Cadeau Sans Retour

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Pearl99
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Ce que j'adore : J'adore(rai) ligoter avec des foulards en soie. Ou ligoter tout court avec d'autres matériaux (mais particulièrement les foulards quand meme :p ).
Ce que je déteste : Pas grand chose. Sauf les jeux de douleurs qu'il peut y avoir :/
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Cadeau Sans Retour

Message par Pearl99 »

Hello à tous en cette periode de canicule !
Je reviens avec un nouveau récit, cette fois en one-shot. Je pense que c'est mon récit le plus personnel, et celui que j'ai préféré écrire. J'espère pour vous que vous le ressentirez.

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Quelle ordure que ce Delaunay ! Elle qui avait tant lutté pour gravir les échelons de sa société, qui avait tant sacrifié pour y parvenir ! Des larmes de rage étaient prêtes à sortir de ses yeux, cristallisant dans cette minuscule goutte d’infini une rage profonde et puissante. Elle aurait sa vengeance. L’humilier de la sorte, devant quelques-uns de ses collègues qui, honteux, avaient baissé la tête ou regarder ailleurs comme s’ils n’avaient rien entendu ou que leur esprit était fort loin.

« De toutes façons, on sait tous très bien comment tu l’as eu ton poste hein ! Le beau bureau en acajou de Trégovor, je me demande bien s’il est aussi sympathique en dessous… »

Devant son trait particulièrement disgracieux, Alicia n’avait pu qu’ouvrir la bouche dans un premier temps. Offusquée, elle avait vite repris ses esprits avant de le traiter de tous les noms. Elle lui avait mis une telle dérouillée verbale qu’il n’avait pu que rougir, sans mot dire. Il fallait dire que d’ordinaire, ses petites remarques elle ne les lui faisait pas payer. Mais le vase qui était sa patience avait fini par déborder, et le flot de la colère en était sorti.

Encore tremblante de rage, elle avait envoyé de nombreux messages à son petit ami, Jean-Baptiste, ou JB pour les intimes, pour lui raconter toute l’histoire. Aucune réponse. Pendant toute la journée, durant toutes les réunions qu’elle s’était farcie, aucune réponse. Il n’allait pas s’y mettre lui aussi ! Déjà que sa journée était assez pourrie comme cela…

Elle se massa le cou, douloureux. La lumière blafarde de l’écran de son ordinateur agressait ses yeux fatigués. L’heure était venue de quitter le bureau et de rentrer chez elle. D’en finir avec cette journée, surtout. De tourner une page, comme si la simple interruption nocturne permettait d’effacer magiquement les traces d’une blessure diurne.

Elle ne prit pas même le temps de dire en revoir à ses collègues. Elle n’en avait pas envie après leur attitude. Et, surtout, elle n’avait plus envie de parler. Elle n’avait fait que cela de toute la journée, et sous tous les thèmes possibles : invectives, cajoleries vis-à-vis d’une de ses collègues qui avaient appris la tromperie de son mari, autoritaire dans une réunion d’équipe, experte devant son Powerpoint pour un client, et suppliante et fragile devant la boite vocale de JB. Ce tourbillon de paroles et de bruits finissaient par fatiguer, et elle en venait a n’espérer que le silence.

Dans l’ascenseur qui l’amenait au bas de sa tour, elle eut tout le loisir de se reluquer. Ses traits tirés par la fatigue et le stress ne parvenait pas à amoindrir le charme qui jaillissait de ses yeux et de sa bouche rieuse. Une aura émanait d’elle, à dire vrai. Jolie, elle l’était, sans être un canon de beauté. Mais l’énergie, le dynamisme et ce charme que nul ne pouvait expliquer garantissaient un pouvoir d’attraction bien supérieur aux plus sublimes créatures.
Ses cheveux bruns allaient parfaitement avec ses yeux bleu clair. Yeux qui trahissaient sa profonde intelligence, son insatiable curiosité et son espièglerie. Son foulard en soie rouge et or de la marque Hermès allait parfaitement bien avec sa veste noire, assortie d’une jupe fluide en satin noir et d’un chemisier blanc. En cette soirée, après ce jour aussi déplorable, elle ne faisait que noter les imperfections. Comme le grain de beauté sous sa lèvre, ses cernes plus prononcées qu’habituellement, ou encore la ride de son front qui, pour Alicia, semblait s’être enracinée en une journée.

