'elle serait absente au moins deux semaines. Comme je vous le disais, nous suivons à la lettre les règles qui ont été instituées sauf qu'avec ce départ qui n'était pas planifié, j'ai peur de me retrouver en infraction. Oh, de quelques jours seulement. On m'a donc suggéré de passer vous voir, pour régulariser.

- Et vous avez très bien fait, monsieur. Nous sommes là pour ça.

- Parfait, parfait. A combien se montent vos... honoraires?

- C'est gratuit, monsieur. Nous sommes un service public. Seul le bien commun et l'application de la loi nous intéressent.

Il y avait sur son bureau une sorte de micro. Elle s'est penchée en avant et s'est mise à appeler:

- Joseph! Joseph, à l'accueil s'il vous plaît.

Joseph, mince. Avec ma chance, c'était le grand malabar que j'avais vu tout à l'heure. Un frisson m'a traversé tout le corps. Heureusement, c'est une voix autrement plus féminine qui a répondu:

- Joseph a terminé sa journée, madame. Est-ce que je peux vous aider?

- Ah, Noémie. Oui, s'il vous plaît. Un hôte à prendre en charge à l'accueil.

- J'arrive, madame.

Je n'étais pas très à l'aise, j'osais à peine regarder cette Cerbère qui était là derrière son bureau. Fort heureusement, l'attente fut courte, à peine une minute.

Noémie se présenta par la petite porte sur le côté. Une jeune femme, la trentaine. Elle aussi avait des lunettes, petites et rondes celles-là, habillée d'une tunique entre rouge et bordeaux, pareille à ce que portent le personnel des hôpitaux, les cheveux tirant sur le brun, avec une petite cuche. Je devinais comme un t-shirt noir dessous.

- Ah! Vous avez fait vite, merci. Tout se passe bien?

- Oui madame, aucun problème.
-
- Veuillez prendre en charge monsieur. Je vous ai sorti une fiche.

Effectivement, elle venait de poser une carte au coin du bureau, de loin une sorte de fiche cartonnée. Et aussi d'ouvrir un tiroir de son bureau pendant que Noémie fouillait dans sa poche. Elle en sortit un collier en plastique blanc, auto-serrant, un truc de bricolage qu'on trouve en grande surface, enfin, un peu plus large que la normale et s'avança vers moi.

- Vos mains, s'il vous plaît.

Elle me saisit alors les poignets et tout comme cet homme que j'avais aperçu les attacha devant moi en resserrant le collier dessus. Ca pinçait un peu la peau, rien de méchant mais ça serrait bien. Ce qui a détourné mon attention un instant. Lorsque j'ai relevé la tête, l'autre, la femme de l'accueil était en train d'appliquer un morceau d'adhésif blanc sur ma bouche. Avec le recul, c'est peut-être ce qu'elle avait pris dans son tiroir, je n'avais pas vraiment fait attention. Par réflexe, je levai les mains vers ma bouche mais elle m'arrêta:

- Laissez monsieur. La règle veut que l'on ne laisse pas nos hôtes circuler sans être bâillonnés et attachés un minimum, vous comprenez j'espère?

Je hochai la tête.

- MMmmm

Sans un mot, elle se tourna alors vers Noémie. D'un simple haussement de sourcil l'affaire était entendue, mon bras agrippé et l'on m'emmena par la porte sur le côté.

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moimoi2
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Re: Au nom de la loi

Message par moimoi2 »

Suite qui fait office de transition j'ai l'impression. On est dedans du début jusqu'à la fin, c'est nickel !

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Utten
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Re: Au nom de la loi

Message par Utten »

Elle ne lâchait pas mon bras. Je faisais de mon mieux pour suivre mais elle marchait vite. Nous avons suivi un long couloir éclairé par des néons si forts que j'en avais presque mal aux yeux, passé deux portes battantes puis un nouveau couloir au milieu duquel nous avons croisé une autre femme, un tout petit peu plus âgée qu'elle je crois, même tenue, très blonde au cheveux courts qui nous adressa un grand sourire. Mon bâillon m'en empêchait mais par politesse j'étais tenté de lui adresser le même sourire en retour voire de lui dire bonjour. Jusqu'à ce que je réalise qu'elle s'en fichait de moi.

