Les Aventuriers Du Bondagistan

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dark gentleman

Les Aventuriers Du Bondagistan

Message par dark gentleman »

Bonjour à toutes et à tous, voici une nouvelle histoire dans un style assez différent des précédentes. Bon voyage, bons frissons et bonne lecture :-)

Chapitre 1

-Du cirque ?! S'exclama-t-elle outrée. Un vulgaire spectacle de cirque ?! Si vous croyez me séduire avec cela, vous vous trompez lourdement lord Hartworth...
Le jeune homme regardait la jeune femme qui se tenait face à lui. Décidément lady Mary Finneley était pourvue d'un caractère bien trempé. La convaincre de venir avec lui n'allait pas être une partie de plaisir. Pourtant, ils se connaissaient déjà depuis quelques mois. Ils s'étaient rencontrés à Londres lors d'une garden-party avant d'échanger quelques lettres. Puis, au début de l'été, ils s'étaient donnés rendez-vous pour passer quelques jours en villégiature, ici, dans la jolie station balnéaire de Brighton.
-Pardonnez mon insistance lady Finneley, mais il ne s'agit pas d'un vulgaire cirque...
-Alors de quoi s'agit-il ?
Il lui tendit une petite affiche légèrement jaunie.
-C'est une troupe d'un pays lointain qui se produit actuellement en ville. Un spectacle exotique et, je dois aussi vous l'avouer, assez impressionnant...
Elle regarda le prospectus d'un œil inquisiteur.
-Le magicien Adranon et la ravissante Ana-Ina vous présentent leurs tours les plus incroyables et les plus spectaculaires...
-Tout le monde en dit le plus grand bien ma chère... Y compris les Hannigton...
-Les Hannigton ne trouvent jamais rien à leur goût. Répliqua-t-elle avec une candeur typiquement britannique.
-Eh bien ce spectacle-ci leur a tellement plu qu'ils en ont vanté les mérites pendant toute notre partie de bridge hier soir. De plus c'est notre dernière occasion de les voir car leur troupe repart dès demain dans leur pays d'Asie centrale... Quelque chose qui finit en « istan » si ma mémoire est bonne.
-Alors soit, lord Hartworth, je veux bien vous accompagner. Mais cela ne signifie en aucun cas que je cède à vos avances... Il faut faire montre de bien plus de vertu et de bravoure pour me séduire, sachez le...
-Et c'est tout à votre honneur lady Finneley. Dit-il en lui faisait un baise-main. Je viendrai vous chercher à 7H ce soir.
-Je serai prête mon cher.

Mais, quelques heures plus tard.
-7H10 et elle n'est toujours pas prête. Fulminait lord William Hartworth depuis l'intérieur de sa calèche.
-Que monsieur me pardonne mais une lady se fait toujours attendre. Répondit son valet de pied.
-Je sais mon brave Simon, mais ces petites coutumes ont le don de m'agacer...
-Oh, il ne faut pas vous en faire monsieur. Et croyez-moi, cette jeune lady fait très certainement de son mieux pour vous plaire, et malheureusement cela prend parfois du temps.
-Puissiez-vous avoir raison.
-Croyez-moi milord, j'ai parcouru la moitié de l'empire britannique durant ma jeunesse et je sais lorsqu'une jeune femme est attirée par un homme.
-Vous voulez dire que ?
-Bien évidement. Il est manifeste que cette charmante demoiselle éprouve beaucoup d'intérêt à votre égard. Mais vous savez ce que c'est, les convenances sociales, son caractère... Elle vous teste et c'est tout naturel. Comportez-vous en gentleman, ne soyez pas trop pressé, et elle finira d'elle-même par succomber à vos avances.
-J'espère de tout cœur que vous dites vrai... Mais d'où vous vient toute cette... science ?
-J'ai beaucoup voyagé avant d'être à votre service monsieur, et j'ai croisé de nombreuses femmes de par le monde. Des Anglaises, des Égyptiennes, des Africaines, des Indiennes, des Afghanes...
-Stop ! Je vous prie, mon brave, de cesser l'énumération de toutes vos... conquêtes passées. Cela n'est guère convenable, et je n'ose imaginer ce que lady Mary penserait de moi si elle savait que j'ai pour valet un homme au passé tel que le vôtre...
-Je comprends, pardonnez-moi monsieur, mais j'éprouve toujours beaucoup de nostalgie lorsque je me remémore ma jeunesse trépidante. Oh, mais trêve de bavardages, voilà votre bien aimée qui accourt...
-Il n'est pas trop tôt. Répondit le lord avec un sourire. 7H20...
-Et cela valait la peine d'attendre si je puis me permettre.
Le jeune lord jeta un œil à travers la vitre de sa calèche.
-En effet Simon, en effet...
Et il descendit pour aller aux devants de lady Finneley.
-Vous êtes ravissante très chère. Dit-il en regardant sa magnifique robe verte qui aillait si bien avec ses cheveux roux et ses yeux verts.
La jeune femme ne put s'empêcher de rougir en lui tendant son ombrelle, mais elle reprit rapidement son air noble et hautain.
-Eh bien lord Hartworth, j'espère que votre spectacle et vous serez à la hauteur.
-Je n'en doute pas. Dit-il en l'invitant à monter dans sa calèche tout en faisant signe à son valet de se mettre en route.

