La fête foraine
Publié : 13 sept. 2018, 14:14
Gwen et la diseuse de bonne aventure
Seule dans l’obscurité Gwen regarde les écrans de télévision sur lesquels sa sœur et ses deux amies circulent librement, insouciantes et inconscientes de la menace qui pèse sur elles.
Ces images sont insupportables mais la seule façon de ne pas les voir est de regarder les autres écrans de télévision et ce qui est montré lui est encore plus insupportable. Il s’agit d’elle bâillonnée, ligotée sur cette chaise fixée au sol, impossible à renverser. D’autres écrans affichent des gros plans de son visage et de sa bouche couverte par l’horrible bâillon. Et aussi de ses bras, de ses poignets, de ses cuisses et de son torse entourés de cordes qui pénètrent sa chair et la brûlent. Et enfin de ses yeux qui expriment l’effroi face au destin que lui ont promis ses ravisseuses.
Pour peut-être la centième fois Gwen tire sur ses liens. En vain.
Elle entend des visiteurs s’approcher de la roulotte où elle est emprisonnée. Quelqu’un appuie sur la poignée. Sans résultat bien sûr. Gwen a entendu sa ravisseuse fermer la porte à clef. Soudain une voix s’élève.
- Tu vois bien qu’il n’y a personne.
C’est une voix de femme. Douce, cristalline. Son compagnon s’amuse.
- Une diseuse de bonne aventure qui ne sait pas qu’elle va avoir des clients. Je n’ai pas confiance.
- Tu es bête.
Gwen tente d’appeler à l’aide. Bien sûr son bâillon étouffe ses cris et les transforme en sanglots ridicules mais ils sont derrière la porte. Ils peuvent entendre.
- On dirait qu’il y a quelqu’un.
- Tu es sûr. Qu’est-ce que tu entends ?
- Ce n’est pas très net. Des sanglots ou des soupirs.
- Et tu as l’intention de déranger ces personnes ?
Gwen enrage. Qu’est ce qu’est en train d’imaginer cette femme. Si au moins elle pouvait renverser la chaise sur laquelle elle est ligotée. Faire du bruit. Mais c’est impossible la chaise est solidement vissée au sol. C’est à peine si elle peut frémir. Ses chevilles et ses cuisses soigneusement liées aux pieds de la chaise. Son torse entouré de cordes qui fixent son dos au dossier. D’autres liens s’occupent de sa taille et de son bassin et garantissent que ses fesses sont bien collées au siège. Ses ravisseuses n’ont négligé ni ses bras ni ses poignets ni ses mains. Ils sont parfaitement liés dans son dos, appuyés contre le dossier de la chaise. Elle ne peut même pas agiter ses doigts. Ce qui serait inutile de toutes façons puisque les rares objets susceptibles de la libérer sont hors d’atteinte.
Mais elle a réussi à attirer l’attention du couple qui est derrière la porte. Ils appuient à nouveau sur la poignée. Gwen tente de crier aussi fort que le lui permet la boule de mousse enfoncée dans sa bouche et qui transforme ses appels au secours en autant de sanglots ou de soupirs.
Comment aurait-elle pu imaginer le piège que cachait l’immense fête foraine qui venait de s’installer dans la ville alors qu’avec sa sœur et ses deux amies elle venait de quitter avec plaisir la famille malsaine où elles avaient passé toute leur existence ?
Du haut de ses vingt-deux ans Gwen était la plus jeune des quatre. Et la plus enthousiaste évidemment. Aussi quand, à peine franchi le portail qui les conduisait vers ce lieu de plaisir et de joie, elle avait été abordée par une diseuse de bonne aventure elle n’avait pas résisté. Sa sœur et ses amies l’avaient vivement encouragée. Elle avait gaiement grimpé les escaliers qui menaient à l’intérieur de l’antre de la vieille femme. Vieille femme qui correspondait tout à fait à l’image que Gwen se faisait d’une sorcière. Courbée, les cheveux gris, rieuse, âgée et sans âge.
La femme l’avait aidée à s’asseoir, lui avait servi une tasse de thé.
- Tu es venue avec tes amies.
Gwen avait souri, pas très douée la diseuse de bonne aventure.
- Tu te moques de la vieille femme parce que tu crois qu’elle se trompe qu’elle ignore qu’il y aussi ta soeur : Beth.