- Bonne soirée Laure!

- Merci. A toi aussi. Tu fais la nuit ou tu as bientôt terminé?

- Dans une heure si tout va bien. J'en ai un au chaud et il me reste lui...

Elle parlait de moi mais ni l'une ni l'autre ne m'accordaient la moindre attention.

- Bon, je ne te mets pas en retard alors. A demain!

Et nous avons donc continué. En fait, nous étions presque arrivés: à peine 5m plus loin, elle a ouvert une porte sur la gauche et m'a fait entrer dans sa pièce, une sorte de garage ou d'entrepôt en un peu plus chaud, de quoi ranger 3 ou 4 voitures, les murs peints en gris, plutôt austère à vrai dire, dépouillé c'est peut-être le mot.

Enfin elle m'a lâché le bras.

J'ai compté quatre poteaux alignés au milieu de la pièce. Il y avait aussi un petit bureau contre le mur et juste à côté de grandes étagères qui montaient jusqu'au plafond, remplies d'accessoires et d'outils et de l'autre côté, je ne l'avais pas vu tout de suite, il y avait un homme assis sur un lit en ferraille, un vieux machin qui date de l'armée quand le service militaire existait encore.

Mince! L'homme, un peu grassouillet, était presque nu assis juste au bord du lit. Devant lui par terre, il y avait des tapis de sol épais, genre tatami ou salle de gymnastique. Il était ligoté: les mains attachées dans le dos, les chevilles croisées et attachées avec de la corde grise assez épaisse. J'ai d'abord cru qu'il portait un vieux slip kangourou tout blanc mais non, en fait c'était une couche-culotte, modèle adulte. Oh, bon sang!

J'ai fait de mon mieux pour rester calme. Noémie elle continuait d'une manière tout à fait naturelle. Avec une pince, elle coupa le zip-tie qui me liait les poignets et le mit dans sa poche.

- Déshabillez-vous s'il vous plaît, enlevez tout, je termine avec monsieur et je m'occupe de vous.

Sur l'instant, je me suis dit que moi aussi elle allait me mettre une couche, comme à cet homme. Pas fier que j'étais. Lui, il attendait.

Elle s'est approchée de lui avec un très grand verre d'eau et a sorti un gros bâillon-boule de sa poche peut-être, je n'ai pas bien vu tout perturbé que j'étais, et l'a enfoncé dans sa bouche, grande ouverte la bouche. Il s'est laissé faire, elle l'a bien serré derrière sa tête. Qu'est-ce qu'il pouvait faire d'autre après tout?

Pendant ce temps, je me déshabillais lentement, chaussures, pantalons, etc... Puis elle l'a attrapé par les épaules et mis à genoux devant le lit. Il a accompagné le mouvement, docile, et s'est retrouvé à plat ventre sur l'un des tapis épais. Là, elle a plié une nouvelle corde en deux et l'a fait passer entre ses jambes puis entre ses bras, et elle a tiré tout doucement pour lui ramener les chevilles tout près de ses poignets. Le pauvre a laissé échapper quelques sons bizarres, "MMggmghhhh MMmmmm", au fur et à mesure qu'elle resserrait le hogtie.

Quant à moi, ça y est: j'étais nu comme un ver, les mains croisées devant moi pour tenter de cacher mes parties intimes. Je n'avais pas osé décoller le bâillon de ma bouche. Elle se releva et s'approcha. D'un coup sec, elle l'arracha, sans un mot, j'ai cru que mes lèvres étaient arrachées elles aussi, et consulta la fiche qu'on lui avait remise puis elle se mit à fouiller dans ses étagères.

- Enfilez ça, monsieur.

