Bondage all over the world ...

[Paddy]

Avez-vous remarqué que la perception du bondage, la façon même dont il est pratiqué, la connotation, varient d’un pays à l’autre … ?

Prenons par exemple, le Japon, pays du shibari par excellence, le bondage y est considéré comme un art à part entière, avec des maîtres bondeur. L’approche est très cérébrale, les cordes et la façon dont elles sont nouées, le visuel, symbolisent la relation qui existe entre les deux partenaires. Il y a à travers ces mises en scène un mélange de rudesse (le corps noué, contraint, immobilisé par une corde que l’on devine rugueuse) et de douceur (le corps d’une femme, sa sensualité, sa souplesse).

C’est très propre au Japon. Comme on retrouve aussi énormément au Japon un goût prononcé pour le bondage de femmes costumées (en geisha, écolières, hôtesses de l’air, etc …) et un fétichisme évident pour les petites culottes blanches visibles à travers le voile d’un collant. La corde est l’accessoire privilégié par les maîtres, et le bâillon n’est pas systématique, il est même le plus souvent absent en shibari.

Par ailleurs, dans la branche S.M. du bondage, les japonais ont un faible pour la domination féminine avec des dominatrices en général très cruelles, voire violentes… Mais, cela s’accorde plutôt bien avec l’idée qu’on se fait du Japon …

On peut résumer tout ceci en constatant que le bondage est un art de vivre au Japon qui témoigne de la relation traditionnelle entre les hommes et les femmes dans leur société.




D’autres pays sont à venir, mais je vous invite à compléter par vos propres connaissances sur d’autres pays du monde.

[sakura]

Excellent, j'ai adoré, en même temps les japonais ont de bons goûts pour la mode et aussi pour les uniformes ultra sexy pour les filles.

Peut etre que j'en ferais un pour la ........... Russie.

[Paddy]

Je ne connais pour ainsi pas le bondage « à la russe ». Le peu que j’en connais est un bondage « scénarisé » genre mafia russe, avec cependant de magnifiques créatures féminines aux jambes et mini jupes affolantes … Cela m’intéresserait beaucoup d’en connaître davantage.

Traversons la Manche (the « famous Channel ») pour faire un tour au Royaume Uni. Là-bas, le caractère étonnant de ses habitants, leurs manières, leur façon de vivre, etc …, transparait dans leur pratique du bondage. C’est un pays où il y a peu de tabous finalement, un pays où la liberté est une conception de vie en commun, avec très peu de règles écrites et de lois. Les habitants du Royaume Uni sont naturellement curieux et ouvert d’esprit. Le bondage est une pratique sexuelle comme une autre, qui n’a pas de connotation malsaine, et on trouve tous les genres en la matière, des plus soft, au plus hard. Tout au plus, la population homosexuelle travestie est plus représentée qu’ailleurs mais, au même titre que les phoques, la réputation des anglais n’est plus à faire en ce domaine …

En revanche, il existe une spécificité en matière de pratique du bondage chez nos chers cousins, c’est le goût marqué des hommes pour la domination féminine et l’obéissance dans un cadre très victorien. On trouve ainsi pas mal de sites de manoirs, transformés en école de dressage pour soubrettes, menés de main de maître(sse) par des femmes d’allure stricte et très autoritaire. Ces malheureuses soubrettes sont vêtues de manière assez ridicule, en robe courte de satin noire sur une triple épaisseur de jupons blancs en frou-frou, un tablier blanc et une coiffe de la même couleur posée sur une perruque, d’inévitables bas Full Fashion noir à couture, et des escarpins vernis.
L’éducation de ces pauvres petites choses est rude, à base de service en tout genre à leur maîtresse, tous humiliants, dans un intérieur très cossu, rempli de meubles vernis, d’animaux en porcelaines et de cheminée monumentale.

Le bondage est un mode de punition pour les échecs, et c’est ainsi qu’on voit ces « sissies » déambuler les mains menottées devant elles (pour continuer à porter des plateaux), les chevilles entravés par des chaînes, et un bâillon boule rouge cadenassé dans leur bouche. Dans les cas de récidive, c’est le placard, étroitement entravées ou bien, plus souvent, la séance de fessée à l’aide d’une canne … Evidemment, la frustration fait partie de ce jeu d’humiliation, les pauvresses ne peuvent laisser leur excitation s’exprimer car mesdames leur imposent le port contraignant d’une cage de chasteté qui empêche toute érection du pénis …

Brrrr … ? ou Mmmmm … ?

[Télémaque]

Définitivement mmmmmm....
Merci Paddy pour ces voyages aux pays du bondage.
Très instructif.
Et au fait, la spécificité française, si elle existe, c'est quoi ?