Gwen avait évidemment été impressionnée. Cette vieille connaissait son métier. Elle n’avait pas été déçue quand la femme avait exhibé un paquet de carte qu’elle avait battu puis avait étalé cinq cartes choisies par Gwen.
- Vous venez du même village. Vous êtes très unies. Vous venez d’arriver... C’est étrange.
- Quoi donc ?
- Je ne vois que vous quatre, peu d’amies
- Seulement Myriam et Maud. Elles sont restées au village.
- Pas de famille.
- Nos familles ont disparu au moment du grand bug. Nous étions très jeunes. Ma sœur me protégeait puis nous avons rencontré Diana et Phyllis. Nous sommes arrivées au village. La famille de Myriam et Maud nous a recueillies.
- Quelle chance
- Pas vraiment. Leurs parents nous traitaient comme des esclaves. Myriam et Maud nous aidaient en cachette.
- C’était mieux que tous les orphelins obligés de vivre dans des camps.
- Peut-être, mais quand les chemins de fer ont été construits et que les premiers trains à vapeur sont apparus nous avons préféré partir.
Mise en confiance, émue de revivre ses souvenirs, Gwen ne se rendait pas compte qu’elle en disait beaucoup plus sur elle que ce que devinait la vieille femme.
- Maud et Myriam ont tenté de vous retenir.
- Elles ont fini par comprendre que nous devions partir.
- Je vois qu’elles vous ont aidées.
- Oui, elles nous ont donné un peu d’argent.
- Mais elles ne sont pas les seules à vous avoir aidées.
Gwen était impressionnée. Cette femme était très forte.
- C’est vrai, Ingrid nous a parlé d’une vieille dame qui pourrait nous héberger. Elle savait qu’elle était toujours là parce que grâce au train, le courrier circule à nouveau.
Gwen se sentait de plus en plus détendue. C’était si reposant de discuter avec cette charmante vieille dame même si elle ne prédisait pas grand chose pour l’instant.
- Maud et Myriam devaient être heureuses de savoir que vous saviez déjà où loger.
- Elles ne le savent pas.
- Ah bon ?
- Ingrid nous avait demandé de n’en parler à personne. Elle ne voulait pas que tout le monde vienne lui demander l’aide de son amie.
- Mais elles doivent être inquiètes.
- Nous leur avons promis de leur écrire dès que nous serions installées.
- Et vous l’avez fait.
- Aujourd’hui, nous avons laissé la lettre à notre logeuse.
- En somme, les seules personnes susceptibles de s’inquiéter de vous ne savent pas où vous êtes.
La phrase bien que dite avec douceur avait inquiété Gwen. Heureusement la diseuse de bonne aventure avait enchaîné.
- J’admire votre enthousiasme. À présent installe toi sur ta chaise que je te dise ton avenir.
À cet instant l’attention de Gwen avait été attirée par des bruits de l’autre côté du rideau qui partageait la roulotte en deux parties.
- Ne t’inquiète pas. Ce sont mes prochains clients. Tu ne veux pas connaître ton avenir ?
- Si bien sûr
Gwen s’amusait par avance de toutes les promesses de bonheur que cette vieille femme allait inventer.
C’était ce qu’elle avait envie d’entendre.
- Toi et tes amies vous allaient voyager.
- Où ?
- Partout à travers l’Europe.
- Quand ?
- Dès maintenant.
La fanfare avait alors retenti et des mains fermes avaient saisi les poignets de Gwen dans son dos pendant que d’autres appuyaient sur ses épaules pour la maintenir assise sur la chaise.
Gwen avait crié.
- Au secours
- Tu peux crier tant que tu veux, personne ne t’entendra avec la fanfare qui se met en marche.
Les complices de l’horrible femme n’étaient pas restées inactives et avaient liées les poignets et les bras de la jeune femme derrière le dossier de la chaise.
Gwen continuait de se débattre entre les mains de ses ravisseuses et, bien qu’elle soit consciente que c’était inutile, tentait d’appeler à l’aide en hurlant de toutes ses forces.
Une des criminelles avait alors réagi.
- Elle commence à nous casser les oreilles.
- Qu’est ce-que vous attendez pour la bâillonner
En entendant ces mots, Gwen avait cessé de hurler et avait commencé à supplier.
- Non !! Ne me bâillonnez pas.
- Trop tard ma mignonne. Mais console toi en sachant que même si tu n’avais pas crié on aurait fini par te bâillonner.