Tout à ses soucis, elle parcourut la ville grâce aux métros et à une bonne marche énergique. Cette activité lui permettait bien souvent de chasser les mauvaises pensées et de se focaliser sur l’important, comme sa relation avec JB. Mais, avec son absence assourdissante, même cette pensée la terrifiait. Plus elle y pensait, plus elle craignait et s’angoissait. Que se passait-il ? Lui qui était d’ordinaire si présent…

Ses pensées tumultueuses la suivirent jusque devant la porte de son appartement, qu’elle partageait avec son compagnon. L’angoisse de l’ouvrir lui tordait le ventre. Et si elle découvrait des choses ? Voir JB avec une autre femme, nu, l’achèverait. Elle n’était pas superstitieuse, ou si peu, mais lorsqu’une journée se passait mal, elle avait l’impression que tout allait suivre durant ce même jour. Jusqu’à ce qu’elle dorme. La nouvelle aube entraînant de ce fait un changement de la roue de la chance.

Avec une minutie extrême, elle rentra la clé dans la poignée de la porte. Elle la tourna, et le clic, si terrible car il était le dernier cadenas avant la potentielle découverte d’une vérité horrible, se fit entendre. D’habitude ordinaire, ce son avait cette fois-ci une teneur plus froide et sinistre. Comme si les pendules du destin s’enclenchaient sur des rouages dramatiques. Alicia aimant bien les métaphores fleuries qui jaillissaient dans son esprit lors des moments de joies ou de tristesses, cette situation n’en fit pas exception, et une attira son attention. Elle parvint même à lui tirer un sourire malgré son état. Ce clic ressemblait aux rails grinçants de la fatalité sur lesquels glissaient le wagon de l’oppression.
La porte s’ouvrit sans bruits. Elle ne donnait que sur une obscurité abyssale. Pas un bruit.

« JB ? » appela-t-elle. L’angoisse était palpable dans le timbre de sa voix. JB n’avait aucune raison de ne pas être là, il finissait toujours son travail avant elle, et il ne l’avait pas tenu au courant d’une quelconque sortie. Elle fit quelques pas dans le couloir qui menait au salon, puis à leur chambre, dépassant les entrées des salles de bain et toilettes.

« JB ? Tu es là ? Mon chou ? » recommença t’elle désespérément.
Derrière, un frottement. Une ombre furtive. Elle n’eut même pas le temps de se rendre compte de quoi que ce soit qu’un tissu fut enfourné dans sa bouche avant qu’un autre, dont le centre était roulé en boule, s’enfonça profondément dans sa bouche.


« Chuuuuuut… Calme-toi, ma chérie. » La voix de JB glissa dans son oreille, étouffant la peur sourde qui faisait battre son cœur à toute allure. Elle aurait voulu dire à son amant à quel point elle était soulagée de le savoir ici, présent, mais elle ne le pouvait pas. La boule qu’il lui avait enfoncé dans la bouche avait été solidement ancrée. Elle savait ce que c’était désormais : un foulard dont le centre avait été roulé en boule, et noué derrière sa nuque. Le silence était son royaume désormais. Elle avait perdu sa capacité de répondre intelligiblement.

Alors que JB la déshabillait progressivement, ne lui laissant que ses sous-vêtements et son foulard, il lui chuchotait de douces paroles :
« Je sais que tu as eu une dure journée de travail, alors j’ai décidé que ce soir, c’était ta soirée. Je te demande de ne plus être consciente de ce qui t’entoures. Je te demande de te replier en toi-même et de n’écouter que tes sensations. Il n’y a que toi qui compte en cette soirée. Personne d’autre, pas même moi. »

Comprenant les deux dernières phrases, elle se tendit, voulant protester. Non, elle n’avait pas à être la seule qui recevait. Elle pouvait aussi donner, en retour. Elle pouvait lui démontrer une fois de plus son amour, hymne qu’elle avait cru perdre dans de fous moments où son esprit accablé broyait du noir. Son petit ami, la connaissant parfaitement, la tourna sèchement, avant de lui poser un doigt sur la boule tendu qui scellait ses lèvres.

« Non ! Je m’en fous que tu cherches à me rendre la pareille, par gratitude ou je ne sais quoi. Pas de ça, ce soir. Ce soir, c’est un cadeau, qui n’amène aucun retour. Replis toi dans ton silence pour percevoir, pour ressentir et ne te préoccuper uniquement de toi. »

Alors seulement elle l’écouta. Elle tenta de se replier en elle, ce qui était d’autant plus aisé que le silence lui était imposé par ce bâillon. Oui, décidément c’était le bon remède à son mal-être journalier. Elle qui ne faisait que communiquer, qu’évoluer dans le bruit, devait désormais se réfugier dans un abîme de silence, seulement interrompu par le bruissement des foulards que son homme utilisait pour lui lier les poignets dans le dos, puis les bras et les coudes. L’imaginaire de son ravissement se rappela à elle. Elle était libérée de l’impératif de s’exprimer, de jouer un rôle. Moins elle communiquait, plus elle se tournait vers son intériorité. Ces sons ne brisaient pas l’insonorité. Il l’accompagnait, lui tendait la main pour qu’il puisse prendre la pleine conscience de sa proportion. Dans sa rythmique même, le chuchotement du tissu soyeux le créait.

