Pourquoi on aime etre ligoter?

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Utten
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Re: Pourquoi on aime etre ligoter?

Message par Utten »

Sans essayer de donner de réponse universelle, je crois qu'on aime être ligoté en réponse à toutes les pressions et contraintes du quotidien: les règles qui s'imposent en société, les lois, les contraintes matérielles comme devoir travailler, s'habiller de telle ou telle façon, etc. Le bondage tel qu'on l'évoque ici, c'est une manière de choisir ses contraintes, de les sentir explicitement. C'est aussi une manière de savoir ce qui nous contraint: ce sont les cordes, les sangles ou quoi que ce soit qui le font, et plus des contraintes pas ou peu identifiées. C'est le bâillon dans ma bouche qui m'empêche de parler, et pas une sorte de bienséance qui nous fait dire "non, ça ne se dit pas ça".

Quelque part, c'est donc une manière de se libérer (dans sa tête au moins), en laissant le volant à son partenaire de confiance pour quelques minutes ou quelques heures.

Et au final, on aime ça parce que ça fait du bien...

sehoo

Re: Pourquoi on aime etre ligoter?

Message par sehoo »

Personnellement j'ai toujours vu le bondage comme un "Abandon de soi", on se laisse complètement aller, à la merci du bondeur mais en respectant les limites.

Kiixi

Re: Pourquoi on aime etre ligoter?

Message par Kiixi »

Tout a fait d 'accord avec toi sehoo :D

Johnny boy

Re: Pourquoi on aime etre ligoter?

Message par Johnny boy »

A mon sens il y a deux choses qui peuvent expliquer l'amour pour les jeux de liens:


1) Cela a été plus ou moins dit mais je tiens à le reformuler. Je pense qu'une bonne partie des personnes qui aiment se faire attacher, sont dans la vie quotidienne des personnes qui aiment avoir le contrôle, la maîtrise des événements en essayant d'anticiper au maximum chaque situation à venir, sans arrêt et ce, dans le but d'éviter les problèmes ou les situations désagréables. Or cette façon d'être, bien qu'elle soit inconsciente, exerce une pression constante et pesante sur la personne. Et ce n'est que quand son corps est entravé qu’inconsciemment, cette pression disparaît car il n'y a plus de choix à faire ou de décision à prendre, il n'y a plus de contrôle ni d'anticipation possible. La personne se sent alors apaisée par ce lâcher prise. En résumé, c'est un RTT du cerveau!

Notre société moderne si complexe et si multiple nous offre énormément de possibilités mais la contrepartie est qu'elle nous oblige à faire des choix sans arrêt, à y réfléchir, à ne pas se tromper. Indirectement la complexification de la société est selon moi une des explications de l'essor du bondage au 20e siècle comme pratique érotique et notamment après guerre.


2) Je pense qu'il y a également une autre dimension liée à la soumission. La personne ligotée ne peut rien faire par définition. C'est un moyen de se déresponsabiliser des événement qui vont suivre, qui peuvent être sexuels mais surtout qui sont honteux dans la tête de la personne ligotée. L’inconscient se rassure ainsi par exemple : "Ce n'est pas ma faute si j'ai baisé son pied, j'étais attaché". La personne attachée peut ainsi assouvir sans honte ses désirs les plus refoulés ou honteux à ses yeux, dans cet exemple la personne a honte de son fétichisme du pied. C'est un exemple mais cela peut aussi être une position honteuse, des objets, des pratiques sexuels, etc..Il s'agit là d'un des mécanismes connu du plaisir de la soumission.

Ayé!!

Tchocobo

Re: Pourquoi on aime etre ligoter?

Message par Tchocobo »

:bravo: Tout ce que j'ai à dire.
Je fais partit que ceux qui aiment anticiper pour éviter les problèmes, je suis tout à fait d'accord avec toi.

Johnny boy

Re: Pourquoi on aime etre ligoter?

Message par Johnny boy »

Après il y a d'autres raisons mais je pense que ce sont les deux pricipales

Johnny boy

Re: Pourquoi on aime etre ligoter?

Message par Johnny boy »

Encore une précision concernant la société occidentale qui est la notre, à la complexification que j'évoque plus haut s'ajoute la déchristianisation tout au long du 20e siècle.