Gwen avait cessé de se débattre et avait obstinément serré les lèvres. Il avait hélas suffi à ses adversaires de pincer son nez jusqu’à ce qu’elle ouvre la bouche pour reprendre sa respiration. Elle avait alors senti un infâme chiffon roulé en boule s’enfoncer dans sa bouche puis, avant même qu’elle envisage de recracher l’ignoble matériau, une étroite bande de tissu avait été insérée entre ses lèvres suivie d’une bande plus large qui avait recouvert sa bouche et son menton. Elle avait senti les solides nœuds qui étaient serrés sur sa nuque et avait compris que ses appels à l’aide seraient à présent réduits à de ridicules sanglots, soupirs ou gémissements.
Les kidnappeuses s’étaient un instant interrompu pour admirer l’efficacité de leur travail.
- Je crois qu’elle va faire moins de bruit à présent.
À cet instant Gwen avait réalisé que ses bras et ses poignets étaient attachés et qu’elle était bâillonnée mais que ses jambes et ses chevilles étaient libres et qu’elle n’était pas fixée à la chaise.
En plus de la vieille femme, il n’y avait que deux jeunes femmes. La diseuse de bonne aventure n’était pas un adversaire dangereux. Si elle arrivait à assommer la ravisseuse la plus proche d’un coup de tête, il ne resterait qu’une ennemie. Évidemment elle serait attachée mais elle pouvait compter sur l’effet de surprise si elle était suffisamment rapide.
Gwen se leva d’un bond et fut aussitôt repoussée sur sa chaise… par la vieille femme. À cet instant seulement elle prit conscience de deux informations qui lui avaient été échappée.
La première était que la vieille femme était loin d’être vieille. Comme pour le confirmer, cette dernière retira ses oripeaux et se redressa révélant dans ce mouvement une femme superbe autoritaire et terrifiante.
La deuxième information était que la chaise n’avait pas bougé quand elle avait été rejetée sur elle. Ce qui signifiait qu’elle était solidement fixée au sol de ce qui devenait pour la captive un terrifiant lieu de détention.
Gwen n’avait pas vraiment l’état d’esprit nécessaire pour examiner les conséquences de ces informations. Son attention était monopolisée par le fait que deux mains fermes appuyaient sur ses épaules et l’immobilisaient pendant qu’une autre ravisseuse liait soigneusement son torse en l’entourant de nouvelles cordes qui brûlaient sa chair à travers son chemisier léger et la fixait contre le dossier de sa chaise.
En quelques minutes tout le haut de son corps avait été immobilisé.
La jeune femme continuait pourtant de résister en agitant se jambes et en tentant de soulever ses fesses du siège sur lequel, bien malgré elle, elle était posée.
- Qu’est-ce que vous attendez pour finir de la ligoter.
- C’est tellement amusant de la voir gigoter.
- C’est vrai mais nous avons encore du travail.
Celle qui ne ressemblait plus du tout à une vieille femme et qui était manifestement la chef de ces criminelles avait alors confirmé les pires craintes de la captive.
- Nous devons nous occuper des compagnes de cette petite dinde.
Se faire traiter de dinde n’était évidemment pas agréable mais le pire était évidemment d’apprendre qu’elle n’était pas la seule victime programmée de cet enlèvement.
Une des femmes avait saisi les chevilles de la captive pendant que sa complice les attachait solidement.
Elle se préparait à les relier aux pieds de la chaise quand sa compagne l’avait retenue.
- Attend, je crois que sa jupe pourrait m’aller.
- Tu aurais pu t’en apercevoir plus tôt.
- Si on s’y prend bien, on doit pouvoir la retirer sans l’abîmer.
- Tu parles de la jupe.
- Évidemment. De quoi d’autre ?
Gwen était très fière de sa jupe. Une jupe moulante qui s’arrêtait à mi-cuisse qu’elle avait achetée à son arrivée dans la cité. Si stupide que cela paraisse dans la situation où elle se trouvait, en être dépouillée lui était insupportable. Elle avait tenté de protester. Mais son bâillon avait étouffé son cri de rage.
Pas assez toutefois pour que ce cri soit inaudible.
- Et bien au moins on sait que le bâillon n’est pas assez efficace.
- On s’en occupera tout à l’heure. Pour l’instant tiens lui les jambes pendant que je la soulève.
- Et qui va lui retirer la jupe.