Une main prit le foulard qui pendait à son cou, et le tira dans une direction, la forçant à la suivre. Le travail que JB avait effectué dans son dos afin de bloquer ses bras était impressionnant. Elle avait beau tenter, rien ne parvenait à briser le joug qu’il lui avait imposé.

Ses seins, tendus sous le tissu de son soutien-gorge, ressortaient particulièrement grâce aux deux bandes de soie qu’il avait habilement passé dessus et en dessous, en serrant au maximum. Un coup d’œil vers le bas la rasséréna : elle devait avouer que même elle aurait bien eu envie de gouter à des mamelons gorgés d’envie comme ceux-ci. Encore une fois, il parvenait à les mettre en valeur, lui redonnant confiance en elle. Elle qui se trouvait laide voilà quelques minutes, c’était désormais le contraire. Elle se sentait désormais désirable et désirante.

Alors qu’elle se tortillait pour tester les liens, les foulards en soie caressait doucement sa peau autour de sa poitrine et de ses bras. Elle se gargarisait de cette sensation qui l’effleurait. L’ineffable émoi qui la saisissait alors que le velouté du tissu embrasait sa peau. Sortant de sa transe, elle se rendit compte qu’elle bavait abondamment dans la boule de tissu coincée dans sa bouche : elle était désormais complètement imbibée, et le foulard qui lui scellait les lèvres commençait à son tour à essuyer la semence de l’émotion de sa captive. Bientôt, il ne serait plus assez pour retenir ce flot.

Ce détail n’avait pas échappé à JB qui la regarda droit dans les yeux avant de lui sourire. Il avait compris. Il la fit doucement s’allonger sur le lit, et lui retira son string. Prenant tout son temps, il commença à lui caresser, à l’aide de ses mains et de ses lèvres, chaque partie de son corps. Pas une ne devait y échapper. Le désir montait, alimenté par ses touchers sensuels. Sa salive, qui ne pouvait plus être contenue coulait désormais le long de son menton, pour finir sur le creux de ses seins, accroissant davantage encore son bouillonnement. Elle ne pouvait rien faire.

Pas plus que de pouvoir crier son envie, son plaisir, elle ne pouvait empêcher la pluie de sa salive. Le flot de la parole s’était tari pour laisser la place au flux du plaisir muet. Son écume emportait ses soucis, les extirpait autrement que par l’élocution.

Mais sa conscience restait trop présente, elle ne parvenait pas encore à lâcher totalement prise sur ses sensations. Peut être à cause de la bave qui coulait le long de son corps, l’érotisant, ou bien de sa vision qui n’était pas obscurcie et dont elle n’arrivait pas encore à se départir totalement.

Toujours est il que son amant le comprit, comme il le faisait toujours. Doté de sa merveilleuse faculté de compréhension, elle n’avait pas toujours le besoin d’exprimer ce dont elle avait besoin, il le ressentait.

Et c’est pourquoi il prit deux nouveaux foulards, l’un qu’il enfourna, après avoir temporairement enlever celui entre les lèvres, dans la bouche de sa dulcinée afin de la recombler. L’autre qu’il prit épais, rouge et vert, et mis à plat sur les lèvres charnues de sa belle, les recouvrant entièrement. Désormais, rejoignant sa parole, sa salive ne pouvait plus s’arracher de son corps, captive forcée.

L’obscurité la recouvrit alors qu’il posait un autre tissu soyeux sur ses yeux. Quel sens lui restait-il ? Il ne subsistait plus que le seul saisissement de sa peau qui frémissait sous la langue et les doigts de son aimé. Elle sentait sa conscience progressivement sombrer, se recroquevillant en son moi-intérieur. Elle demeurait désormais seule au monde. Incapable de pouvoir faire preuve de la moindre volonté, si ce n’est de recevoir les caresses et baisers d’un être extérieur qui lui voulait tant de bien. Elle ne sentit qu’à moitié ses jambes qui ployèrent, les cuisses rejoignant les mollets. Pas plus que les nouveaux liens satinés qui s’enroulèrent autour de ses béquilles, les soudant solidement. Non, la plupart de ses sens s’étaient rétractés, enfouis en son être. Elle n’en avait plus besoin car la tranquillité qui émergeait, omnipotente, lui garantissait une paix salvatrice.

