C'est vrai que j'aime bien détailler et que j'aurais tendance à faire des intro assez longues, ce qui peut être rebutant pour la lecture...
Je vous poste la suite :
Mirl lui ayant ordonné de marcher à deux pas devant les chevaux, Brice put suivre la conversation que les deux femmes eurent en laissant leurs montures aller nonchalamment :
- Pourquoi Eva nous convoque ?...
- Elle est déjà au courant pour les selles... Émit Helke.
- Si c’est Naïg qui a encore été raconter je ne sais quelles fadaises, je vais lui...
- Ce n’est pas elle ! Coupa la grande blonde.
- Amber ?... Jeta Mirl d’un ton suspicieux.
- Si elle est venue t’apporter elle-même les directives, je ne vois pas qui d’autre à part elle...
- Cette garce de rouquette !...
- De toute manière, l’une des filles aurait fini par lâcher le morceau...
- L’autre ferait mieux de s’occuper de ses marmites et de ses casseroles, au lieu de fouiner son nez partout !...
- Eva adore les ragots... De toute manière, nous ne tarderons pas à être fixées...
La fin du trajet se poursuivit en silence, au pas monotone des chevaux, Helke mettant pied à terre pour ouvrir la grille en fer forgé, poussant le garçon d’un geste sec entre les omoplates, par la même occasion :
- Reste à deux pas... Ne t’avise pas de broncher !...
Comme à l’accoutumée, elle nouèrent les rênes de leurs montures au pin qui semblait se dresser près de la maison pour ce seul but, marqué par les nombreuses cicatrices du cuir brun.
- Avance ! Nous allons passer par la porte de service !...
D’une main refermée sur sa nuque, Mirl se chargea de jouer les guides, le poussant devant elle.
Passée une porte de chêne noir, ce fut une enfilade de couloirs éclairés par de nombreux chandeliers figurant des flambeaux, de nombreux tableaux de maitres tapissant les murs de pierre.
Le cerveau de Brice fonctionnait en surmultipliée, enregistrant d’abord le chemin, s’imprégnant du décor, à la fois surprenant et luxueux.
Pour finir par déboucher dans la grande pièce dont il gardait un souvenir peu reluisant, précédant son passage humiliant dans le puit.
Helke prit la relève pour le pousser d’une main ferme posée sur son épaule, jusqu’au centre de la pièce :
- A genoux !...
Une caresse attendrie récompensa son bon-vouloir, obtempérant aussitôt, avec le souffle chaud de l’allemande sur sa nuque, accompagné de la caresse du gant de cuir :
- Parfait !...
Eva fit son entrée.
Brice ne put se retenir, croisa le regard de la grande blonde, levant les yeux sur elle, une fraction de seconde.
Helke eut un bref sursaut, l’entendant souffler, sarcastique :
- Vous auriez pu me prévenir que c’était soirée new-wave...
La blonde détailla la tenue de sa cousine, ne pouvant s’empêcher de lever les yeux au ciel, agacée.
Eva Von Foem s’avançait, faisant claquer les talons de ses cuissardes d’agneau, moulantes comme une seconde peau, à l’instar de la mini-jupe assortie, censée masquer la peau de ses cuisses musclées ou s’étirait le lycra de hautes chaussettes noires remontées sur ses collants chair.
Dans un cliquètement de bracelets et de colliers brillant de mille feux, la gouvernante passa majestueusement devant eux pour aller poser ses fesses sur son «trône», faisant sourire le garçon.
Elle prit le temps d’ouvrir son blouson de ses mains gantées de mitaines.
Brice se douta qu’elle le prendrait mal s’il lui demandait ou elle avait garé sa moto...
Malgré qu’il la trouvait toujours aussi sexy, rien qu’à sa manière sensuelle de libérer sa crinière blonde retenue par une pince qu’elle déposa sur le guéridon à sa droite :
- Vous devez vous douter ce qui vous vaut cette entrevue à cette heure... Non ?...
- Si c’est pour les punitions, sache qu’elles sont totalement justifiées... Hasarda Helke.
Le garçon nota qu’elle semblait peu sure d’elle, brusquement.
Eva la foudroya du regard pendant une seconde, silencieuse, avant de rétorquer d’un ton glaçial :
- Vos petites soirées du samedi, hein !...