À cet instant, la chef était intervenue. Étant donné qu’elle manifestait un certain agacement devant la désinvolture de ses complices, Gwen avait espéré qu’elle allait leur interdire de perdre du temps à retirer ses vêtements. Elle avait été déçue.
- Je vais lui retirer sa jupe.
Les deux femmes avaient manifesté leur surprise. Elles ne s’attendaient pas à un accord aussi clair.
- Les trois autres sont encore loin du stand des lutteuses et Mona s’arrange pour les retenir. Nous pouvons perdre quelques minutes à jouer avec cette petite idiote.
Cela n’avait pas été long. Gwen ne pouvait évidemment rien faire pour s’opposer aux actes de ces ignobles femmes et avait senti sa jupe glisser le long de ses hanches en agitant faiblement ses jambes solidement maintenues par une des ravisseuses et en poussant des cris de protestation mal étouffés par son bâillon.
- Elle n’est pas très docile et elle gigote un peu trop.
- Elle va apprendre que nous savons guérir les jeunes écervelées un peu trop nerveuses.
De nouvelles entraves avaient entouré le buste, la taille, les cuisses, les mollets et les chevilles de la prisonnière. Tous ces liens étaient soigneusement reliés au dossier, au siège aux barreaux ou aux pieds de la chaise. Les noeuds étaient atrocement serrés et Gwen sentit les cordes s’enfoncer dans sa tendre chair créant une intolérable brûlure.
Humiliée, elle était incapable de retenir des gémissements de douleur et de rage.
Une des ravisseuses avait réagi.
- Décidément le bâillon n’est pas assez épais.
- C’est facile à corriger.
Libérée un instant de l’infernal tas de chiffon qui obstruait sa bouche, Gwen avait supplié.
- Ne me bâillonnez plus. Je vous promets que je n’appellerai pas à l’aide.
- Tu apprendras qu’il vaut mieux éviter de faire des promesses que tu ne peux pas tenir.
L’horrible femme avait alors enfoncé une énorme boule de mousse dans la bouche de la captive puis avait glissé une étroite bande de tissu entre ses lèvres qu’elle avait nouée sur sa nuque. Recracher l’infâme matière était impossible.
Comble de l’humiliation l’objet était emballé dans le slip de la captive qui lui avait été arraché aussitôt après qu’elle ait été débarrassée de sa jupe.
- Tu crois que ça rend le bâillon plus efficace ?
- Non mais c’est plus amusant.
Le rire cruel des trois femmes avait blessé la malheureuse prisonnière.
- Achevons notre travail.
Gwen, terrifiée par ses propos s’était interrogée. Que pouvait faire de plus ses horribles femmes. Elle était à peine capable de remuer ses doigts. Ses poignets liés dans son dos étaient reliés à un des barreaux de la chaise.
Bien sûr, il restait son bâillon à compléter. La malheureuse jeune femme l’avait compris quand la diseuse de bonne aventure avait appliqué sur sa bouche une large bande de sparadrap.
Le plus douloureux était peut-être le regard cruel et ravi qu’affichait la criminelle quand elle passait soigneusement la main sur la bande collante pour vérifier qu’elle adhérait sur chaque millimètre de la peau de sa victime alors que les yeux de cette dernière ne faisait que lui renvoyer un regard suppliant.
- J’aime que tu me regardes ainsi ma mignonne.
Gwen s’était alors sentie incapable de retenir des larmes de rage et de désespoir. Ce qui n’avait qu’accroitre le plaisir de ses tortionnaires.
- Elle est superbe ainsi.
- Mais il vaut mieux être prudentes.
Deux autres bandes de sparadrap avaient été appliquées sur la bouche de la prisonnière qui avait réalisé alors que ses protestations les plus fortes se réduisaient à des sanglots ridicules.
Confrontée aux regards cruels de ses ravisseuses, Gwen avait baissé la tête. Elle le regrettait depuis amèrement. Parce que cette dernière marque d’insolence avait fait l’objet d’une nouvelle punition.
Une des femmes avait tiré les cheveux de la captive l’obligeant à relever la tête.
- Il me semble que cette petite effrontée ose fuir notre regard.
- Nous allons lui apprendre à garder la tête droite.
Gwen avait alors senti que la criminelle derrière elle réunissait ses longs cheveux blonds. Inquiète de son objectif, elle avait supplié dans son bâillon et lancé un regard implorant à celle qui lui faisait face.
La réponse de cette dernière n’avait rien de rassurant.
- Ne t’inquiète pas ma mignonne. Nous faisons juste une tresse.
