La Sérénissime
Publié : 02 août 2018, 12:42
Bonsoir à toutes et à tous!
Après avoir donné mon avis dans le sujet "Fin du forum?", je réalise que ce n'est guère avec ma faible présence ici que je vais pouvoir y contribuer.
Je me permets donc de poster le premier chapitre d'un de mes récits. Je ne suis bien entendu qu'un écrivain amateur et bien qu'ayant lu le règlement du forum ainsi que les consignes concernant les œuvres, j'espère ne pas en enfreindre.
En vous souhaitant une bonne lecture!
Chapitre 1
Carnaval de Venise, 17 février. Palazzo Pisano Moretta, 19h. Le bal bat son plein. Fidèle à moi-même, je n’ai pu m’empêcher de porter un costume trois pièces en dessous de mon costume de carnaval. Ce dernier a été réalisé par mon ami Augusto Di Verino, ancien couturier habitant une petite rue près de la petite église San Marziale. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’a rien perdu de son talent ce bougre. La seule chose qu’il ne m’a pas fournie est mon masque. Je souhaitais un masque en plastique, ce qui constitue une hérésie pour Augusto. J’en ai donc acheté un à l’atelier Ca’Macana, probablement un des meilleurs ateliers de la ville. Le meilleur. Je vous le recommande chers lecteurs. Bref. Je m’égare.
Mon tabarro noir à capuche constitue la plus grande pièce de mon costume. Posé sur ma capuche, mon tricorne noir, doté d’une reliure et d’une large plume de couleur or. Mon masque, un bauta, également de couleur or avec une teinte de noir sur le contour des yeux et au milieu du nez, dissimule mon identité. Pour finir de recouvrir mon corps, une paire de gants longue et fine, couleur or.
J’attends patiemment mon contact à l’endroit prévu. J’observe la foule. Dansante. Bruyante. Brillante par ses couleurs. Je ne sais pas danser mais plus j’y prête attention, plus la tentation est forte. J’aime cette idée de chorégraphie, cette précision dans chaque pas, chaque geste. Surtout dans de telles tenues. Porter un costume d’époque dans une ville regorgeant d’histoire ne laisse pas indifférent. Vous avez l’impression d’avoir fait un bond dans le temps.
Ça y est. Je l’ai repéré. Il se dirige vers moi d’un pas mal assuré. Aussitôt face à face, je lui demande le mot de passe. « La vérité est ailleurs ? » Sérieusement ? Vous n’avez rien trouvé de mieux qu’une référence aux X-files comme mot de passe ?! M’étant assuré de son identité, je lui somme de me remettre ce pourquoi nous sommes ici. Je glisse la petite enveloppe dans la poche interne de mon gilet. Il semble très tendu, ce doit être sa première fois en tant qu’intermédiaire. J’essaie de le rassurer en lui expliquant qu’il ne risque plus rien, l’enveloppe étant désormais en ma possession. Il me signale qu’un gondolier m’attends devant l’entrée. Sans plus attendre, je me dirige calmement vers la sortie. Un cri retenti au moment où je quitte la pièce. Je me retourne brièvement. Visiblement ivre, un homme profane ce qui me semble être des vulgarités à l’égard d’un autre homme. Peu importe. La sécurité ne tardera pas à s’occuper de lui. Trop tard. Son cri ridicule a suffi à attirer mon attention, au moment même où je m’apprête à repartir, je heurte cette femme.