Ils arrivèrent quelques minutes plus tard devant l'entrée du théâtre de Brighton à l'intérieur duquel une foule entière de curieux s'était donnée rendez-vous.
-Ladies and gentlemen, veuillez accueillir une dernière fois, et sous un tonnerre d'applaudissements, le désormais légendaire Adranon et la charmante Ana-Ina ! Lança le présentateur aux spectateurs entassés dans les gradins.
-Cela commence bien... Chuchota lady Finneley avec ironie.
-Ne proférez point de jugement trop hâtif ma chère, cela ne vous sied guère. Et puis laissez d'abord ces braves gens nous dévoiler leurs plus beaux tours. Vous aurez tout le loisir de les juger ensuite.
-Vous avez raison lord Hartworth, veuillez excuser mon comportement.
-Mais vous êtes déjà pardonnée. Comment reprocher quoi que ce soit lorsque l'on pose les yeux sur un si joli minois ?
La jeune femme ne put une nouvelle fois s'empêcher de rougir. Décidément les compliments de ce jeune lord avaient le don de faire défaillir la carapace de sa vertu.
-Ah ! Les voici enfin.
Les deux jeunes gens écarquillèrent alors les yeux en observant le couple qui s'avançait lentement au milieu de la scène.
-Quelles tenues exotiques ! Vous ne trouvez pas lady Finneley.
-Diantre. Vous m'aviez promis du dépaysement lord Hartworth, mais je ne m'attendais pas à cela...
-En effet, leurs costumes sont si... folkloriques.
-Surtout celui de la femme... Grands dieux, on peut voir son...
-Oui, c'est indécent...
-Et elle n'a même pas honte...
-Pas le moins du monde apparemment...
-Mais tout de même ! On voit son nombril !
La jeune Britannique était choquée.
-Je suppose que cela fait partie de leurs coutumes...
-Quelles coutumes étranges... Mais chut, le fameux magicien va parler.
-Ladies and gentlemen. Nous avons aujourd'hui l'immense privilège de vous présenter une dernière fois nos plus beaux tours en provenance de notre lointain pays, le royaume du Bondagistan...
-Voilà, c'est ça. Murmura lord Hartworth. J'ai toujours du mal avec ces noms étranges...
-Et rien que pour vous ce soir, nous aurons le plaisir de vous offrir une magnifique surprise pour clôturer comme il se doit notre tournée dans votre si beau pays. Merci à toutes et à tous !
Les spectateurs virent ensuite la jeune femme brune se pencher pour ouvrir un coffre disposé au milieu de la scène et duquel elle sortit plusieurs rouleaux de cordes blanches pour les apporter à son partenaire.
-Oh... Mais je ne rêve pas. Il est en train de l'attacher. Chuchota lady Mary Finneley en se blottissant contre lord William Hartworth.
-Vous ne rêvez pas ma chère.
-Mais... Mais... Pourquoi ?
-C'est leur numéro, et d'après les Hannigton c'est très spectaculaire.
-En effet, la pauvre est déjà saucissonnée...
-La pauvre ? Regardez bien le sourire qui se dessine sur ses lèvres.
-Mais enfin... Remarquez elle expose bien son...
-Nombril...
-Au vu et au su de tous... Alors être attachée...
-Il lui bande les yeux à présent, et il tire sur cette corde pour lui maintenir les bras en l'air.
-Elle doit être incroyablement souple.
-Décidément ces gens ont des mœurs bien étranges.

Et le numéros s'enchaînèrent. L'artiste détachait sa partenaire pour la ligoter dans de nouvelles positions. Des positions sans cesse plus surprenantes, extravagantes et impressionnantes. La foule était littéralement subjuguée par le spectacle, y comprit lady Finneley, qui une fois le décalage culturel assimilé, se prenait même au jeu.
-C'est ahurissant lord Hartworth, je n'avais jamais rien vu de tel, ni même imaginé que l'on pouvait faire cela avec des cordes. Affirma-t-elle en attrapant le bras de son soupirant.
-Moi non plus ma chère, c'est tout bonnement renversant.
-Cette jeune femme est suspendue dans les airs, comme un oiseau, et elle n'a pas peur. Je serais terrorisée à sa place.
-Qui ne le serait pas ?
-Sans doute ces fameux Bondagistanais. Sourit-elle.
-Ma chère vous faites de l'humour.
-Mais non voyons ! S'offusqua-t-elle. Et même si c'était le cas, ne prenez pas cela pour quelque gage de réussite. Il en faut bien plus pour que je cède à vos avances...
-Oui, bravoure et vertu, ne vous inquiétez point. Dit-il en lui prenant la main. Je ne voudrais pas outrepasser les convenances. Et puis, je ne suis pas un Bondagistanais.
La jeune femme étouffa un rire.

-Ladies and gentlemen. Voici notre avant dernier tour et pour cela j'ai besoin d'un homme honnête et impartial pour monter sur scène !
-Si vous essayez de lever la main je m'en vais sur le champ. Menaça lady Finneley. Vous ne toucherez pas à cette fille si dévêtue.
-Je n'y comptais pas ma chère, puisque c'est avec vous que je veux être. Et puis, voyez le nombre de mains qui se lèvent. Croyez-moi la compétition sera rude.
-J'aime mieux ça...
-Vous monsieur ! Déclara Adranon depuis la scène. Oui, vous monsieur, montez nous rejoindre.
Un homme d'une quarantaine d'années se leva de sa chaise sous les applaudissements du public et grimpa sur la scène.
-Bonsoir monsieur. Commença l'artiste. Êtes-vous prêts à regarder mon numéro et à témoigner qu'il n'y a aucun trucage.
-Bien sûr.
-Alors voici Ana-Ina. Je vais l'attacher solidement devant vous. D'accord ?
-D'accord.
Le magicien attrapa une de ses cordes et commença à ligoter la jeune femme. Les poignets, les coudes, le buste, les genoux et les chevilles fermement attachées, la belle étrangère ne bougeait plus.
-Je vais vous demander un petit coup de main. Demanda Adranon.
-Tout ce que vous voudrez. Répondit l'homme.
-Vous voyez ces deux coffres noirs ?
-Oui.
-Choisissez en un et amenez le au milieu de la scène, pendant que j'en finis avec Ana-Ina.
L'homme prit une des deux boites et la fit glisser vers le magicien.
-Tournez la, regardez la attentivement. Aucune double-fond, aucune trappe.
-Absolument rien. Dit-il en soulevant le coffre pour le prouver.
-Parfait. Maintenant je vais bâillonner Ana-Ina avec ceci. Déclara l'artiste en exhibant de sa manche un objet étrange.
-Je n'ai jamais rien vu de pareil. Chuchota lady Finneley. Qu'est ce que c'est ?
-On dirait une petite boule surmontée d'une sangle en cuir... Répondit lord Hartworth.
-Et il la met dans sa bouche... Grands dieux ! Bégaya la jeune femme.
-Voilà, avec ceci ma partenaire ne peut désormais ni parler, ni crier... ni mordre ses liens.
Le public était comme hypnotisé par le spectacle qui se déroulait sous ses yeux.
-Maintenant je vais laisser à ce monsieur le soin d'examiner son ligotage. Allez-y, n'ayez pas peur, Ana-Ina n'est guère farouche. Mais si votre femme est dans la salle...
-Elle l'est... Répondit l'homme.
-Alors ne la rendez pas jalouse. Dit le magicien sous les applaudissements.
-D'accord.
Et l'homme scruta alors la jolie captive dans les moindres détails.
-Est-elle bien attachée ? Demanda l'artiste.
-Oui, parfaitement. Répondit l'homme.
-Pensez-vous qu'elle puisse se libérer toute seule ?
-Non, c'est impossible...
-Eh bien rien n'est impossible pour la charmante Ana-Ina ! Non seulement elle va réussir à s'extirper de ces liens, mais de plus, elle le fera, depuis l'intérieur de ce coffre ! S'exclama-t-il.
Puis, sous les yeux effarés du public, le magicien fit entrer sa partenaire, dûment ligotée et bâillonnée dans la boite noire.
-Veuillez refermer le cadenas. Ordonna-t-il à son assistant de circonstance. Et ensuite rejoignez le public.
L'homme s'exécuta et quitta la scène avec un air radieux. Puis, lentement, l'artiste s'avança au devant de la scène.
-Alors, combien de temps pensez-vous qu'elle mette pour sortir de cette boite ?
-Une heure ! S'écria une voix.
-Vingt minutes ! S'écria une autre.
-Toute la nuit !
-Eh bien vous vous trompez, chers spectateurs ! Dit-il en projetant brusquement un nuage de fumée sur la scène et dans la salle.
La foule était subjuguée.
-Je ne veux pas voir ça. Cria la jeune lady en plongeant la tête entre les bras du jeune lord.
-Ne vous inquiétez pas ma chère, les Hannigton m'en ont parlé. Il s'agit du clou du spectacle. C'est un numéro d'évasion, et elle va réapparaitre d'une seconde à l'autre...
-Vous croyez ?
-J'en suis certain. Dit-il d'une voix rassurante.
Mais il ignorait encore quand, et surtout comment...