[Paddy]

La spécificité française tient au caractère de confusion que la plupart des gens font dans notre pays, entre bondage et sado-masochisme, ce qui donne un caractère "pervers", "salement déviant", pour ne pas dire "dégoutant", aux jeux de bondage. D'où un côté underground, et non assumé, à l'inverse de ce que l'on peut voir dans beaucoup d'autres pays. Le bondage est d'ailleurs très souvent confiné et mis en scène dans des espaces aménagés en donjon, avec une connotation fortement sexualisée, forcée, dans un cadre de souffrance et de violence... Bref, pas une image légère et gaie, même si on suppose que cette pratique à la française est mutuellement consentie. Quelque chose de glauque, qui fait que quand on prononce le mot bondage, au mieux on a un sourire gêné et des rougissements, au pire les gens se pincent le nez avec une grimace éloquente...

La conséquence de cette connotation est le faible nombre de sites dédiés au bondage en tant que tel, en France, et non encapsulés dans un site SM.
Je n'en connais pas beaucoup, je pense quand même à ce site Tiedladies.com, tenu par un français mais au design et au contenu très anglo-saxon. On est dans l'univers soft du bondage façon DID (damsel in distress), donc sans nudité et encore moins de sexe. Le gars qui le gère (et le commercialise) s'appelle PHIL, et c'est par ailleurs un excellent cartooniste de bondage.
L'autre site auquel je pense, français également malgré son nom _ scarfetish.com_ est un superbe site ou de très jolies jeunes femmes se ligotent, se bâillonnent et s'aveuglent entre elles, exclusivement à l'aide de foulards. Cela donne de très jolis clichés et de belles vidéos, très colorés et satinés, où on adore voir ces jolies femmes se tortiller dans leur liens de soie en gémissant dans leur bâillon ...

[Paddy]

Traversons l'océan Atlantique cette fois, ci pour le nouveau monde .... les Amériques ...
Et particulièrement, les Etats Unis.
Pays des paradoxes et de la démesure, où la référence à Dieu est inscrite dans la constitution, où les églises évangéliques sont foison, où ils subsistent encore des populations pratiquant une religion chrétienne d'un autre age, voire sectaire (les Mormons dans l'ouest, les Hamish dans l'est), ce pays est pourtant celui des libertés, la 1ère étant la liberté d'expression. A ce titre, tout peut être mis sur internet, le bondage comme le reste, à ceci près que cette grande liberté américaine associée à leur sens des affaires, font du bondage une véritable industrie lucrative. Des milliers de sites de bondage et de BDSM, de tous genres, du plus mignon (le genre détective et DID), au plus trash, avec des spécificités selon ses fétichismes (et l'imagination humaine n'a pas de limite en la matière), l'accès au "vice" est un véritable marché économique, ayant pignon sur rue, avec ses conventions annuelles ... Les modèles les plus en vue dans cette sphère sont de véritables stars : Jewell Marceau, Jasmine Sinclair, Chrissie Daniel, Gina Rae, Kobe Lee, Kimberly Marvel, Akira Lane, Crystal Frost, Sandra Silvers, Kendra James, Ashley Rene, JJ Plush, etc ... et des dizaines d'autres que j'oublie. Les ligoteurs, appelés là bas les "riggers", sont tout aussi célèbres : Dominic Wolfe, Dave Gibson, Eric Cain, James Bertoni, Steve Villa, etc ...
C'est le pays de cocagne pour ceux qui aiment le bondage, quelque soit le style recherché, hommes-femmes, femmes-hommes (plus rare), femmes-femmes, hommes-hommes ...

Ce sont les Etats Unis qui m'ont ouvert le monde du bondage, via Harmony Concept, ses publications (Bondage Life en particulier), ses vidéos VHS, etc ... tout cela avant l'avènement d'internet. Cela avait son charme de commander ses revues par la Poste, auprès de quelque distributeur du côté de Van Nuys en Californie, avoir changé des francs contre des dollars, puis attendre quelques semaines pour aller chercher son "colis" cadeau en poste restante ... L'ouverture de ce colis était digne des cadeaux de noël de mon enfance ...

C'est sur internet que j'ai trouvé le meilleur site dédié aux travestis et au bondage, orienté "demoiselles" en détresse, Tranniesintrouble.com. Il est tenu par un Tv, nommé Sandra Gibbons, qui tantôt se met en scène ligotée, tantôt met en scène ses copines ... La qualité des bondages et des photos/vidéos est excellente, la personne est charmante et répond volontiers aux mails.
Il existe aussi quelques "riggeuses" de talent, je pense à Julie Simone, JJ PLush, Gina Rae, Kendra James, qui pratiquent indifféremment sur des femmes ou sur des hommes. Je connais même un site, Men in bondage, où de très jolies femmes ligotent des mecs dans leur tenue de tous les jours (costume, short, jean, etc ...) et de manière très pro.... Cela donne envie de tester.

Il est clair que dans ce pays ou le puritanisme est tout en apparence, finalement, il est possible d'affirmer ouvertement, publiquement, son orientation pour le bondage, qu'elle soit sexuelle ou non d'ailleurs. C'est un genre à part entière, et non un sous genre encapsulé dans le BDSM. Il est possible de s'afficher aimant le bondage sans être traité de pervers ... pourvu que cela ne soit pas outrancier.