Pourquoi diable me suis-je retourné ? Ma cape dégouline de champagne. Je hais l’alcool. Par réflexe, j’analyse ma malencontreuse interlocutrice. Femme blanche, cheveux blonds avec des nuances de blancs coupés en carré court, environ 1m70 pour un poids approchant probablement les 60kg, morphologie de type V. Parée d’une longue robe bleue, dos nu et aux manches longues transparentes. Probablement de la dentelle. Elle porte également un petit sac à main Chanel assorti à sa robe. Un chat couvre une partie de son visage. Réalisant que je n’ai toujours pas esquissé la moindre réaction, je l’aide à rassembler les débris de son verre. Échangeant tout deux des excuses, elle propose de porter mon tabarro à un membre du personnel du palace pour le mettre à tremper. Déclinant poliment mais fermement son offre, je me dirige en hâte vers la sortie après avoir une énième fois présenté mes excuses. Je monte dans la gondole. Il pourrait me ramener directement à mon hôtel. Non, je préfère marcher et m’aérer l’esprit. Je lui demande donc de franchir le Grand Canal et de me déposer en face au terminal Angelo.
Je regarde une dernière fois le palace Moretta. Magnifique bâtiment, encore plus appréciable de l’intérieur. Me voilà seul, marchant dans les rues de San Marco. Un ciel dégagé. Un petit air frais. Moins de bruit. Bref, enfin tranquille. Ou pas. À peine ai-je fait une centaine de mètres que je repense à cet incident. Comment a-t-elle pu me rentrer dedans ? J’étais à demi-retourné donc je l’ai vu trop tard mais elle ? Le couloir d’où elle venait est une ligne droite…. Hum…. Étrange…. Déformation professionnelle probablement. Quoiqu’il en soit, les 2km me séparant de ma destination seront profitables.
Un quart d’heure plus tard, me voilà sur l’une des places les plus célèbres du monde : la Piazza San Marco. Même de nuit, la basilique Saint Marc est resplendissante. J’aime venir me promener ici tôt le matin. Il y a peu de monde, ce qui me permet de passer plus de temps avec les pigeons. La majorité des gens ont une opinion bien négative de ces vertébrés ailés. Pas d’accord. Ils sont fascinants. Et te voilà en train de parler de ce que tu penses des pigeons maintenant ! Tu ferais mieux de te concentrer si tu veux finir ce récit. Parvenu devant la basilique, je tourne à droite, direction les quais. Une fois sur ces derniers, il me suffira de prendre à gauche et de longer la lagune jusqu’à mon hôtel. Au moment de tourner à gauche, je disparais rapidement à l’abri une colonne du Palazzo Ducale et jette un regard derrière moi. Je ne mets qu’une dizaine de secondes à la repérer. Sa tenue est une tenue de soirée et non une tenue de carnaval. Pas très malin. Je me remets à marcher tranquillement vers ma destination. Encore cette femme. Elle me suit. Ce ne peut pas être une coïncidence, j’ai quitté le palace juste après l’incident. Pourquoi partir au milieu de la cérémonie ? Cela n’a pas le moindre sens surtout vu le prix du billet d’entrée. J’en aurai le cœur net. Je reprends donc mon chemin comme si de rien n’était.
D’ordinaire, j’apprécie observer la lagune lorsque je passe sur les quais mais la situation ne s’y prête guère. S’il devait y avoir confrontation, cela se passerait dans l’hôtel. Sur mon terrain. Les membres du personnel de l’hôtel m’adorent et n’hésiteront pas à me rendre un service si je leur demande. Elle demandera probablement le numéro de ma chambre à l’accueil en prétextant être une amie ou vouloir me rendre un quelconque objet que j’aurai perdu. Ils lui donneront probablement mon nom au passage ce qui la mettra en confiance. Évidemment, c’est un nom d’emprunt. Ça y est, il est en vue. L’Hôtel Bucintoro. Hôtel 4 étoiles au style très particulier. Le design intérieur a été conçu pour ressembler à l’intérieur des luxueux bateaux utilisés par les commerçants de Venise. Les chambres, notamment, sont chacune dédiée à un bateau à voiles prestigieux. Bucintoro est d’ailleurs le nom italien des immenses navires dont on se servait pour la cérémonie du « Mariage avec la mer » qui avait lieu sur la mer Adriatique. Cependant, le Bucintoro n’était pas un voilier mais plutôt une très grande barge, similaire aux jonques impériales chinoises mais dépourvu de voiles. Nous y voilà, je rentre dans l’hôtel.