Le brouillard se dissipa rapidement et soudain le magicien s'écria :
-Car il y a bien longtemps qu'Ana-Ina n'est plus dans ce coffre...
Les spectateurs étaient suspendus à ses lèvres.
-Elle est ici, parmi vous, au milieu de cette salle.
Les gens regardèrent alors brusquement autour d'eux.
-Là ! Cria une femme en montrant du doigt la ravissante créature, juchée avec grâce sur le rebord d'un balcon.
-Mais... C'est impossible. Elle ne peut pas s'être libérée aussi vite. Murmura lady Finneley.
-C'est... C'est à peine croyable...
-Vous pouvez l'applaudir.
-Bravo !
-Splendide !
La foule était conquise.
-Je vous l'avais dit ma chère. Il ne s'agit pas d'un vulgaire cirque.
-Et je vous remercie infiniment de m'avoir invitée.

-Et maintenant, chers spectateurs ! Commença le magicien pour regagner l'attention du public. La belle Ana-Ina va passer parmi vous pour mon tout dernier tour dans votre si joli pays...
-Bravo !
-Afin choisir une jeune personne qui aura l'immense privilège d'être attachée par mes soins.
Plusieurs demoiselles levèrent alors la main, espérant vivement être choisies.
-Eh bien, ne comptez pas sur moi, mon cher. Somma lady Finneley à son soupirant.
-Je n'en doute pas. Vous avez bien trop peur pour cela...
-J'ai peur moi ?!
-Visiblement votre tempérament n'est guère à l'aventure. Mais vous avez bien d'autres charmes je vous rassure.
-Mon tempérament n'est pas à l'aventure ?! Vous croyez cela ? Eh bien je vais vous montrer qu'une Finneley, fusse-t-elle la dernière de sa lignée, n'est pas une pauvre créature effrayée à l'idée de monter sur une scène. Déclara-t-elle en levant brusquement la main.
-Voyons ma chère. Vous n'avez rien à me prouver. Et que feriez vous si par un quelconque hasard cette étrangère vous choisissait ?
-Ce n'est pas encore le cas à ce que je sache ?
-Eh bien il semblerait que...
-Que quoi ?
-Cette jeune femme pointe son doigt dans votre direction...
-Je... Comment ?! S'exclama-t-elle en se retournant soudainement.
-Et elle vous désigne avec insistance.
-Mais, je ne veux pas !
-Essayez donc de lui expliquer, mais je doute fortement qu'elle parle notre langue.
La ravissante Ana-Ina s'avança alors vers la jeune lady et l'attrapa par la main.
-Mais... Non. Vous comprenez ? Non.
-Elle ne vous comprend pas. Et puis vous avez levé la main, c'est trop tard pour vous rétracter.
-Mais je...
-Profitez simplement du spectacle. Lui conseilla le jeune lord.
-Soit... Mais sitôt terminé je...
Elle n'eut malheureusement pas le temps d'en dire davantage. La belle étrangère l'entraînait déjà vers la scène sous les acclamations du public.

-Bonsoir mademoiselle. Je suis enchanté de vous connaître. Affirma Adranon en lui faisant un baise-main.
-Enchantée de même. Ne put s'empêcher de répondre la jeune Anglaise par politesse.
-Mais si vous n'y voyez pas d'inconvénient nous allons passer directement aux choses sérieuses, car le public nous attend, n'est ce pas ?
La foule s'écria bruyamment.
-Ma chère. Continua-t-il en s'adressant à lady Finneley. Vous allez avoir deux immenses privilèges...
-Lesquels ?
-Le premier c'est bien évidement d'être ligotée par un artiste tel que moi. Dit-il en commençant doucement à enrouler une corde autour des poignets de la jeune femme.
-Et le second ?
-Celui de découvrir le secret de la belle Ana-Ina, la reine de l'évasion.
-Je suis toute ouïe.
-Ne soyez pas trop pressée ma chère, chaque chose en son temps. Poursuivit-il en terminant le ligotage de son buste.
Il s'attaqua ensuite à ses chevilles.
-Je ne vous attache pas les genoux car votre robe est bien trop longue, mais je vais par contre vous bâillonner. Dit-il en glissant un de ses curieux objets sous son nez.
-Mais je... Mmmh...
Le public les applaudit.
-Vous faites fureur ma chère. Lui murmura-t-il à l'oreille. Et je ne doute pas que vous en ferez autant lorsque je vous emmènerai dans mon pays. Car je vais réussir le tour de force de vous enlever au nez et à la barbe de tous ces gens.
-Mmmh... Gémit la jeune femme en s'agitant de toutes ses forces.
-Oh, ne commencez pas si vite ! Cria le magicien à la foule, tout en maintenant sa prisonnière fermement contre lui. Décidément les Anglaises sont toujours impatientes. Mais entrez plutôt dans cette jolie boite. Dit-il en la poussant à l'intérieur du second coffre.
-Mmmh...
-Et soyez sage car nous allons faire un long, un très long voyage. Lui chuchota-t-il en refermant la boite.
-Mmmh... S'égosillait-elle.
Mais les parois du coffre étaient solides, et imperméables aux sons. Et elle se demandait comment diable Ana-Ina avait bien pu sortir du sien en si peu de temps...

-Ladies and gentlemen, je vous présente le clou final de mon spectacle ! S'écria Adranon. Cette jeune et jolie demoiselle est désormais enfermée dans ce coffre. Elle est attachée, bâillonnée... et pourtant...
-Faites qu'elle sorte. Soupirait le jeune lord à lui-même.
-Pourtant elle va s'en évader...
La foule était aux aguets. Les gens scrutaient leurs voisins et leurs voisines, pour essayer de reconnaître la jolie rousse dans la salle.
-D'un instant à l'autre elle va se retrouver parmi vous, même si personnellement je trouve qu'elle prend son temps. Dit-il en frappant deux fois sur le sommet du coffre. Dépêchez-vous mademoiselle les gens vous attendent. Ah les Anglaises ! Toujours pressées, mais dès qu'il faut attendre après elles...
De nombreuses personnes s'esclaffèrent dans le public.
-Ah, ah ! Il semblerait que notre jeune amie soit sur le point d'en terminer. Mais avant cela, nous allons vous présenter nos adieux, Ana-Ina et moi. Nous repartons dans notre lointain pays. Dit-il en se penchant avec sa charmante partenaire vers les spectateurs. Au revoir à toutes et à tous !
Il reçu un tonnerre d'acclamations, puis, d'un geste vif il projeta de nouveau un fumigène qui noya la salle dans un épais brouillard.