Quelque part j'étais soulagé: elle me tendait des bas noirs, un porte-jarretelles et une petite culotte de la même couleur. En d'autres circonstances, j'aurais pu trouver ça sexy, si ça n'avait pas été pour moi. J'ai dû batailler pour les enfiler: je me sens plus à l'aise pour les enlever à quelqu'un. Quel jeu de patience!

Pendant que je m'affairais, elle prit mes chaussures, je crois pour vérifier ma pointure, et me proposa une paire de chaussures vernies à talons plats, pas très haut heureusement, 3 ou 4 cm, mais c'était bien assez pour moi, avec une grosse boucle métallique sur le dessus. Puis un imperméable en plastique transparent, un vêtement épais, presque rigide, qui tombait jusqu'à mes genoux. Un frisson me parcourut lorsque je l'enfilai, il semblait glacé alors qu'il faisait relativement chaud dans cette pièce.

Noémie restait devant moi en m'observant pendant que je boutonnai les pressions pour le fermer, jusqu'au coup. Puis elle boucla la ceinture en plastique qui faisait le tour de ma taille et chaque petite sangle sur les manches, juste au niveau des poignets.

- Adossez-vous au poteau là-bas. J'arrive tout de suite.

Le poteau, oui, j'hésitai un peu, le plus proche je suppose. Mais lentement: je n'étais pas habitué à marcher avec ce genre de chaussures, pas du tout. J'imagine ma démarche de canard et je me sens encore misérable. J'y suis arrivé quand même, Noémie également, derrière moi, quelques cordes jetées sur l'épaule et une dans la main.

D'abord, elle m'a tiré les bras en arrière, les mains paume contre paume, et m'a attaché les poignets. Je ne pouvais pas voir mais j'ai bien senti la corde enroulée par dessus les manches de l'imperméable, toute la corde. Resserrée en passant entre les poignets. Puis elle a passé une autre corde sous mes bras, là, juste au-dessus des coudes, et elle a serré doucement pour les rapprocher l'un de l'autre avant d'enrouler tout ce qu'il en restait autour et de finir par un noeud solide. Finalement, ce poteau n'était pas si gros que je l'avais pensé en entrant, c'est ce que je me suis dit, et aussi que le plastique des manches c'était pas si mal: ça évitait que la corde ne morde la peau.

Ensuite elle s'est agenouillée devant moi, m'a rapproché les pieds, l'un tout contre l'autre et pris la dernière corde posée sur son épaule. Je crois qu'elle m'a attaché les chevilles de la même manière que les poignets: plusieurs tours bien réguliers formant une bande d'au moins dix centimètres, solides sans être trop serrés. A la différence près que pour terminer, elle a réussi à me coller les talons contre le poteau et à nouer la corde derrière.

- Ca va?

- Oui. Je ne...

- Je demande ça parce que souvent les hommes manquent d'équilibre contre ce genre de pilier. Les femmes, elles, sont habituées à marcher sur des talons hauts, ça aide.

- Ah! En eff...

Ce court moment de complicité s'arrêta net, l'index appuyé sur ma bouche.

- Non. Taisez-vous, vous n'êtes pas sensé me parler. Je vais vous bâillonner bientôt.

De fait, je me tus. Elle retourna vers son bureau où elle consulta la fiche cartonnée qui lui avait été remise à l'accueil. Je sais à présent que ce sont des instructions détaillées pour attacher les "hôtes" mais je me demande encore qui rédige ces fiches et sur quelles bases.

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Utten
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Re: Au nom de la loi

Message par Utten »

(suite de l'histoire)

A ce moment-là, l'homme par terre émit quelques sons bizarres et inattendus. Toujours en hogtie et bâillonné, il bougeait assez peu. J'avais remarqué qu'il levait parfois la tête, jetait un regard vers moi ou vers Noémie et reposait la tête à plat, un coup à droite, un coup à gauche, ou sur le menton. Il mâchouillait aussi régulièrement son bâillon-boule, en le repoussant un tout petit peu hors de sa bouche avant de le gober à nouveau, sans parvenir à couper le filet de bave qui en sortait. Je priais de mon côté pour ne pas avoir à porter une couche comme lui.