Seuls comptaient désormais la soie qui la touchait sensuellement tout le long de son corps, les baisers de son amant et elle. Sa langue traçait un sillage de feu sur sa peau. Son cou, ses oreilles, sa poitrine, ses seins, son ventre, l’intérieur de ses cuisses, tout y passait. La langue commettait des ravages, la laissant ébahie et humide. La sueur de son plaisir ruisselait par les pores de sa peau.

Soudain, tout s’arrêta. La langue partit. Elle entendit un vague bruit, comme si l’être qui la torturait sensuellement s’était évanoui. Elle restait donc avec ses liens qui l’enserraient voluptueusement. La caresse de la soie la maintenait dans cet éveil érotique profond et silencieux. Elle n’avait pas envie de manifester son plaisir par des sons étouffés. Nul besoin. Son ressenti était interne, et son amant ne voulait pas qu’elle le manifeste, pour lui. Son cadeau devait être intérieur, rien que pour elle.

Elle joua avec ses liens, les éprouva. Rien ne bougeait, si ce n’est son corps qui se tordait dans ses sangles sans pouvoir s’en défaire. Elle nageait dans un océan de douceur.

La morsure du froid la fit émerger légèrement de sa transe, la ramenant à une semi-conscience. Les glaçons qui tentaient tant bien que mal d’amoindrir le feu de sa peau la parcouraient, en s’appuyant particulièrement sur ses tétons. Sa conscience n’était que partiellement revenue pour mieux replonger. Les abysses de son besoin l’avalaient de nouveau, dans ce cocon si prodigieux.
Le glaçon descendit alors, sentant sa fin arrivée alors que l’eau qui le composait s’épuisait. Tentant un vain dernier coup d’éclat, il se rendit au creux de la crinière chatoyante du bas de son ventre. Son clitoris humidifié par son excitation lui procura un sursaut alors que la glace le touchait. Sursaut qui ne fut pas suivie d’un son, car elle s’y refusait. Non. Elle restait dans le simple cri silencieux de la soie.

Le glaçon, alors, finit sa vie le long de la verge, avant de s’éteindre définitivement, sans but aucun. Il fut rapidement remplacé par la langue. La pernicieuse et si bonne langue qui joua avec ce bout de chair si apte au plaisir. Habilement, la langue sut appuyer aux bons endroits, au bon moment, dans le bon rythme. Elle la connaissait après tout. Elle savait ce qu’elle appréciait. Elle utilisait ce savoir pour l’amener peu à peu au point de non-retour.
Experte, elle le frôla. Puis elle disparut de nouveau. Ombre de malice qui semblait danser tout autour d’elle sans qu’elle ne puisse jamais la voir. Le silence total se fit de nouveau dans son monde. Alicia ne pouvait que percevoir sa propre respiration, ses propres pensées qui resurgissaient alors que l’excitation, la frustration et l’envie l’emportaient.

Une caresse d’une pureté sans éclat vint la prendre. Sur ses seins se déplaça un foulard de soie, palpant doucement sa poitrine, l’épousant et la stimulant. Comme un fin liquide onctueux se déplaçant au gré des envies et enflammant le cuir. Parfois, une main donnait une texture à ce fleuve de soie, et imprimait un désir. Elle malaxait un sein, jouant avec le téton à travers le tissu soyeux, ce qui ne laissait pas indifférente Alicia qui se tortillait sous l’effet. L’acmé était proche. Une acmé puissante, uniquement déclenchée par les zones érogènes de la poitrine, et de ce fait, bien rare. JB avait réussi à réveiller, ou plutôt leur faire découvrir à tous deux, la capacité d’Alicia de jouir d’un puissant orgasme à la stimulation soyeuse de ces endroits.

Pourtant, comme auparavant, la main soyeuse disparut lorsqu’elle sentit que son but approchait trop dangereusement. Le souffle haletant et étouffé, la sueur perlant de son corps soumis au plaisir le plus complet, doucereusement accompagnée de l’inassouvissement qui le suivait, pour ce soir-ci, sournoisement comme son ombre.

Le temps se fit sentir. Il s’étalait paresseusement, comme s’il voulait que ce moment se permette de n’exister que dans une autre facette de la réalité. Seuls les ténèbres et le silence résonnaient actuellement, confiants de l’exposition que le temps leur donnait.