Puis, après un laps de temps qui sembla bien plus long que la première fois, la fumée se dissipa. La scène était désormais vide, les deux artistes et les deux coffres avaient disparu.
-Elle est là ! S'exclama quelqu'un.
Le jeune lord était soulagé. Un bref instant il avait eu peur que le magicien se soit envolé avec sa promise. Il accourra alors dans la direction des cris. Malheureusement la salle était bondée, et naviguer parmi la foule qui applaudissait encore en se dirigeant vers les sorties n'était guère aisé. Et lorsque enfin, après d'interminables minutes, il arriva à l'endroit où semble-t-il on avait vu lady Mary Finneley réapparaître, il ne trouva qu'un couple de personnes âgées occupées à rassembler leurs affaires.
-La jeune femme... Demanda-t-il exténué. Elle n'est pas ici ?
-Non. Répondit le vieil homme. Il me semble plutôt l'avoir aperçue de ce côté...
-Mais j'en viens...
-Alors j'ai peut-être confondu. Continua-t-il, avant de lui faire un clin d'oeil. Vous savez, avec toutes ces jolies rousses.
-Mais...
-Cherchez encore, elle ne peut pas être bien loin. Ajouta la vieille femme.

Mais lady Finneley était déjà loin. Le coffre dans lequel elle était enfermée venait d'être posé sur le toit d'une calèche pour être emporté vers le port.

A suivre...

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Emma
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Ce que j'adore : Les cordes en chanvre, et en jute, (et même en polypropylène!) être attachée et ne plus pouvoir bouger dans les liens, être à la merci de mon bondageur qui prend plaisir à jouer avec moi
j aime les bons chocolats, le tiramisu, le beaume de Venise
Rire lire et écrire
Ce que je déteste : les obsédés, les curieux mal intentionnés, les trolls, les prétentieux et les pédants
le bâillon, les épinards, le fromage qui ne sent pas bon

Re: Les Aventuriers Du Bondagistan

Message par Emma »

Ton histoire est à la fois drôle, presque innocente, et d'une belle époque :bravo: .
:gagged: :bandeau: L'art si attachant du bondage :bandeau: :gagged:

Bouya2

Re: Les Aventuriers Du Bondagistan

Message par Bouya2 »

L'Angleterre du XIX° siècle, une rousse en robe, un long voyage. On reconnait bien le Dark Gentleman des origines :lol:
En tout cas, l'intrigue est très originale. La technique d'enlèvement est audacieuse, et pourtant tu as très bien réussi à jouer sur l'enthousiasme de la foule pour écrire dessus. Tu joues bien avec les convenances sociales, super la blague du nombril :lol:
Juste un tout petit bémol : j'aurais bien aimé avoir une description des Bondagistanais (ou au moins savoir s'ils sont plutôt asiatique ou plutôt turc, vu qu'au centre de l'Asie les deux sont courants)

The Wraith
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Re: Les Aventuriers Du Bondagistan

Message par The Wraith »

:bravo: :bravo: :bravo: :bravo: :bravo: :bravo:
« Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu’endormis. »
de Edgar Allan Poe
Extrait de Eléonora

Harajuku

Re: Les Aventuriers Du Bondagistan

Message par Harajuku »

cette histoire me fais beaucoup penser au livre que je lis en ce moment qui se passe aussi dans l'Angleterre du XIXeme siècle.
Par contre l'histoire n'a rien a voir :)

J'ai hâte de voir la suite.

tyler durden

Re: Les Aventuriers Du Bondagistan

Message par tyler durden »

Pas mal du tout! :D

dark gentleman

Re: Les Aventuriers Du Bondagistan

Message par dark gentleman »

Merci à toutes et à tous pour vos commentaires, voici la suite :)

Chapitre 2

-Vite Simon. J'ai besoin de votre aide. Demanda lord Hartworth, affolé.
-Qui y-a-t-il monsieur ?
-Rien de grave sans doute, mais j'ai perdu de vue lady Finneley, et avec toute cette foule, je ne sais plus où donner de la tête.
-Calmez-vous milord, nous allons la retrouver, elle est forcément quelque part.
Ils parcoururent rapidement les allées et les divers recoins du théâtre, mais aucune trace de la jeune femme.
-C'est à n'y rien comprendre.
-Expliquez-moi monsieur, à quel endroit vous l'avez quittée des yeux.
-C'est à dire que... Bredouilla-t-il en désignant la scène.
-Que quoi ?
-Le magicien... Il avait besoin d'une personne du public pour son dernier tour...
-Quel genre de tour ?
-Un numéro d'évasion. Lady Mary a été choisie par son assistante et il l'a attachée et enfermée dans un coffre...
-Vous l'avez laissée monter sur scène ?
-Oui, je m'en veux terriblement, mais sur le coup nous étions grisés par le spectacle et à cause d'une stupide provocation de ma part lady Mary a...
-Et ensuite ?
-Elle devait sortir de la boite, de la même façon que l'assistante dans le numéro précédent... Le magicien a lancé un fumigène et l'instant d'après ils avaient tous disparus avec le coffre... Mais je n'étais pas inquiet, car quelqu'un dans le public a crié qu'il avait vu lady Mary réapparaître de ce côté. Termina-t-il en montrant un coin de la salle.
-Et naturellement, personne d'autre n'a vérifié que c'était bien elle...
-Que voulez-vous dire Simon ?
-J'ai bien peur que vous n'ayez été abusés, les spectateurs et vous... C'est du grand art. Il suffisait qu'une seule personne croie reconnaître lady Finneley, ou bien plus vraisemblablement qu'un complice le fasse croire, pour que la foule s'en persuade. Du très grand art...
-C'est... C'est... Le jeune homme en perdait ses mots.
-Un enlèvement mon cher. Au nez et à la barbe de tout le monde. Il n'y a pas un instant à perdre milord. Allons immédiatement voir la police.
-Mais, le commissariat est à l'autre bout de la ville...
-Alors raison de plus de nous dépêcher...
Et les deux hommes s'élancèrent dans le méandre de ruelles de Brighton.