Après avoir donné mon avis dans le sujet "Fin du forum?", je réalise que ce n'est guère avec ma faible présence ici que je vais pouvoir y contribuer.
Je me permets donc de poster le premier chapitre d'un de mes récits. Je ne suis bien entendu qu'un écrivain amateur et bien qu'ayant lu le règlement du forum ainsi que les consignes concernant les œuvres, j'espère ne pas en enfreindre.
En vous souhaitant une bonne lecture!
Chapitre 1
Carnaval de Venise, 17 février. Palazzo Pisano Moretta, 19h. Le bal bat son plein. Fidèle à moi-même, je n’ai pu m’empêcher de porter un costume trois pièces en dessous de mon costume de carnaval. Ce dernier a été réalisé par mon ami Augusto Di Verino, ancien couturier habitant une petite rue près de la petite église San Marziale. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’a rien perdu de son talent ce bougre. La seule chose qu’il ne m’a pas fournie est mon masque. Je souhaitais un masque en plastique, ce qui constitue une hérésie pour Augusto. J’en ai donc acheté un à l’atelier Ca’Macana, probablement un des meilleurs ateliers de la ville. Le meilleur. Je vous le recommande chers lecteurs. Bref. Je m’égare.
Mon tabarro noir à capuche constitue la plus grande pièce de mon costume. Posé sur ma capuche, mon tricorne noir, doté d’une reliure et d’une large plume de couleur or. Mon masque, un bauta, également de couleur or avec une teinte de noir sur le contour des yeux et au milieu du nez, dissimule mon identité. Pour finir de recouvrir mon corps, une paire de gants longue et fine, couleur or.
J’attends patiemment mon contact à l’endroit prévu. J’observe la foule. Dansante. Bruyante. Brillante par ses couleurs. Je ne sais pas danser mais plus j’y prête attention, plus la tentation est forte. J’aime cette idée de chorégraphie, cette précision dans chaque pas, chaque geste. Surtout dans de telles tenues. Porter un costume d’époque dans une ville regorgeant d’histoire ne laisse pas indifférent. Vous avez l’impression d’avoir fait un bond dans le temps.
Ça y est. Je l’ai repéré. Il se dirige vers moi d’un pas mal assuré. Aussitôt face à face, je lui demande le mot de passe. « La vérité est ailleurs ? » Sérieusement ? Vous n’avez rien trouvé de mieux qu’une référence aux X-files comme mot de passe ?! M’étant assuré de son identité, je lui somme de me remettre ce pourquoi nous sommes ici. Je glisse la petite enveloppe dans la poche interne de mon gilet. Il semble très tendu, ce doit être sa première fois en tant qu’intermédiaire. J’essaie de le rassurer en lui expliquant qu’il ne risque plus rien, l’enveloppe étant désormais en ma possession. Il me signale qu’un gondolier m’attends devant l’entrée. Sans plus attendre, je me dirige calmement vers la sortie. Un cri retenti au moment où je quitte la pièce. Je me retourne brièvement. Visiblement ivre, un homme profane ce qui me semble être des vulgarités à l’égard d’un autre homme. Peu importe. La sécurité ne tardera pas à s’occuper de lui. Trop tard. Son cri ridicule a suffi à attirer mon attention, au moment même où je m’apprête à repartir, je heurte cette femme.
Pourquoi diable me suis-je retourné ? Ma cape dégouline de champagne. Je hais l’alcool. Par réflexe, j’analyse ma malencontreuse interlocutrice. Femme blanche, cheveux blonds avec des nuances de blancs coupés en carré court, environ 1m70 pour un poids approchant probablement les 60kg, morphologie de type V. Parée d’une longue robe bleue, dos nu et aux manches longues transparentes. Probablement de la dentelle. Elle porte également un petit sac à main Chanel assorti à sa robe. Un chat couvre une partie de son visage. Réalisant que je n’ai toujours pas esquissé la moindre réaction, je l’aide à rassembler les débris de son verre. Échangeant tout deux des excuses, elle propose de porter mon tabarro à un membre du personnel du palace pour le mettre à tremper. Déclinant poliment mais fermement son offre, je me dirige en hâte vers la sortie après avoir une énième fois présenté mes excuses. Je monte dans la gondole. Il pourrait me ramener directement à mon hôtel. Non, je préfère marcher et m’aérer l’esprit. Je lui demande donc de franchir le Grand Canal et de me déposer en face au terminal Angelo.