Quel intérêt de lui faire une tresse ? S’était alors interrogée la malheureuse jeune femme. Elle avait compris quand une corde avait été nouée sur la tresse et reliée aux liens de ses bras. L’obligeant à garder la tête droite.
Gwen ne pouvait que regarder ses ravisseuses qui lui faisaient face et semblaient chercher un moyen de l’humilier davantage.
- Elle peut à peine frémir.
- Elle peut encore se servir de ses doigts.
- ça ne lui sera pas très utile.
- Mais notre travail n’est pas achevé.
- Il y a un moyen simple.
Les yeux de Gwen avaient supplié une nouvelle fois ses tortionnaires. En vain.
Les abominables femmes avaient enfermé les mains de leur victime dans une moufle de cuir qu’elles avaient soigneusement lacée jusqu’à ce que les deux mains soient plaquées la paume de l’une contre le dos de l’autre. Un dernier lacet fixé à l’extrémité de la moufle avait été relié au barreau de la chaise. Privant la captive de la possibilité même de bouger ses mains ainsi enfermées.
- Cette fois, je crois qu’on ne peut pas faire mieux.
- Il vaut mieux encore vérifier.
La chef des criminelles avait alors tiré sur les pans du chemisier de la prisonnière découvrant sa poitrine.
- Je savais que cette petite garce ne portait pas de soutien-gorge.
Chacune des criminelle s’était alors munie d’une plume et avait commencé à caresser Gwen qui, incapable de se maîtriser, avait tiré sur ses liens, gémi dans son bâillon et avait surtout confirmé qu’elle était incapable du moindre mouvement. Elle ne réussissait qu’à resserrer davantage les noeuds de ses entraves.
Satisfaites de leur expérience deux des femmes avaient alors quitté la roulotte. Laissant la captive en compagnie de celle qui s’était fait passer pour une diseuse de bonne aventure.
Epuisée, terrifiée, Gwen ne pouvait que regarder la femme effrayante qui lui faisait face.
- Je pourrais t’admirer pendant des heures mais j’ai promis de te dire ton avenir et je vais tenir parole.
L’horrible femme avait marqué un temps d’arrêt. Goûtant le regard désespéré de Gwen et ses efforts ridicules pour soulager la tension de ses liens.
- Tes amies vont bientôt te rejoindre et vous allez parcourir le continent avec nous. Vous ferez partie des attractions. Vous serez même parmi les attractions les plus appréciées. Les visiteurs se bousculeront pour vous voir. Certains joueront même avec vous. N’est-ce pas merveilleux ?
Les yeux de Gwen exprimaient la terreur la plus immense qu’elle ait jamais connue.
- Qu’est-ce qui ne te plait pas ? Le fait d’être ligotée et bâillonnée. C’est bien peu de choses par rapport au succès que toi et tes amies allaient rencontrer. Et puis vous ne serez pas constamment ligotées.
Le soulagement de Gwen en entendant ces mots fût de courte durée.
- Vous serez aussi enchaînées, enfermées dans des cages, des carcans, suspendues par les bras, les pieds, les cheveux. Vous serez entravées, bâillonnées de toutes les façons imaginables.
L’horrible femme marqua un temps d’arrêt.
- Au fait, je m’appelle Alexandra et tu as rencontré mes assistantes Marlène et Olga. Mais toi et tes amies devront nous appeler « Maîtresse ». Enfin quand vous ne serez pas bâillonnées et quand vous serez autorisées à parler. C’est-à-dire très rarement.
Alexandra alluma alors les postes de télévision qui faisaient face à la captive.
- Je dois te laisser. Tu vas pouvoir assister à la capture de ta soeur et de tes amies. Profite bien du spectacle. Mais si ça t’ennuie tu peux aussi constater à quel point tu es bien ligotée et à quel point cela te rend belle.
L’effrayante femme désigna les écrans de télévision qui montraient la captive sur tous les angles. La malheureuse jeune femme pouvait ainsi voir des gros plans sur son visage bâillonné. Sur ses bras, ses cuisses, ses chevilles et se poignets ligotés. Sur ses mains enfermées dans l’horrible moufle de cuir.
La criminelle avait alors quitté la roulotte. Gwen avait entendu le son de la clef qui tournait dans la serrure. Elle avait tiré de toutes ses forces sur ses liens, tenté de crier à travers le bâillon. Avait renoncé à tout espoir jusqu’à l’instant où le couple avait essayé d’ouvrir la porte de la roulotte.
