Le bondage est-il quelque chose de mal ?

Un peu de sérieux pour philosopher autour du bondage et repartir plus intelligent
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apretadito
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Ce que j'adore : Me sentir restreint, tenu, ligoté bien serré dans des liens de chanvre, en tant qu’ils symbolisent les liens de l’Amour et qu’ils aiguisent l’attention à l’Autre. Je ne dédaigne pas de le switch cependant, m’efforçant aux meilleurs soins quand je me retrouve à ligoter ma soumise temporaire.
Ce que je déteste : La recherche d’humiliation, de douleur, de scatologie, de pouvoir ou d’argent dans les jeux de ligotage, que je limite strictement à ma sphère privée.
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Re: Le bondage est-il quelque chose de mal ?

Message par apretadito »

Pour apporter mon grain de sel à cette discussion, les doutes exprimés par Fred me semblent fort respectables. Amateur de bondage, et le pratiquant avec ma belle dame, je m’efforce de déterminer si à un moment donné je ne pousse pas le bouchon au-delà du respect dû à l’autre, y compris en recherchant son adhésion par des pressions relationnelles peut-être pas intégralement honnêtes.

Le bondage ne me semble pas différent d’autres arts plus ou moins « martiaux » tels que la boxe, le karaté, le tir etc. Ils mettent en jeu nos instincts agressifs et nos pulsions primitives, mais avec le but de les sublimer et d’en tirer le meilleur pour nous-mêmes et les autres. Il y a des individus violents prompts à boxer autrui à la moindre contrariété; mais je ne leur identifie aucunement les boxeurs sportifs. Dans le bondage tel que nous visons à le pratiquer, le but n’est pas de nier nos pulsions sadiques sous-jacentes, mais bien plutôt de mettre à profit leur énergie pour les sublimer dans une direction sensuelle, esthétique et érotique, tout en rejoignant la sensualité, l’esthétique et l’éros de l’autre — ce qui implique le respect intransigeant de sa personne. Il s’agit de découpler ces instincts des pulsions sadiques, morbides et mortelles auxquelles ils sont naturellement couplés quand nous sommes en situation d’attaque ou de défense vitale…

Konrad Lorenz, dans son ouvrage « l’agression », explique qu’au cours de l’évolution des espèces animales l’Amour est apparu en dérivant de la violence, comme le baiser de la morsure. Le bondage n’est-il pas finalement l’art de nouer des liens ?

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Woody-Woodpecker
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Ce que j'adore : J'ai des plaisirs simples : me laisser ligoter solidement, rester un assez long moment à sentir l'étreinte des cordes et à m'agiter dans mes liens comme un ver de terre !
Quant à ce qui peut venir se greffer à ce type de jeu, j'ai testé une fois la cire de bougie, j'en garde un assez bon souvenir ! Je tolère la douleur, certes, mais à très petite dose et d'une manière générale, je suis pas fan du côté BDSM-cuir-martinet. J'aime bien le ligotage avec cordes, ruban adhésif et bandanas, en portant des vêtements de tous les jours.

J'aime aussi attacher (parce que c'est toujours sympa d'avoir quelqu'un à saucissonner !) mais je préfère tout de même être celui qu'on attache.

Et en dehors du bondage, j'aime lire, dessiner, passer des heures sur Netflix, Amazon Prime, etc. Et je prends autant de plaisir à regarder Kaamelott ou House of Cards qu'à lire Les Misérables !
Ce que je déteste : Dans le bondage, il n'y rien que je déteste foncièrement. Il y a des choses que je tolère, comme les chatouilles ou la douleur légère.
Dans la vie, c'est autre chose ! Mais je n'ai pas envie d'étaler là la somme de ce qui peut me mettre hors de moi, tâchons de rester sur une note positive 😇.
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Re: Le bondage est-il quelque chose de mal ?

Message par Woody-Woodpecker »

Bonjour,

J'ajoute ma pierre à cet édifice, mais ce qui suit est un peu long.