Je regarde une dernière fois le palace Moretta. Magnifique bâtiment, encore plus appréciable de l’intérieur. Me voilà seul, marchant dans les rues de San Marco. Un ciel dégagé. Un petit air frais. Moins de bruit. Bref, enfin tranquille. Ou pas. À peine ai-je fait une centaine de mètres que je repense à cet incident. Comment a-t-elle pu me rentrer dedans ? J’étais à demi-retourné donc je l’ai vu trop tard mais elle ? Le couloir d’où elle venait est une ligne droite…. Hum…. Étrange…. Déformation professionnelle probablement. Quoiqu’il en soit, les 2km me séparant de ma destination seront profitables.
Un quart d’heure plus tard, me voilà sur l’une des places les plus célèbres du monde : la Piazza San Marco. Même de nuit, la basilique Saint Marc est resplendissante. J’aime venir me promener ici tôt le matin. Il y a peu de monde, ce qui me permet de passer plus de temps avec les pigeons. La majorité des gens ont une opinion bien négative de ces vertébrés ailés. Pas d’accord. Ils sont fascinants. Et te voilà en train de parler de ce que tu penses des pigeons maintenant ! Tu ferais mieux de te concentrer si tu veux finir ce récit. Parvenu devant la basilique, je tourne à droite, direction les quais. Une fois sur ces derniers, il me suffira de prendre à gauche et de longer la lagune jusqu’à mon hôtel. Au moment de tourner à gauche, je disparais rapidement à l’abri une colonne du Palazzo Ducale et jette un regard derrière moi. Je ne mets qu’une dizaine de secondes à la repérer. Sa tenue est une tenue de soirée et non une tenue de carnaval. Pas très malin. Je me remets à marcher tranquillement vers ma destination. Encore cette femme. Elle me suit. Ce ne peut pas être une coïncidence, j’ai quitté le palace juste après l’incident. Pourquoi partir au milieu de la cérémonie ? Cela n’a pas le moindre sens surtout vu le prix du billet d’entrée. J’en aurai le cœur net. Je reprends donc mon chemin comme si de rien n’était.
D’ordinaire, j’apprécie observer la lagune lorsque je passe sur les quais mais la situation ne s’y prête guère. S’il devait y avoir confrontation, cela se passerait dans l’hôtel. Sur mon terrain. Les membres du personnel de l’hôtel m’adorent et n’hésiteront pas à me rendre un service si je leur demande. Elle demandera probablement le numéro de ma chambre à l’accueil en prétextant être une amie ou vouloir me rendre un quelconque objet que j’aurai perdu. Ils lui donneront probablement mon nom au passage ce qui la mettra en confiance. Évidemment, c’est un nom d’emprunt. Ça y est, il est en vue. L’Hôtel Bucintoro. Hôtel 4 étoiles au style très particulier. Le design intérieur a été conçu pour ressembler à l’intérieur des luxueux bateaux utilisés par les commerçants de Venise. Les chambres, notamment, sont chacune dédiée à un bateau à voiles prestigieux. Bucintoro est d’ailleurs le nom italien des immenses navires dont on se servait pour la cérémonie du « Mariage avec la mer » qui avait lieu sur la mer Adriatique. Cependant, le Bucintoro n’était pas un voilier mais plutôt une très grande barge, similaire aux jonques impériales chinoises mais dépourvu de voiles. Nous y voilà, je rentre dans l’hôtel.