Depuis cet instant, Gwen écoute les propos qu’échangent l’homme et la femme. Cherchant un moyen d’attirer davantage leur attention. Mais c’est impossible ligotée et bâillonnée comme elle l’est. Aucun objet n’est à sa portée et ses efforts pour tenter de faire céder les vis qui maintiennent la chaise fixée au sol sont ridicules. A nouveau, elle tente de crier à travers son bâillon. Mais son gémissement est si faible.
Pourtant l’homme n’arrive pas à admettre que cette roulotte soit fermée à clef. Il continue d’appuyer sur la poignée. Pour la plus grande exaspération de sa compagne.
- Est-ce que tu vas enfin te calmer. Qu’est-ce que ça peut te faire que cette roulotte soit fermée à clef ?
- Tu as raison mais c’est quand même bizarre.
- Essaie donc avec la clef.
- Comment est-ce que tu l’as trouvée ?
- Cachée dans un pot de fleurs. C’est original.
Gwen entend la clef tourner dans la serrure. La porte va s’ouvrir. Elle va être sauvée.
- Qu’est-ce que vous faites ici ?
Gwen reconnait la voix de Marlène.
- Nous avons entendu du bruit, comme si quelqu’un gémissait.
- Enfin, mon ami croit avoir entendu du bruit. Ce n’est pas mon cas.
- Je crois savoir de quoi il s’agit. Je vais vous montrer.
La porte s’ouvre. Les trois personnes pénètrent dans la roulotte. Gwen est cachée par le rideau qui partage la roulotte en deux parties.
L’homme réagit.
- Il n’y a personne.
- Derrière le rideau peut-être.
Gwen s’efforce de crier, de gémir plutôt, aussi fort que le permet son bâillon. Elle remarque que les images affichées sur les télévisions ont changé. Il ne reste plus que les gros plans sur ses liens et sur son bâillon. Et un mystérieux compte à rebours.
Pendant ce temps, Marlène a répondu.
- Votre amie est très perspicace. Cela se passe derrière le rideau.
Gwen ne comprend pas le plan de sa ravisseuse. Le rideau s’ouvre. Dévoilant la prisonnière aux yeux des visiteurs.
- Cette demoiselle est une candidate pour l’attraction reine de l’évasion.
- J’ai vu l’écriteau qui disait que vous en cherchiez.
- Vous ne plaisantez pas avec les entretiens d’embauche.
- Autant vérifier tout de suite ses capacités.
- Elle n’a pas l’air très douée. Elle est ligotée depuis combien de temps ?
- Presqu’une heure. Il lui reste quarante minutes pour faire ses preuves.
La criminelle désigne le compte à rebours qui défile sur un des écrans.
Gwen s’agite dans ses liens. Proteste dans son bâillon.
- Elle n’a pas l’air contente.
- Elle pensait sans doute que nous lui proposions un de ces numéros factices où tout est truqué. Nous détestons ça. Nous refusons de tromper notre public.
Gwen supplie le couple du regard, gémit dans son bâillon. Ils ne peuvent pas croire ce qu’affirme sa ravisseuse.
L’homme s’approche. Examine les liens de la captive.
- Vous ne plaisantez vraiment pas. Ces noeuds sont très serrés.
- Je vous l’ai dit. Nous souhaitons un spectacle de qualité. Le public pourra vérifier ses liens comme vous le faites et s’assurer que nous ne le trompons pas.
La compagne de l’homme se penche à son tour sur les entraves de la jeune femme.
- Les cordes s’enfoncent dans sa chair.
- Si les liens sont trop lâches, les spectateurs penseront que c’est truqué.
- Et c’est pour ça que vous avez enfermé ses mains dans l’espèce de moufle ?
- Evidemment.
- Et c’est aussi pour cette raison qu’elle n’a pour tout vêtement qu’un chemisier largement ouvert?
- Elle avait caché des objets tranchants dans sa jupe et ses sous-vêtements.
- Et c’est mal ?
- Le public déteste les tricheuses. La reine de l’évasion doit se libérer grâce à ses muscles et sa souplesse.
- Pourquoi l’avoir bâillonnée.
- Pour qu’elle ne soit pas tentée d’abandonner avant la fin. Et puis le public aime que la reine de l’évasion soit bâillonnée.