Enfin, après une course longue et harassante, ils entrèrent dans le commissariat.
-A l'aide. Commença le jeune lord. Mon amie vient d'être enlevée.
-Du calme. Répondit l'officier de garde. Asseyez-vous et racontez moi cela.
L'homme, un gros blond moustachu engoncé dans un uniforme trop serré, ne semblait guère réactif.
-Mais, nous avons besoin de faire vite, cette jeune lady... Elle est aux mains d'un groupe de Bondagistanais.
-Des quoi ? Demanda le policier, interloqué.
-Oh, c'est une troupe de spectacle venue d'un pays lointain. Expliqua un deuxième officier plus gradé. Un spectacle très choquant d'ailleurs, vous ne l'y avez quand même pas...
-Oui, mais... Tenta de l'interrompre le jeune lord.
-Emmener une jeune fille de bonne éducation assister à un tel... Dit-il d'un ton outré. Où l'on exhibe des femmes à demi nues...
-C'était juste son nombril...
-C'est bien ce que je dis.
-Et ensuite ? Demanda l'autre policier, visiblement plus intéressé par l'image d'une femme dénudée que par une réelle enquête.
-Elle est montée sur scène pour se faire attacher par leur fameux magicien. Ajouta le jeune homme, confus.
-Et vous vous étonnez qu'après ça elle préfère disparaître plutôt que de vous revoir ?
-Mais je...
-Votre jeune amie n'a pas été enlevée mon cher, et vous nous faites perdre notre temps. Répliqua sèchement l'officier supérieur.
-Mais...
-Maintenant disparaissez avant que nous décidions de vous poursuivre, que vous soyez lord ou pas, pour atteinte aux bonnes mœurs...
-Mais...
-Inutile d'insister monsieur. Chuchota discrètement au jeune lord son valet. Allons nous en poliment. Ce n'est pas en passant la nuit dans une cellule que vous aurez une chance de retrouver lady Finneley, et je crois savoir où on peut la chercher.
-Vous avez certainement raison Simon. Répondit lord William en se levant avant de s'adresser aux policiers. D'accord messieurs, nous partons.
Puis, une fois sur le perron.
-Bande d'incapables. Ruminait lord Hartworth à l'encontre des policiers. Je vous écoute mon brave. Où pensez-vous qu'ils soient allés ?
-Au port, très vraisemblablement.
-Bien sûr ! Comment n'y ai-je pas songé plus tôt. Ils doivent repartir dès demain dans leur pays. Allons-y de suite.
Et ils reprirent leur course à travers la ville.

-D'après le tableau de la capitainerie, le navire des Bondagistanais est amarré au bout du quai 18. Déclara le valet.
-Quai 18... Par là ! Cria le jeune lord les yeux rivés sur le plan.
-Juste le temps de nous munir de ceci...
Simon tira un petit révolver de sa veste.
-Tenez monsieur.
-Mais, et vous ?
-N'ayez crainte. Dit-il en brandissant son parapluie. C'est un fusil, calibre 12, habilement camouflé.
-Décidément Simon, vous êtes un homme plein de ressources...
-Je sais monsieur... Mais trêve de bavardages, votre dulcinée nous attend.
Et ils reprirent leur périple nocturne.

Malheureusement lorsqu'ils arrivèrent en vue du quai, ils ne purent que se rendre compte avec effroi que le bateau était déjà parti. Ils ne pouvaient plus qu'en distinguer la sinistre silhouette, qui disparaissait lentement dans la brume.
-Non ! C'est impossible ! Dites moi que je rêve ! Hurla le jeune homme.
-Hélas, je crains que cela ne soit que la triste vérité. Répondit le valet.
-Mais, que va-t-elle devenir ? Qu'est ce que ces barbares vont lui faire ?
-Inutile de vous tourmenter avec ces questions milord. Nous ne pouvons rien faire pour elle dans l'immédiat. Dit-il en attrapant lord Hartworth par le bras. Rentrons.
Et l'infortuné soupirant suivit, le regard médusé, son valet le long du quai. Un peu plus loin ils croisèrent un vieux pêcheur qui leur expliqua qu'il avait vu plusieurs hommes et une jeune femme quasiment nue emporter deux coffres sur le navire, juste avant que celui-ci n'appareille.
-Comme si tout cela avait été planifié dans les moindres détails. Songea lord William. Mais pourquoi ? Pourquoi se donner tant de mal pour enlever une jeune femme ?
-Le goût du spectacle sans doute... Ce fameux magicien est un artiste et il aime le risque.
-Oui, mais pourquoi elle ? Pourquoi lady Mary ?
-Eh bien, ils n'ont peut-être pas de rousses dans leur lointain pays.
-Mais, qu'allons nous faire ?
-Retourner à Londres pour commencer, et nous rendre dans le quartier asiatique...



De son côté Lady Mary n'en menait pas large. Elle était toujours attachée, bâillonnée et enfermée dans son coffre après avoir été trimbalée pendant ce qui lui avait semblé durer une éternité.
-Mmmh ! Gémissait-elle en tirant désespérément sur ses liens.
Malheureusement les nœuds du magicien étaient solides et son bâillon lui ôtait tout espoir d'être entendue par quelqu'un. Elle sanglotait en sachant pertinemment qu'elle ne pouvait rien faire de plus. Elle était littéralement à la merci de cet étranger, de cet homme à la peau hâlée et aux yeux d'un noir profond.
Vous faites fureur ma chère. Et je ne doute pas que vous en ferez autant lorsque je vous emmènerai dans mon pays.
Non, pas ça. Il ne pouvait quand même pas l'emmener là-bas. Il n'avait pas le droit. Elle était une jeune lady avec un bel avenir devant elle. Ce n'était pas pour aller dans un pays de barbares au milieu de l'Asie. Des monstres qui n'hésiteraient pas à en attenter à sa tendre vertu... Non, tout mais pas ça...
La jeune femme était terrifiée. Et elle le fut encore plus, lorsque, du fond de sa boite, elle sentit un tangage. Un tangage provoqué par le remous des vagues. Elle était sur un bateau.
Et soyez sage car nous allons faire un long, un très long voyage.
Pitié... Il fallait qu'elle se réveille. Il fallait qu'elle sorte au plus vite de cet horrible cauchemar...