J'ai 33 ans et suis attiré par le bondage depuis toujours.
J'ai toujours voulu qu'on m'attache, ou attacher.
C'est un désir qui prend racine je ne sais quand, je ne sais comment dans mon enfance, qui semble avoir toujours été là, chronique, permanent, qui ne me quitte jamais. Pas une journée ne passe sans que j'aie envie qu'on m'attache. Un désir un poil obsessionnel et indissociable d'un profond sentiment de honte aussi... J'ai toujours tenu cette inclination pour anormale, perverse et l'ai donc tue très longtemps. Aujourd'hui encore, si je peux facilement écrire là-dessus, c'est en revanche d'une voix mal assurée que j'ose à peine l'évoquer oralement, face à quelqu'un.

Vers 9 ou 10 ans, il y avait une BD - Tintin au Congo - que j'aimais bien feuilleter. Je me fichais de l'histoire (je suis incapable de vous la raconter d'ailleurs), je m'attardais uniquement sur les vignettes où l'on voyait Tintin se faire ligoter, en songeant que ce serait cool de reproduire ce que je voyais. À 9 ans, j'ignorais qu'on pouvait le faire, qu'on pouvait jouer à s'attacher, qu'on en avait "le droit". C'était donc quelque chose que j'allais garder pour moi et pour très longtemps, un secret qui n'allait pas franchir les frontières de ma chambre où, faute de pouvoir partager ça avec quiconque, il m'arrivait de m'attacher moi-même (non sans m'être préalablement assuré que personne ne ferait irruption dans ma chambre à ce moment-là !).

Quelque 24 ans plus tard, au moment où j'écris, j'oscille encore entre m'assumer intégralement et fuir ce que je suis. Être moi-même avec tout ce qui fait que je suis moi, et faire comme si je n'étais pas ce que j'étais.

Je le sais, la rengaine est connue : le bondage, le SM, etc., est-ce bien ou mal ? Simples fantasmes pour les uns, délires pervers pour les autres... Je pars du principe qu'à partir du moment où tout le monde est consentant, il n'y a aucune critique à émettre... mais je suis toujours plus dur avec moi-même qu'avec les autres ! Pour que vous puissiez totalement saisir ma pensée, je dois vous préciser une chose. C'est à la fiction que je dois mes premiers émois bondagesques. C'est elle qui a révélé chez moi cet attrait pour le ligotage, à travers des scènes de film, des morceaux d'épisodes de série TV où le méchant, triomphant du héros et n'ayant plus d'autre choix que de se débarrasser de lui, ligotait alors solidement le malheureux avant de le jeter dans un fleuve, de l'abandonner en travers d'une voie de chemin de fer ou auprès d'une bombe à retardement, et laissait ainsi le héros face à une mort certaine.
Ces images-là m'ont marqué suffisamment pour associer, plus ou moins consciemment, bondage, sadisme et mort. Quand le héros n'a plus que quelques minutes pour se libérer de ses liens, c'est à la mort que ses liens le condamnent, c'est précisément l'excitation que produit chez moi ce genre de situation qui m'incline à penser que c'est malsain, que je suis peut-être un chouia psychopathe sur les bords et qui m'empêche de me dire avec sérénité : "C'est bon, en fait, c'est pas grave d'aimer se faire attacher, tu peux t'assumer". Ce n'est certes pas la mort en elle-même qui est source d'excitation mais la cruauté du ligoteur et la détresse du ligoté.

J'ai déjà pratiqué le bondage, je me suis déjà fait ligoter plus d'une fois, jamais bien sûr dans les conditions évoquées plus haut (engin explosif, rivière et chemin de fer !) mais dans le confort et la sécurité d'une simple chambre à coucher. Je n'ai pas besoin de me retrouver dans des situations périlleuses pour ressentir du plaisir à être attaché (très) solidement. Mais je culpabilise à en ressentir aussi malgré moi quand je regarde un film où quelqu'un est ligoté par un tueur sadique et sur le point de connaître une fin atroce.