L’homme semble avoir des doutes. Gwen le supplie du regard. Tente de lui faire comprendre que Marlène ment. Malheureusement sa compagne remarque les yeux suppliants de la captive. Elle se penche vers elle.
- Dis donc, espèce de salope, t’essaierais pas de me piquer mon mec.
Des larmes de rage coulent sur le bâillon de la prisonnière. Comment ce couple peut-il croire les mensonges de sa ravisseuse et l’humilier ainsi? L’homme réagit.
- Ne t’inquiète pas ma chérie. Cette petite garce n’a aucune chance. Si jolie qu’elle soit dans ses liens.
- Plus jolie que moi.
- Je ne sais pas. Je ne t’ai jamais vue ligotée et bâillonnée. On pourrait essayer.
- Espèce de pervers.
Le couple s’embrasse longuement.
Gwen désespérée s’agite, tire sur ses liens, bafouille un appel à l’aide, étouffé par la boule de mousse enfoncée dans sa bouche. Ils vont bien finir par comprendre que ce n’est pas un jeu.
Enfin le baiser prend fin. L’homme interroge alors
- Pourquoi les écrans avec les gros plans sur ses liens ?
- Pour l’aider. Elle voit les liens et les nœuds et elle peut trouver comment se libérer.
- Cela n’a pas l’air efficace.
- En effet mais il lui reste vingt minutes pour réussir.
- À quoi sert le gros plan sur le bâillon.
- À rien mais c’est amusant.
Le couple et Marlène éclatent de rire.
Gwen gémit une nouvelle fois. Tire encore sur ses liens. La femme s’approche d’elle.
- Allons. Ne t’énerve pas comme ça. Au pire dans vingt minutes tu seras libre. Évidemment tu n’auras pas cet emploi. Mais sincèrement tu n’es vraiment pas douée.
- Ne vous inquiétez pas, nous avons un autre rôle pour elle qui lui ira comme un gant.
- Ah oui. ! Lequel ?
- Prisonnière des Arumbayas.
- Je serais ravie de voir ça.
- Dans ce cas, je vous offre deux entrées. Venez quand vous voulez. Nous ne partons que dans deux jours.
La captive ne peut pas croire que ce couple l’abandonne aussi cyniquement. Elle se débat dans ses liens, supplie à travers son bâillon. La femme après avoir pris les entrées offertes s’approchent d’elle. Lui caresse les cheveux.
- Comment peux-tu être aussi stupide. N’as-tu pas encore compris que tu ne fais que resserrer les nœuds quand tu te débat et que les cordes pénètrent encore plus dans ta peau. Tu n’es vraiment pas faite pour le rôle de reine de l’évasion mais tu seras parfaite dans celui de prisonnière.
L’homme prend la main de sa compagne.
- Rentrons. Cette salope m’a excité en gigotant et en gémissant.
- T’es vraiment un pervers.
- Me dit pas que tu n’es pas excitée.
- Je ne te le dis pas.
Le couple s’éloigne abandonnant la pauvre Gwen entre les mains de Marlène.
- J’espère que tu as compris la leçon. Nous savons comment convaincre les curieux. Rien ne les surprend. On est dans une fête foraine. Personne ne viendra à ton secours. Toutefois, il faudra punir ta ridicule insurrection. Cela attendra ce soir mais tu auras ce que tu mérites. Je te conseille à présent de te tenir tranquille.
Sur cette dernière menace, Marlène quitte la roulotte. Gwen entend la clef tourner à nouveau dans la serrure.
Tous les écrans de télévision se rallument. L’image de celui qui affichait le compte à rebours change. La prisonnière a le choix entre regarder des gros plans sur ses liens et son bâillon ou des images des visiteurs insouciants qui profitent pleinement des attractions de la fête foraine. Les pires sont celles où elle voit Phyllis, Diana et Beth se promener dans l’ignorance du piège qui va bientôt se fermer sur elles.
Elle voudrait ne plus les regarder mais elle ne peut pas s’en empêcher, habitée par l’espoir qu’elles vont réaliser qu’il n’est pas normal qu’elle ne les ait pas rejoint et qu’elles devineront que cette fête foraine est un repaire de criminelles endurcies. Mais elle ne voit rien de tel sur les écrans. Ses amies et sa sœur s’amusent sourient s’arrêtent aux stands.
Gwen angoissée les observe s’attendant à chaque instant de voir surgir une assaillante qui va les capturer et les ligoter sous les acclamations d’une foule enthousiaste.