Mais lorsque le coffre s'ouvrit sur le visage de son ravisseur, elle comprit que c'était bien là l'effroyable vérité.
-Êtes-vous à votre aise ma chère ? Demanda-t-il, le sourire aux lèvres.
Elle ne lui rétorqua qu'un regard noir en guise de réponse.
-Ne prenez pas cet air mademoiselle. Vous êtes mon invitée et il est donc naturel, en tant qu'hôte, de veiller à votre bien être.
Lady Mary était furieuse. Non seulement cet homme l'avait enlevée, mais en plus il se moquait d'elle.
-Mmmh... Gémit-elle bruyamment avant de donner un violent coup de pied dans les parois de son coffre.
-Voyons. Dit-il d'un ton faussement outré. Inutile de vous énerver. Je venais juste exaucer votre souhait.
Ah bon ? Il allait la libérer et la laisser partir ?
-Vous allez découvrir dans un instant le secret de mon assistante.
C'eut été trop beau.
Néanmoins elle était quand même curieuse, car elle avait retourné le problème dans tous les sens sans en trouver la solution. Aussi souple soit-elle, la charmante Ana-Ina n'avait guère de chances de se libérer de ses liens, et encore moins de sortir de sa boite, verrouillée de l'extérieur, pour grimper, en un temps record, sur le balcon. Elle en savait malheureusement quelque chose...
-Je vous présente donc la belle Ana... Annonça-t-il en faisant signe à la jeune femme qui se tenait quelques mètres derrière lui d'approcher.
Lady Mary se redressa pour la détailler lentement du regard. C'était une ravissante brune au teint mat et aux traits issus de nombreux métissages d'influences chinoises, turques, voire peut-être même européennes. Elle était toujours vêtue de sa tenue aussi exotique qu'impudique composée d'une jupe courte et d'un bustier orné de multiples motifs de broderie, mais dorénavant, elle portait aussi un large collier de cuir.
-Et je vous présente Ina, sa sœur jumelle. Termina-t-il en ouvrant brusquement le deuxième coffre qui se trouvait à côté du sien.
Le visage d'une jeune femme, ressemblant fortement à la première, apparut sous ses yeux.
Bon sang, son numéro était d'une telle simplicité...
-Mmmh... Gémissait la jolie asiatique à travers son bâillon d'un air malicieux.
Le magicien lui murmura quelques mots à l'oreille en l'attrapant par la taille pour l'extirper de sa minuscule prison et la poser sur le sol. Puis il la détacha avec délicatesse avant de lui ordonner de s'agenouiller d'un simple geste. La douce créature s'exécuta, avec grâce et raffinement, tout en plaçant ses mains sur ses cuisses et en inclinant légèrement la tête. Le magicien attrapa alors ses longs cheveux bruns et il referma autour de son cou un collier, semblable à celui d'Ana, qu'il verrouilla ensuite à l'aide d'un petit cadenas. L'instant suivant, Ina se releva, toujours avec déférence, et s'éclipsa sans un mot en compagnie de sa sœur.
-Voilà une bonne chose de faite. Déclara Adranon en revenant vers sa prisonnière.
-Mmmh...
-Inutile de protester ma chère. Dit-il en prenant un ton sérieux. Je ne vous détacherai pas... Du moins pas tout de suite.
-Mmmh...
-Je sais très bien que vous n'êtes pas ici de votre plein gré, et je sais que si je vous en laissais la possibilité vous n'hésiteriez pas à tenter de vous enfuir, voire à vous montrer violente...
-Mmmh...
-Et je n'aurais pas d'autre choix que de vous attacher de nouveau... Alors je préfère nous faire gagner du temps à tous les deux. Que vous le vouliez ou non vous allez venir dans mon pays. Il faut que vous l'acceptiez, et le plus tôt sera le mieux...
-Mmmh...
Mais elle ne voulait pas. Elle refusait de toutes ses forces d'être emmenée là-bas.
-Je vais donc refermer votre coffre et vous laisser méditer sur votre situation pendant une heure ou deux...
-Mmmh...
-A très bientôt.
Et lady Mary fut de nouveau plongée dans l'obscurité, sans autre loisir que tirer désespérément sur ses liens et sans autre choix que de se morfondre au fond de son coffre, avec, pour seul et unique espoir que son ravisseur revienne vite.

Enfin, à l'issue d'une attente interminable, le coffre s'ouvrit de nouveau.
-Alors ?
La jeune Anglaise ne répondit rien et baissa les yeux. Elle était dans l'immédiat bien trop épuisée pour lui résister.
-A la bonne heure.
Il la souleva alors délicatement par la taille et il l'aida à s'assoir tant bien que mal sur le rebord d'une couchette sommaire.
-Je vais vous détacher à présent.
Lien après lien, il la délivra lentement de ses entraves. D'abord ses chevilles, ensuite son buste et enfin ses poignets. Mais, lorsqu'une fois ces derniers libérés, la jeune femme voulut les porter à sa bouche pour retirer son bâillon, le magicien l'arrêta brusquement.
-Non. Dit-il. En aucun cas vous devez faire cela.
Lady Mary ne comprenait pas, mais elle hocha doucement la tête pour ne pas le contrarier.
-C'est à moi, et à moi seul, que revient le privilège de le faire. Expliqua-t-il en débouclant la petite sangle de cuir.
La jeune femme voulut dire quelque chose mais elle ne put que déglutir.
-C'est normal, vous devez avoir soif. Dit-il en lui tendant une petite gourde d'eau.
Lady Mary la jaugea du regard.
-Oh, ne vous inquiétez pas, l'eau n'est pas droguée si c'est cela qui vous gêne...
-Je...
Elle hésita encore un court instant avant de finir par porter le flacon à ses lèvres. Quel intérêt aurait-il eu de la droguer ? Elle était déjà à sa merci. Le liquide inonda alors sa bouche et ses entrailles de sa fraicheur salvatrice.
-Ne buvez pas trop vite. Dit-t-il en lui retirant l'eau des mains.
Il lui tendit ensuite un chiffon pour qu'elle puisse s'essuyer le menton et il désigna du doigt l'autre bout de ce qui semblait être une minuscule cabine.
-Il y a un seau pour vous laver et un autre pour vos commodités.
Lady Mary hocha la tête.
-Et il y a également quelques vêtements que je vous demanderai de mettre. Ajouta-t-il en montrant une petite malle. Car là où nous allons, il est hors de question que vous gardiez une robe aussi longue.
-Mais... Protesta timidement la jeune femme.
-Il n'y a pas de « mais » ma chère. Ou bien vous décidez de les porter de votre plein gré et vous pourrez rester dans cette cabine...
La jolie rousse appréhendait la suite.
-Ou bien vous dormirez nue, à fond de cale.
La menace était parfaitement claire, et lady Mary voyait à son regard qu'il ne plaisantait pas.
-B... Bien... Bredouilla-t-elle.
-Je reviens dans une quinzaine de minutes mademoiselle. Termina-t-il en se levant. Choisissez bien.
Et il s'éclipsa de la petite cabine. La jeune femme, les jambes encore tremblantes, se leva alors pour aller ouvrir la malle.
C'est tout ?!
Elle écarquilla les yeux avant de se saisir fébrilement de ses « vêtements ». Un pantalon de toile verte, dont le tissu était si fin qu'il semblait presque transparent.
Grands dieux.
Ainsi qu'un ensemble d'un vert un peu plus foncé, composé d'une culotte minuscule aux yeux d'une jeune lady bien éduquée, et de deux petits triangles de tissu reliés entre eux par des lacets.
Une vulgaire tenue de harem.
Il était hors de question qu'elle porte ça. Elle ne tenait pas à s'exhiber à moitié nue comme ces deux Bondagistanaises. Elle valait bien mieux que cela. Mais d'un autre côté, devoir dormir toute nue à fond de cale lui faisait terriblement froid dans le dos... Alors elle se résigna à ôter sa jolie robe qu'elle plia, les larmes aux yeux, avant de la ranger méticuleusement dans la malle. Puis, d'un geste fébrile, elle noua sur ses hanches les lacets de cette culotte bien trop courte pour recouvrir décemment ses fesses et elle ajusta, de la même manière, les deux petits triangles verts sur ses seins.