Noémie qui venait de prendre un rouleau de tape sur son étagère s'arrêta une seconde et attrapa un long morceau de tissu blanc. Elle se mit à genoux près de lui et lui essuya la bouche. Avec le tissu.

- Ca y est?

- GGghhghgh...

La première question était posée sur un ton poli. La suivante tenait plus de la réprimande, sèche, forte, directe:

- Je vous ai demandé si c'était bon! Alors?

- MMmmmmphphphffff!

Il hocha la tête.

- Parce que sinon je vous remets un verre d'eau supplémentaire!

Elle disait cela la main accrochée à sa couche, en le secouant. Il hocha à nouveau la tête, de gauche à droite cette fois, histoire de bien se faire comprendre.

- Je vérifierai, soyez-en sûr.

De retour, il secoua la tête, de haut en bas. L'affaire était entendue, je crois, bien entendue, pour lui comme pour Noémie. Celle-ci avait plié le morceau de tissu en une large bande. Elle était maintenant en train de l'appliquer sur ses yeux. Un noeud serré derrière la tête, un double même.

A mon tour, avec le tape gris. Elle commença par en dérouler un bon mètre devant moi qu'elle appliqua en travers de ma poitrine à hauteur des épaules avant de tourner tout autour de moi et du poteau, en tirant bien fort. Quatre tours, du solide. Puis quatre autres, cinq peut-être, je ne sais plus, à hauteur du bassin, emprisonnant mes poignets tout derrière. Il ne restait plus que mes genoux qui pouvaient encore bouger un peu mais ça avant qu'elle n'y passe quelques longueur de ruban adhésif. Et pour finir, mes chevilles, déjà attachées je sais.

Presque finir.

Je la vis retourner vers l'étagère et y prendre un bâillon-mors tout noir. Oh! mon... Puis de se raviser. Je n'avais jamais essayé ce genre de bâillon, pas aujourd'hui, non. Un coup d'oeil sur la fiche et elle changea pour un bâillon-boule tout simple: une boule blanche en caoutchouc probablement, une sangle un peu large. Ca me convenait mieux. Quoi que... MMMmggghhh! Le diamètre n'était pas si normal que ça pour moi ou alors elle prenait un malin plaisir à me malmener en me l'enfonçant dans la bouche. Et puisque j'avais pas su me taire suffisamment, à serrer la sangle derrière ma tête sans aucune délicatesse aucune.

Elle a tourné un peu autour de moi, l'air de vérifier que j'étais bien ligoté, puis elle est retournée vers son bureau. Un peu de rangement, quelques bricoles vidées dans la corbeille. Elle s'est assise, une chaise sur le côté, et a commencé à remplir de la paperasse. Je la voyais tourner les pages d'un formulaire, les retourner, gribouiller quelques lignes au crayon gris en relevant la tête de temps en temps vers moi, indifférente, mais je regardais la plupart du temps droit devant moi dans le vide ou vers l'autre attaché par terre. La mâchoire un peu engourdie, je me disais que moi aussi j'allais bientôt commencer à baver, ça ne faisait pas envie.

Il n'y avait pas de pendule dans cette pièce, on perdait facilement la notion du temps. Régulièrement Noémie regardait sa montre puis replongeait dans son formulaire. Au bon moment je suppose, elle s'est levée et s'est approchée de l'autre. D'abord le bandeau, ensuite le bâillon et les cordes une par une soigneusement, elle a tout défait.

- Debout.

Il a obéi sans broncher, il attendait face à Noémie qui lui a ôté la couche en défaisant des petits bouts autocollants et comme elle baissait la tête, j'ai compris qu'elle vérifiait s'il avait bien... enfin... si elle était propre.

- Bien. Vous allez vous rhabiller dans la salle de bain au fond. J'appelle quelqu'un pour vous ramener.

Elle montrait du doigt le côté opposé de la pièce. L'homme disparut tout là-bas alors qu'elle retournait vers la porte d'entrée en passant devant moi. Petit coup d'oeil discret, sûr qu'elle avait remarqué le filet de salive qui coulait sur mon menton.