Les gens sont devenus de moins en moins croyant. Or le fait de croire en Dieu permet de ne pas faire de choix ou moins en tout cas puisque Dieu a déjà décidé de l'avenir et veille sur le croyant. Le fait de ne pas croire en Dieu est donc plus lourd à porter car pour chaque choix ou décision que l'on prend, on est seul et on doit en assumer seul les conséquences. Un athé a donc plus besoin d'une soupape de sécurité, d'un sas de décompression, d'un moment où plus aucun choix n'est possible : se faire ligoter est une solution qu'à trouvé le cerveau.

En conclusion : complexification de la société + déchristianisation = essor du bondage

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Sayanel
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Ce que je déteste : La vulgarité

Re: Pourquoi on aime etre ligoter?

Message par Sayanel »

Ce n'est pas de moi, mais d'Agnès Giard (écrivain français, également journaliste, spécialisée dans les questions de sexualité) à propos du shibari :

Les cordes révèlent-elles quelque chose de notre personnalité ?

On ne se fait pas attacher pour faire joli. Les cordes engagent une forme de combat intérieur dont le visage de l’attaché(e) reflète souvent les péripéties. C’est un combat qui mène au renoncement, au sacrifice non seulement de son autonomie physique mais mentale. Il faut être capable de s’en remettre entièrement à l’autre. Cela demande un lâcher-prise qui ressembler à celui de l’agonie. Lorsqu’on se fait attacher, il peut y avoir des moments de panique ou de claustrophobie, des moments durant lesquels on se dit qu’on va mourir ou devenir fou… Mais si l’autre a de l’autorité, les bons gestes, les mots qu’il faut, vous parvenez à surmonter la peur et vous entrez dans une sorte d’état second provoqué par l’adrénaline. (…) Ils ou elles se lovent dans les cordes et reviennent en enfance. il y en a qui engagent un duel avec la personne qui les attache. Il y en a qui, au contraire, s’abandonnent totalement, se pâment et s’envolent avec l’impression de se détacher d’eux/elles-mêmes. Le fait d’être serré parfois très étroitement par les cordes, les bras dans le dos, les jambes saucissonnées est très libérateur. C’est le paradoxe des pratiques d’incarcération, d’isolation en caisson, de compression.

Comment expliquer qu’en délimitant l’espace d’une femme-d’un homme, celui-ci ou celle-ci accède à une plus grande liberté ?

Asagi Ageha, performeuse très connue au Japon dans le milieu du shibari révèle que les séances de corde lui procurent les mêmes sensations qu’un double-looping de montagne russe : l’impression d’être en apesanteur. « Il y a un paradoxe avec la corde, explique-t-elle : plus on est serrée, plus on a l’impression de s’envoler, libre. Probablement parce que ça rappelle quand la maman vous serrait très fort dans ses bras ou quand vous étiez à l’étroit dans la matrice. J’aime ne plus être qu’un objet sans défense, dont on peut faire ce que l’on veut. Quelqu’un s’occupe de moi et me couve, me berce, m’enveloppe. C’est si agréable. » Ageha semble brusquement lâcher prise. Plus de responsabilités. Juste se laisser enrober, enlacer, par un réseau de sensations tactiles qui forcent l’être à abandonner tout ego. Elle est dans le non-agir. Elle n’est plus que du plaisir, sa peau devient sa seule conscience… Il y a une forme d’abandon ou de ravissement dans cette pratique érotique.

Tout au long de l’attachement, notre guide a insisté pour que nous regardions le visage et en particulier les yeux de la personne attachée. La beauté du bondage se situe là précisément ?

La beauté est dans l’émotion que dégage la scène, dans le trouble manifesté par les acteurs. Il ne s’agit pas de « faire de l’art », mais de « faire de l’émotion », et qu’il est parfois nécessaire de détruire la beauté, d’humilier quelqu’un, de le mettre cul par-dessus tête, de l’enlaidir. Parce que la beauté est un masque et qu’il faut faire tomber le masque, afin que surgissent des choses plus profondes de l’ordre de la colère, de la peur ou de la honte. Au Japon, en tout cas, c’est le but. Le shibari doit servir de révélateur. C’est une action violente pour forcer la personne attachée dans ses retranchements les plus intimes. C’est quand elle « tombe le masque » qu’une femme se montre à nu, surtout dans ce pays qui accorde aux yeux la même valeur qu’au sexe chez nous. Les yeux font l’amour. Une personne aux yeux renversés, qui bascule dans ses émotions, c’est quelque chose de très troublant, parfois même bouleversant, à voir. Le shibari montre cela à voir : l’ouverture de l’âme.
L'amour consiste à ouvrir des portes et des fenêtres, pas à bâtir des prisons.
Jylhano.kabook.fr

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