Enfouie qu’elle était dans ses strates de paix et de bien-être, elle ne parvenait pas à attraper ce temps qui s’enfuyait. Pour tout dire, elle n’en avait rien à faire. Elle ne cherchait pas à l’agripper et à le maîtriser, contrairement à ce qu’elle faisait durant chaque heure de chaque journée, ce qui l’épuisait continuellement sans qu’elle n’en ait forcément conscience. Elle le laissait glisser et l’envelopper. Elle lâchait prise, se découvrant une liberté toute nouvelle qui consistait, cette fois, à comprendre que le contrôle total n’existe pas et n’est qu’une projection de peurs naturelles et humaines face à l’inéluctabilité du hasard des choses. Se libérer de ce carcan destructeur et oppressant, comme elle parvenait à le faire actuellement grâce à la sagesse de son amant, lui prodiguait un sentiment de toute puissance et de bonheur qu’elle n’avait encore jamais ressenti. Une toute nouvelle forme dont elle se faisait l’exploratrice.

Ayant pris conscience de cette nouvelle réalité, la main enveloppée de soie et la langue de feu revinrent. Elle, qui était toujours aussi excitée malgré le temps écoulé, accusa le choc.
Cette fois, les deux se firent plus pressantes. La main toucha, malaxa et caressa ses seins et ses tétons. La langue alla droit au but et joua avec son sexe. La vague de plaisir qui s’abattit sur elle fut assommante. Puissante. Monumentale. D’ordinaire, elle aurait hurlé, crié de plaisir, même si elle était aussi solidement bâillonnée qu’actuellement. La soie les aurait étouffés, les changeant en douces complaintes aux oreilles de son soupirant. Mais pas là, elle restait en elle. Ses cris et ses hurlements physiques se transformaient en rugissements silencieux et intérieurs.

Même lors de son orgasme et de sa jouissance, qui jaillit par son orifice pour aller inonder la langue qui continuait de prodiguer ses bons soins, accentuant les vagues de plaisir qui l’envahissaient impitoyablement. Même lors de la conjugaison du plaisir ressentit par les seins qui vint s’y joindre. Pas une fois elle ne plia, et ce sans faire appel à une quelconque volonté. Elle était partie trop loin, tout simplement, pour avoir besoin de recourir aux sons.
Son corps trembla fortement devant l’une des jouissances les plus puissantes qu’elle ait connue. Ses liens de soie se tendirent sous la pression.

Plaisir. Puissance. Elle n’avait plus que ces quelques bribes de mots en tête sous les secousses de félicité.

Puis, fatalement, le plaisir finit par cesser. Elle se retrouva de nouveau dans toute son entrave, qu’elle avait même oublié auparavant, ses mains liées dans son dos, ses jambes soudées et les foulards qui lui remplissaient et scellaient sa bouche. Elle mit un temps infini à émerger, à reprendre conscience. Son esprit passait les strates dans lequel il s’était enfoncé avec une magnifique lenteur. Ses sensations revinrent. Le goût de la soie et sa caresse sur ses lèvres et ses joues se firent de nouveau sensuellement présents. Ses oreilles s’ouvrirent au monde. Sa peau se reconnecta avec ce qui l’entourait.

Enfin, des mains défirent peu à peu les liens qui l’attachaient. Ses jambes, d’abord. Puis ses bras et ses poignets. Et enfin la main vint vers le foulard qui masquait le bas de son visage et maintenant le paquetage dans sa bouche. Elle lissa la soie, profitant de sa douceur, avant de défaire le nœud. Les foulards, imbibés ou non, furent enlevés. Sa langue put retrouver sa mobilité. La main partit vers le foulard qui lui ôtait la vue, mais elle la stoppa. Elle voulait garder cette obscurité bienveillante qui la recouvrait.

Malgré le monde du bruits dont elle s’était libérée, un mot finit par franchir ses lèvres avant qu’elle ne s’endorme. Un mot soufflé, chuchoté faiblement mais avec une puissance de cœur qui véhiculait bien plus de sentiments que des mots violemment décrétés. Un mot qui résumait parfaitement.

« Merci. »

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Mad Hatter
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Re: Cadeau Sans Retour

Message par Mad Hatter »

Un don de grande qualité.
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fredchl
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Re: Cadeau Sans Retour

Message par fredchl »

C'est très beau et bien écrit. :bave:
Moi qui m'attendais plutôt à une vengeance entre collègues, j'ai été surpris de la suite de ton récit.
C'est sensuel, subtil, hyper bien écrit, le détail est là, quasi orgasmique comme pour Alicia plongée dans cet érotisme torride. :bravo:

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