- Service pour Noémie, service pour Noémie.

Elle avait appuyé sur le bouton de l'interphone et attendait.

- Service. J'écoute.

- Fin de séance. Une personne.

- Très bien. J'arrive.


Un grésillement dans l'interphone mit fin à la conversation. Ca sentait le matériel pas très récent, on aurait dit un talkie-walkie. Au même moment, l'homme grassouillet sortait de la salle de bain, habillé cette fois, et il donnait une toute autre impression: pantalon de costume, chemise bleue et cravate sombre. Le visage de Noémie se fit beaucoup plus accueillant, à l'opposé de ce qu'elle laissait paraître cinq minutes plus tôt, souriante.

- Quelqu'un va venir vous chercher d'ici peu. Je vous prépare?

Il ne répondit pas, se contenta de tendre les poignets devant lui. Noémie sortit de sa poche un nouveau collier de serrage en plastique et lui attacha les mains. Puis elle passa derrière lui et le bâillonna avec un foulard blanc, très probablement celui qui avait servi de bandeau tout à l'heure, passé dans sa bouche et noué si serré que ça lui dessinait un faux sourire sur le visage.

Lui se laissait faire mais tachait ne pas regarder vers moi, ce qui m'arrangeait bien d'ailleurs. Il attendait maintenant tranquillement, laissant ses mains reposer devant lui.

Noémie, elle, s'approcha enfin, le regard posé sur mon menton et sur la trace de salive qui continuait de couler malgré tous mes efforts; une trace s'était même formée à mes pieds. J'aurais été heureux qu'elle puisse m'essuyer un peu la bouche. Malheureusement, c'est à ce moment-là qu'on frappa à la porte.

Une homme entra, un type assez grand, plutôt costaud, en uniforme.

- Bonsoir Noémie.

Il s'avança un peu, l'air d'observer tout.

- Ah, lieutenant! Vous avez fait vite, je vous remercie. Le voici.

Un coup de tête sur sa gauche en direction de l'homme grassouillet puis il s'approcha, le regard fixé sur moi. Son air me terrifia littéralement, je me demandais bien ce qu'il me voulait, avec ses sourcils froncés.

- Un problème lieutenant?

- Je ne...

Il continuait de m'inspecter, ça ne me rassurait pas du tout, comme s'il voulait vérifier que j'étais bien attaché ou suffisamment.

- J'ai l'impression de connaître ce... Non, oubliez, je dois confondre.

Puis tout bas.

- Dites-moi Noémie, j'ai vérifié le planning, vous finissez d'ici peu mais... C'est pour la sous-directrice.

- Encore!

- Ecoutez, je ne sais pas, elle vise peut-être une promotion. En tout cas, elle insiste pour que ce soit vous qui la preniez en charge. Est-ce que vous êtes d'accord? Si je l'amène tout de suite, ça vous fait à peine déborder d'un quart d'heure: je ferme l'accueil et je demande à Christiane de passer la libérer.

Noémie acquiesça de la tête, genre: affaire conclue, et laissa le lieutenant s'éloigner, non sans m'avoir lancé un méchant regard, agrippant au passage l'autre hôte qui attendait sans rien dire et une petite corde qui traînait par terre.

- Je vous prends ça. Pour la sous-directrice.

Une fois partis, enfin elle s'approcha plus près de moi et daigna m'essuyer la bouche.

- MMMmmmmeeee-sssssssi.

- Chut! Ne dites rien. Je voulais surtout vous prévenir que ça risque de durer un petit peu plus que prévu.

Sans doute la surprise, je me mis à me débattre, oh juste une seconde, ça ne servait à rien, elle m'avait ligoté efficacement.

- MMmmmphphhhhh.

- Ne vous inquiétez pas, je le noterai dans mon rapport, ce sera pris en compte.

La belle affaire, son rapport...