-Vous êtes parfaite. Déclara Adranon en entrant dans la cabine deux minutes après qu'elle ait terminé d'enfiler son pantalon de toile.
-J'ai l'impression d'être une courtisane des Mille et Une Nuits...
-C'est un peu cela... Répliqua-t-il. Votre robe et le reste de vos affaires ?
-Dans... Dans la malle.
-Je vais les emporter avec moi afin de ne pas vous donner de mauvaises idées... Ni de faux espoirs.
-Mais...
Il continua, insensible aux larmes qui coulaient sur ses joues.
-Ina va vous apporter à manger d'ici quelques instants. Je vous prie d'être aimable avec elle et de ne pas tenter quelque... bêtise dont vous aurez à regretter les conséquences... Compris ?
-Compris... Répondit-elle d'une voix tremblante.
-Très bien, je vois que vous êtes une jeune femme raisonnable...
Puis il s'approcha doucement pour détacher ses longs cheveux roux.
-Vous êtes beaucoup mieux comme cela... Dit-il en effleurant sa nuque.
Lady Mary était effrayée, mais il retira rapidement sa main.
-Je reviendrai demain pour vous expliquer plus précisément ce que l'on attend de vous.
Et il abandonna la jeune femme à ses pensées les plus sombres et les plus sinistres. Qu'allait-elle devenir ?


A suivre...

dark gentleman

Re: Les Aventuriers Du Bondagistan

Message par dark gentleman »

Chapitre 3

Tôt le matin, lord Hartworth et son valet avaient pris le train pour Londres, et depuis ils arpentaient en long et en large l'est de la ville.
-Je ne pensais pas que cela serait aussi difficile. Concéda Simon.
-Moi non plus. Ajouta le jeune homme. Et pourtant nous avons déjà croisé beaucoup de Chinois, d'Indiens, et même quelques Afghans...
-Oui, et c'est à croire qu'aucun Bondagistanais n'habite ici. C'est un pays assez fermé, mais Londres est tout de même la plus grande ville du monde...
-Il doit forcément y en avoir. Cherchons encore.

Ils débouchèrent quelques minutes plus tard dans une petite rue, sombre et étroite, à quelques centaines de mètres du quartier de Whitechapel.
-Dire que c'est à cet endroit que sévissait Jack l'éventreur, il y a de cela quatre ans...
-Oui, et cela fait froid dans le dos...
-Allons plutôt par ici. Déclara Simon en désignant un petite échoppe au nom étranger.

Ils pénétrèrent dans la boutique.
-Bonjour messieurs, que puis-je faire pour vous ? Annonça une voix féminine.
Les deux hommes regardèrent la jeune vendeuse en robe noire. C'était une jolie brune dont le teint ressemblait fortement à celui du magicien et de son assistante. Aucun doute, elle était originaire d'Asie centrale. Il ne restait plus qu'à savoir de quel pays...
-Bonjour mademoiselle. Nous aimerions tout d'abord voir les différents produits que vous avez. Demanda lord Hartworth.
Le jeune gentleman avait rapidement appris au cours de la journée qu'il valait toujours mieux commencer par parler affaires avec les commerçants... Avant de glisser doucement vers le véritable objectif de sa visite.
-Principalement du chanvre et de la soie en provenance directe d'Asie. Répondit la jeune femme.
-Je peux ? Demanda-t-il en s'approchant d'une pièce de tissu.
-Bien sûr.
Le jeune homme caressa délicatement la belle étoffe, tandis que Simon commençait à faire lentement le tour du magasin.

-De quel pays disiez-vous ? Demanda-t-il après quelques instants.
-La soie vient essentiellement de Chine...
-Et le chanvre ?
-Plutôt d'Afghanistan, mais aussi du Kreplashistan et du Bondagistan...
-C'est amusant... Figurez-vous que pas plus tard qu'hier j'ai eu l'occasion d'assister au spectacle d'un magicien bondagistanais. C'était très impressionnant, vous connaissez ?
La vendeuse le dévisagea un bref instant.
-Je... Enfin, non... Mais, pourquoi cette question ?
-Oh, pour rien. Disons juste que c'était là une curieuse coïncidence. Car ce n'est pas un pays très connu.
-En effet.
-Mais, dites-moi... A la couleur de votre peau vous semblez aussi venir de cette région...
La jeune femme paraissait nerveuse.
-Vous comptez acheter quelque chose oui ou non ?
-Effectivement. Déclara lord Hartworth en posant un billet sur le comptoir que la jolie brune considéra d'un œil attentif.
-Que voulez-vous savoir ?
-Où puis-je trouver un Bondagistanais ? Demanda-t-il, certain d'avoir toute son attention.
-Un Bondagistanais ? Pourquoi cela ?
-Disons que ce fameux magicien, dont je vous ai parlé, a, en quelque sorte, dérobé quelque chose qui m'est très cher, mademoiselle.
Il glissa un deuxième billet sous les yeux de la vendeuse.
-Et vous voudriez le retrouver, ici, à Londres ?
-Oh, il doit déjà être loin à l'heure actuelle...
-Je ne comprends pas...
-Vous êtes Bondagistanaise, n'est ce pas ?
La jeune femme ne répondit rien, mais le jeune lord était prêt à employer tous les moyens nécessaires pour la faire parler...
-Simon ?
-Oui monsieur.
-Sommes-nous seuls dans la boutique ?
-Absolument monsieur.
-Alors fermez la porte, voulez-vous. Et assurez-vous que personne ne nous dérange...
-Bien monsieur.
Le valet poussa le verrou et se plaça en travers de l'entrée.
-Je repose ma question. Venez-vous du Bondagistan ?
La vendeuse semblait tétanisée.
-Oui... Mais, pourquoi ?
-Comme je vous l'ai dit, ce que ce magicien m'a volé est si précieux que je suis prêt à aller au bout du monde pour le retrouver...
-Mais, qu'attendez-vous de moi ?
-Je cherche un Bondagistanais. Expliqua-t-il. Un Bondagistanais qui me serve de guide pour aller dans son pays.