Quel est votre sentiment là-dessus ?
J'ai ouï dire un jour qu'une corde pouvait éventuellement servir à autre chose qu'à se ligoter...🤔

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B-n-L
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J'adore particulièrement être ligoté et bâillonné de la tête aux pieds par une ou plusieurs filles (ou en self), sentir que les liens emprisonnent tous mes membres et ne me laissent d'autre possibilité que de me débattre en vain en poussant des petits cris étouffés. Je suis aussi un fan de jeux de rôle lors desquels je prends au piège et je me laisse prendre au piège, j'ai plus un côté Switch que soumis :)
Ce que je déteste : La douleur pendant les jeux, la maltraitance, l'inauthenticité, l'homophobie. Et aussi qu'on m'attache sans bâillon :D
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Re: Le bondage est-il quelque chose de mal ?

Message par B-n-L »

Je me reconnais un peu dans ce que Woody raconte. Quand j’étais jeune, j’adorais voir les héros de fiction finir ficelés et réduits au silence. J'avais comme envie d'être à leur place, sans comprendre d’où me venait cette attirance. Je voulais aussi les attacher moi-même quand un épisode se terminait sans capture. Quand j’ai essayé, tout seul, pour de vrai, cet attrait s’est confirmé. Je me suis longtemps trouvé bizarre, et me trouve tjs un peu bizarre à l’heure qu’il est. Mais j'ai arrêté de voir cette pratique comme malsaine depuis longtemps.

Maintenant, je peux comprendre que ceux qui ne connaissent pas le bondage, ou n’aient jamais ressenti d’attrait pour les jeux à noeuds puissent être effrayés par de tels procédés.
Imaginez que vous croisiez, par hasard, quelqu’un qui serait attaché à un arbre en pleine forêt, ou que vous découvriez une personne ligotée et bâillonnée dans le coffre d’une voiture. Votre premier réflexe serait de lui porter secours, non ? Il ne vous viendrait pas une seule seconde à l’esprit de vous dire que cette personne est là de son plein gré, n’est-ce pas ? Ou qu’elle aime particulièrement sa situation actuelle ? Et en supposant que vous la libériez, si elle s’en plaint, vous la prendriez pour une vraie folle, non ?

Chez moi, la notion qui me permet d’assumer plus facilement mon attrait pour le bondage, c’est celle de désir.
Si une partenaire m'attache, je me dis que c’est pour que je ne bouge plus, que je reste à un endroit où elle pourra me retrouver. Elle trouve un intérêt à s’occuper de moi. A l'inverse, si je peux attacher une femme, c’est parce que j’ai envie de sa présence près de moi. Et si quelqu’un me libérait parce que j’étais en danger, c’est que cette personne désire que je reste en vie.

Quand je vois le plaisir que ces jeux me procurent, je ne les conçois plus du tout comme un vice. C’est une pratique certes très inhabituelle (et spéciale), mais je n’y vois rien de malsain à partir du moment où le consentement et la sécurité sont scrupuleusement respectés. Je me détends, je me sens bien, je ne regrette pas mes ébats. Je me sens même parfois de meilleure humeur après mes séances. Je suis juste content d’avoir franchi le cap. D’être en voie de satisfaire mes fantasmes.
Si t'as l'occase de m'attacher, saisis-la. Sinon, ne t'étonne pas si c'est toi qui finis prisonnière :D

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Woody-Woodpecker
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Ce que j'adore : J'ai des plaisirs simples : me laisser ligoter solidement, rester un assez long moment à sentir l'étreinte des cordes et à m'agiter dans mes liens comme un ver de terre !
Quant à ce qui peut venir se greffer à ce type de jeu, j'ai testé une fois la cire de bougie, j'en garde un assez bon souvenir ! Je tolère la douleur, certes, mais à très petite dose et d'une manière générale, je suis pas fan du côté BDSM-cuir-martinet. J'aime bien le ligotage avec cordes, ruban adhésif et bandanas, en portant des vêtements de tous les jours.

J'aime aussi attacher (parce que c'est toujours sympa d'avoir quelqu'un à saucissonner !) mais je préfère tout de même être celui qu'on attache.

Et en dehors du bondage, j'aime lire, dessiner, passer des heures sur Netflix, Amazon Prime, etc. Et je prends autant de plaisir à regarder Kaamelott ou House of Cards qu'à lire Les Misérables !
Ce que je déteste : Dans le bondage, il n'y rien que je déteste foncièrement. Il y a des choses que je tolère, comme les chatouilles ou la douleur légère.
Dans la vie, c'est autre chose ! Mais je n'ai pas envie d'étaler là la somme de ce qui peut me mettre hors de moi, tâchons de rester sur une note positive 😇.
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Re: Le bondage est-il quelque chose de mal ?