Après quelques minutes, le lieutenant se présenta, accompagné d'une grande fille rousse, la sous-directrice a priori, cheveux mi-longs, jusqu'aux épaules, pantalon noir, pull vert foncé sous lequel on devinait un chemisier blanc, des chaussures à talon épais qui la remontaient d'une dizaine de centimètres. Ses mains étaient attachées dans le dos et elle était bâillonnée avec un large foulard noir trop serré. Il remit à Noémie une fiche.

- Appelez Christiane quand elle est prête. Je vous laisse. Au revoir.

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Utten
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Re: Au nom de la loi

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(fin)

Il y eut un moment de blanc, plus un bruit. Noémie parcourait la fiche tout en s'approchant la femme. Elle fit glisser le bâillon:

- Merci Noémie.


Puis elle entreprit de lui délier les poignets au lieu de quoi elle se mit à râler:

- Oh, non. Mais quel cochon! C'est fait n'importe comment.

- Allons, allons. L'important, c'est qu'ils restent attachés le temps d'arriver ici, non?

- Oui mais quand même, madame la sous-directrice... Veuillez vous déshabiller, s'il vous plaît, slip et soutien-gorge.

- Bien sûr.

La sous-directrice s'exécuta, ôtant son pull, son chemisier, son pantalon, bref tout, pendant que Noémie allait récupérer un rouleau d'adhésif transparent. Bientôt elle se retrouvait en slip blanc et en brassière, pas exactement ce à quoi on pouvait s'attendre, mais certainement quelque chose de confortable.

- Et pour continuer, ne vous arrêtez pas à des détails: il y a plus important. Et puis qu'est-ce qu'on dirait si nous les cadres nous étions traités différemment des autres? C'est une question de crédibilité.

- Bien sûr, madame, je comprends.

- D'ailleurs, je voulais vous remercier de bien vouloir me prendre comme ça à l'improviste.

- C'est normal, madame la sous-directrice.

- Non, non. J'insiste. Je tenais vraiment à ce que ce soit vous. D'autres ont tendance à prendre trop de précautions avec moi. Avec vous, je me sens comme n'importe qui, tenez, comme cet homme là.

Elle me montrait, moi.

- Bien attaché. Du beau travail.

Ignorant le compliment, Noémie continuait ce qu'elle devait faire. Avec un rouleau de duct tape. Elle s'était positionnée derrière elle et lui avait tiré les bras dans le dos en lui mettant les mains paume contre paume. La sous-directrice se retrouvait dans une position peu agréable, penchée en avant, pendant que Noémie lui attachait les mains, d'abord les poignets, puis remontant petit à petit le long de ses avant-bras. Avant d'arriver aux coudes, elle déchira l'adhésif d'un coup de dents et découpa une longue bande qu'elle appliqua sur les mains de sa captive.

- Ah, oui, quand même...

Sans doute espérait-elle poursuivre un semblant de discussion. Raté: son employée n'était pas des plus bavardes, non, elle restait concentrée. Je la voyais un peu en retrait, parcourir son étagère où elle prit, je n'en suis pas sûr, mais ça ressemblait à une culotte un peu chiffonnée qu'elle renifla avec un mouvement de recul de la tête.

Elle revint devant sa supérieure.

- Alors, qu'est-ce que...

- Veuillez vous taire, madame, vous n'êtes pas supposée parler.

- Oui, bien sûr. Excusez-moi.

Et de lui enfoncer la culotte roulée en boule dans la bouche, sans ménagement et sans attendre que la sous-directrice ne s'y prépare. Elle aimait qu'on ne la ménage pas, elle était servie. Encore plus lorsque quelques tours d'un adhésif transparent furent ajoutés par-dessus et tout autour de sa tête. Ca au moins, ça l'empêcherait de recracher son bâillon, et tant pis pour ses beaux cheveux roux.

Ses jambes furent ensuite attachées avec deux bandes de duct tape, la première appliquée au-dessus de ses genoux, la seconde autour de ses chevilles. Du beau travail, hein! Quand bien même ma position devenait de moins en moins confortable - à nouveau la salive coulait sur mon menton - je me réjouissait de ne pas être le seul sévèrement ligoté ici.