La jeune femme recula d'un pas.
-C'est une folie...
-J'en suis parfaitement conscient. Répondit lord William.
Elle le regarda droit dans les yeux. Il n'y avait qu'une seule chose qui pouvait pousser un homme à entreprendre pareille aventure.
-Vous l'aimez, n'est ce pas ?
-Aveuglément...
-Je vous conseille de l'oublier.
-Impossible. Tant qu'il me restera ne serait ce qu'un souffle, je n'aurai de cesse de penser à elle.
-Elle a beaucoup de chance de vous avoir. Votre cœur est celui d'un preux et valeureux chevalier. Dit-elle en posant la main sur la poitrine du jeune homme. Pourtant je ne pense pas que vous soyez prêt à affronter le Bondagistan...
-Je le suis. Affirma-t-il d'un ton déterminé.
-Oh non, vous ne l'êtes pas, croyez-moi... Et vous allez devoir oublier tout ce que vous savez sur les hommes... et les femmes.
-Que voulez-vous dire ?
La jeune vendeuse retira sa main brusquement avant de retourner derrière son comptoir pour noter quelque chose sur un morceau de papier.
-Soyez à cette adresse à la tombée de la nuit. Dit-elle en lui confiant le petit mot.
-J'y rencontrerai mon guide ?
-Cela se pourrait bien mon cher...



Sans autre loisir que de regarder l'océan qui s'étendait à perte de vue, lady Mary tournait en rond comme une lionne en cage. Une prisonnière, voilà ce qu'elle était désormais. Une prisonnière qui avait eu toute la journée pour explorer sa cabine dans les moindres recoins. Mais malheureusement pour elle, Adranon n'avait rien laissé au hasard. Non seulement la porte était verrouillée de l'extérieur, mais elle était aussi ornée d'un judas, dont la jeune femme s'était rendue compte avec effroi qu'il était orienté vers l'intérieur...
Ils pouvaient l'espionner quand ils désiraient.
Quant à l'unique hublot que comportait sa cabine, il était bien trop petit pour envisager ne serait-ce que d'y passer la tête. En outre, elle ne disposait d'aucune ressource susceptible d'être exploitée en vue d'une évasion. Ses gardiens étaient bien trop malins pour lui laisser un couteau ou une fourchette avec sa nourriture, pas même une simple petite cuillère... En conséquence, pour la première fois depuis de nombreuses années, la jeune lady avait du se résoudre à manger avec les doigts.

Soudain, la porte s'ouvrit sur son ravisseur.
-Bonjour mademoiselle.
Lady Mary le fusilla du regard pour toute réponse. Elle n'avait aucune envie d'être polie avec lui.
-Bien, comme vous voudrez... Dit-il en jetant trois rouleaux de cordes de chanvre sur son lit.
-Non, pas ça ! Protesta-t-elle.
Il la regarda droit dans les yeux.
-Il faut que vous compreniez une chose ma chère. Vous n'avez pas le choix.
-Mais je...
-Tournez-vous et mettez les mains dans le dos. Ordonna-t-il avec un ton qui ne souffrait d'aucune contestation possible.
La jeune femme s'exécuta et l'homme enroula une première corde autour de ses poignets et une seconde autour de ses coudes.
-Quelle jolie poitrine ! Dit-il en ajustant ses liens.
Lady Mary baissa les yeux. Avec ses bras attachés de cette manière son buste se redressait de telle sorte que ses seins se tendaient sous les deux bouts de tissu censés les dissimuler. Et non les mettre en valeur.
-C'est pour me vendre à meilleur prix auprès de quelque vil esclavagiste que vous m'exposez ainsi ? Demanda-t-elle, outrée.
-Vous vendre ?! Oh, ma chère, vous n'êtes pas une vulgaire marchandise.
-Alors je suis quoi ?
-Un cadeau... Répondit-il en posant sa main au creux de sa nuque. Un magnifique cadeau pour mon roi.
-Mais ?! C'est hors de question !
-Taisez-vous, sinon...
-Sinon quoi ?
Le magicien sortit brusquement un foulard vert de sa poche.
-Vous l'aurez voulu. Dit-il en le glissant de force entre les dents de sa captive.
-Mmmh... Gémit-elle en se débattant.
Mais l'étranger était bien trop fort pour qu'elle puisse lui résister.
-Maintenant asseyez-vous. Somma-t-il en la tirant violemment par les cheveux.
La jeune femme posa ses fesses sur sa couchette et l'homme attrapa ses jambes pour lier ses chevilles l'une contre l'autre.
-Bien... A présent j'ai toute votre attention.
Lady Mary le maudissait derrière son bâillon, mais pour l'instant, elle n'avait guère d'autre choix que de l'écouter.
-Comme vous le savez sans doute déjà, les hommes riches aiment être entourés de belles femmes... Dit-il en écartant une mèche de cheveux de sa joue.
La prisonnière ne put esquisser qu'un léger et inutile mouvement de recul.
-Et le roi du Bondagistan est immensément riche. Poursuivit-il sous le regard effaré de la jeune lady. Alors quand je parcours le monde pour mes représentations, je lui ramène une fille de chaque pays que je visite...
Il la contemplait de ses yeux noirs.
-Une fille non seulement jolie, avec des formes gracieuses et un charme exotique, mais aussi cultivée et de bonne éducation... Alors quand Ana vous a repérée, avec vos longs cheveux roux et votre robe somptueuse, elle a fait un très bon choix... Car vous êtes une jeune femme de bonne condition, n'est ce pas... Peut-être même issue de la noblesse, si j'en juge à votre air si affecté lorsque vous avez du vous résoudre à manger avec vos mains.
Le judas. Lady Mary était furieuse.
-Vous serez donc une Bondagette de choix dans le harem de mon roi...
Une quoi ?!
-A condition que vous vous montriez bien plus docile, naturellement. C'est pourquoi je vais m'occuper de vous avec beaucoup de soin pendant les semaines qui viennent ma chère... Votre voyage ne fait que commencer.


A suivre...

Bouya2

Re: Les Aventuriers Du Bondagistan

Message par Bouya2 »

Un magnifique cadeau pour mon roi.
[...]
-Comme vous le savez sans doute déjà, les hommes riches aiment être entourés de belles femmes
[...]
-Et le roi du Bondagistan est immensément riche.
Pourquoi ce genre de phrases ne m'étonnent pas de toi :lol:
C'est pourquoi je vais m'occuper de vous avec beaucoup de soin pendant les semaines qui viennent ma chère... Votre voyage ne fait que commencer.
Alors, pour répondre à la question que tu m'avais posée sur le chat, à l'époque, un voyage Angleterre-Inde par bateau à vapeur, et en passant par le canal de Suez, dure entre 29 et 35 jours.

Sinon, rien à dire. C'est toujours très bien. J'ai hâte de voir la suite. Et de savoir comment mylady sera occupée durant le voyage. Et qui va servir de guide au Bondagistan pour lord Hartworth. D'ailleurs, me trompe-je si je dis UNE guide ? :sifflote:

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Sayanel
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Ce que j'adore : Utiliser les cordes comme une méditation, pour trouver une réponse , la femme idéale.
Ce que je déteste : La vulgarité

Re: Les Aventuriers Du Bondagistan

Message par Sayanel »

Très sympa cette histoire et bien écrite de surcroît ... Je suis impatient de savoir la suite
Merci pour ce partage
:bravo:
L'amour consiste à ouvrir des portes et des fenêtres, pas à bâtir des prisons.
Jylhano.kabook.fr

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