Message par Woody-Woodpecker »

B-n-L a écrit : 03 déc. 2022, 19:32 Je me reconnais un peu dans ce que Woody raconte. Quand j’étais jeune, j’adorais voir les héros de fiction finir ficelés et réduits au silence. J'avais comme envie d'être à leur place, sans comprendre d’où me venait cette attirance. Je voulais aussi les attacher moi-même quand un épisode se terminait sans capture. Quand j’ai essayé, tout seul, pour de vrai, cet attrait s’est confirmé. Je me suis longtemps trouvé bizarre, et me trouve tjs un peu bizarre à l’heure qu’il est. Mais j'ai arrêté de voir cette pratique comme malsaine depuis longtemps.

Maintenant, je peux comprendre que ceux qui ne connaissent pas le bondage, ou n’aient jamais ressenti d’attrait pour les jeux à noeuds puissent être effrayés par de tels procédés.
Imaginez que vous croisiez, par hasard, quelqu’un qui serait attaché à un arbre en pleine forêt, ou que vous découvriez une personne ligotée et bâillonnée dans le coffre d’une voiture. Votre premier réflexe serait de lui porter secours, non ? Il ne vous viendrait pas une seule seconde à l’esprit de vous dire que cette personne est là de son plein gré, n’est-ce pas ? Ou qu’elle aime particulièrement sa situation actuelle ? Et en supposant que vous la libériez, si elle s’en plaint, vous la prendriez pour une vraie folle, non ?

Chez moi, la notion qui me permet d’assumer plus facilement mon attrait pour le bondage, c’est celle de désir.
Si une partenaire m'attache, je me dis que c’est pour que je ne bouge plus, que je reste à un endroit où elle pourra me retrouver. Elle trouve un intérêt à s’occuper de moi. A l'inverse, si je peux attacher une femme, c’est parce que j’ai envie de sa présence près de moi. Et si quelqu’un me libérait parce que j’étais en danger, c’est que cette personne désire que je reste en vie.

Quand je vois le plaisir que ces jeux me procurent, je ne les conçois plus du tout comme un vice. C’est une pratique certes très inhabituelle (et spéciale), mais je n’y vois rien de malsain à partir du moment où le consentement et la sécurité sont scrupuleusement respectés. Je me détends, je me sens bien, je ne regrette pas mes ébats. Je me sens même parfois de meilleure humeur après mes séances. Je suis juste content d’avoir franchi le cap. D’être en voie de satisfaire mes fantasmes.
Même après m'y être adonné à plusieurs reprises (et avec un immense plaisir^^), je ne suis paradoxalement pas encore définitivement à l'aise avec le fait d'aimer le bondage, mais pourtant je trouve tout ce que tu dis très juste.
J'ai ouï dire un jour qu'une corde pouvait éventuellement servir à autre chose qu'à se ligoter...🤔

GrafZahl
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Re: Le bondage est-il quelque chose de mal ?

Message par GrafZahl »

La semaine dernière, j'ai vu le film "La Disparition d'Alice Creed". Gemma Arterton en passe une belle partie attachée à un lit. Mais là, je n'ai pas apprécié le bondage, pas du tout. Même quand on lui coupe les vêtements et la rend nue, quelque chose qui normalement serait très excitante pour moi.

Mais elle est une très bonne actrice, elle hurle et pleure dans le bâillon. On croit vraiment que c'est traumatique pour elle, et je ne sentais rien que pitié pour elle.

Et voilà : Le bondage, par contraste avec "attacher une victime d'un crime", c'est le même comme le sexe par contraste avec le viol. Ce serait pareil de demander: "Le sexe, est-il quelque chose du mal?" et ne penser qu'au viol !

Franchement, je suis fâché avec ces criminels qui attachent leurs victimes contre leur gré. C'est comme s'ils profanent une chose qui peut apporter tant de plaisir aux bénévoles.

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