Je me trompais, dans le sens où ça n'était pas encore fini: Noémie venait en effet de sortir deux sacs en plastique, des sacs poubelle tout noirs et brillants, du plastique épais et résistant. Elle découpait un grand V dans le fond du premier, avec des ciseaux, sous les yeux écarquillés de sa prisonnière. Savait-elle ce qui l'attendait? L'ouvrit et l'enfila par dessus sa tête jusqu'à ce qu'elle ressorte par l'ouverture qu'elle venait de pratiquer. Puis elle le scotcha avec son tape gris en plusieurs endroits: autour des épaules, sous les seins et à la taille, sans lésiner sur la quantité ni sur le serrage.

Avant d'utiliser le second, elle fit asseoir le belle rousse au bord d'une chaise, pas longtemps, juste pour enfiler le sac sur ses jambes par les pieds et le scotcher par dessus ses chevilles. La sous-directrice fut ensuite relevée, le sac remonté jusqu'à sa taille environ et scotché solidement: à la taille par dessus le premier, très haut sur les cuisses et sous les genoux. Emballée comme un paquet cadeau, prête à livrer! Puis déposée à même le sol, allongée par terre et laissée là.

Pendant quelques minutes, je l'ai vue, entendue surtout, se rouler et gigoter. Elle se tournait et se retournait, pareille à un ver de terre qui avance, pour trouver sa position, quelques centimètres à peine, dans un froissement de plastique qui résonnait dans la pièce, les yeux fermés. Et soudain elle s'est arrêtée: silence complet, immobile. Plus un bruit, plus un gémissement. Un clignement de temps en temps.

J'essayais d'être aussi serein. Je ne l'étais pas. Le bâillon devenait de moins en moins supportable, tout mon corps fatiguait.

La femme de l'accueil est finalement arrivée, Christiane, je connaissais son nom à présent, toujours aussi rigide.

- Bonsoir Noémie.

- Bonsoir, madame.

- Vous pouvez partir maintenant. Je m'occupe de ces deux personnes.

- Merci, madame. Bonne soirée.

C'est autour de moi qu'elle est d'abord venue tourner, je commençais à en avoir assez de cette manière, je m'énervais, je m'impatientais. Dans un élan, je me suis mis à tirer de partout, à gigoter.

- Monsieur... Du calme. Je vous détache. Noémie a bien consigné dans ses notes que vous êtes resté plus longtemps que prévu. En théorie ça ne vous donne droit à rien mais en cas d'infraction l'information remonte vite à nos équipes et elles savent se montrer compréhensives.

Déjà, elle avait commencé à me détacher, ça prit bien cinq minutes. Plus ensuite le temps d'aller me rhabiller dans la salle de bain du fond. A mon retour, la sous-directrice était libre elle aussi et presque prête.

Je n'avais plus qu'une envie, m'en aller. Mais c'était oublier une petite formalité: on ne laisse pas nos hôtes circuler sans être bâillonnés et attachés un minimum. En l'occurrence, menottés les mains dans le dos, la sous-directrice aussi, et un morceau tout simple de tape collé sur la bouche. Nous sommes retournés comme ça à l'accueil. J'ai attendu que la Miss Cerbère me sorte un certificat après quoi elle m'a libéré.

Je suis parti sans demander mon reste.

(...)

- Je suis tellement désolée, mon chéri. Tout ça à cause de moi. Si seulement je m'étais rappelée de ça la veille de partir.

- Non, non, ce n'est pas de ta faute.

- Tu es gentil...

- Tu rentres quand?

- Mardi en 8 si tout va bien. Tu as hâte de me voir?

- Evidemment. Mais je me dis aussi qu'il ne faudra pas tarder: dès ton retour, tu seras en infraction vis-à-vis de la loi...


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fredchl
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Re: Au nom de la loi

Message par fredchl »

Belle histoire, l'idée de base est originale et c'est très créatif ! :)

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