Pour toute réponse, sa cousine se racla la gorge.
- Vous me fatiguez avec vos petites agapes !... Je finirai par vous les interdire !...
La gouvernante passa ses mains derrière sa nuque, s’étirant en gardant les deux femmes sous le feu de son regard :
- Naïg s’est plainte à mon endroit d’avoir été écartée- ses index dessinèrent les guillemets- de vos dernières « féstivités »...
- Elle devient incontrôlable dès qu’elle est ivre !... Grogna Helke.
- Et vous allez encore la neutraliser samedi prochain, si je ne m’abuse ?...
- Poker ! Répondirent les deux femmes, d’une seule voix.
L’ambiance se détendit quelque peu, Eva daignant sourire à leur réflexion :
- Vous êtes incorrigibles... Elle viendra encore pleurer dans mon giron !...
Elle fit semblant de s’apercevoir de la présence de Brice :
- Tiens ! Le français qui tenait tant à me rencontrer !...
Son index se dressa, péremptoire :
- Approche !...
D’un geste sec, elle le fit tourner sur lui-même, appréciant la peau marquée d’un regard aigu :
- Vous l’avez soigné...
Ordonna ensuite, l’invitant du geste :
- Dézippe-moi mes cuissardes...
Le garçon hésita deux secondes, le ton enflant :
- Retire-moi mes bottes !... En français, c’est clair, non ?...
Ses yeux lançaient des éclairs.
Il obtempéra, jambe droite d’abord, le zip miaulant lentement en troublant le silence de la pièce, le geste se renouvelant pour la cuissarde de la jambe gauche retirée lentement.
Eva lui griffa la nuque d’un geste tendre :
- Merci ! C’est parfait !...
Elle se dressa de son fauteuil d’un geste souple, rasa Brice de ses jambes pour venir se planter face à Helke :
- Qui commande ici ?...
Sa cousine la fixa, fronçant les sourcils, suspicieuse :
- Toi d’abord : Tu m’ordonnes et je répercute les ordres... Pourquoi me poses-tu la question ?...
- Parfois... Je me le demande moi-même...
Helke comprit parfaitement le sens au son de la voix perfide :
- Et les chevaux... Qui s’en occupe ?...
- Les chevaux, c’est mon domaine ! Rétorqua Mirl.
- Nous y sommes...
Eva s’avança d’un pas nonchalant face à elle.
Brice, malgré lui, ne put s’empêcher d’admirer la technique :
Un violent coup de genou foudroyant au plexus pliant la geôlière avec un hoquet, souffle coupé, l’avant-bras de la gouvernante claquant la mâchoire offerte, envoyant Mirl au sol.
Un dernier tour sur elle-même en virevoltant avec la grâce d’une gazelle, Eva cueillit la tempe offerte de son talon, envoyant la blonde au tapis pour le compte.
Revint se planter devant Helke :
- Tu lui expliqueras que c’est bien elle qui doit s’assurer du parfait entretien de mes équipements d’équitation... Et qu’elle me doit cinquante-mille dollars pour réparer les dégâts !...
Un demi-tour majestueux suivit, Eva Von Foem revenant s’asseoir à sa place, invitant Brice d’un geste de la main :
- Mes cuissardes...
Dès qu’il eut obéi, elle eut son traditionnel geste dédaigneux de la main :
- Cela ira... Récupère ta carpette... Vous pouvez disposer...
Elle toisa sa cousine, la voyant venir vers Brice :
- Pas lui ! Elle !...
La fixa d’un regard courroucé :
- Ton français, je te le confisque jusqu’à nouvel ordre !...
Le garçon nota que Helke accusait le coup, mâchoire crispée, avant de faire demi-tour pour agripper Mirl qui reprenait péniblement ses esprits, et l’aider à se relever.
Quittèrent la pièce sans un mot de plus.
Eva considéra le garçon pendant un instant.
A la manière d’un trophée qu’elle viendrait de ravir à sa pire rivale, satisfaite, et lubrique, en même temps.
Son hurlement lui vrilla les tympans, ricochant sur la pierre des murs :
- Amber !...
La grande rousse aux yeux verts s’encadra dans la porte, s’appuyant négligemment au chambranle :
- Oui, Eva ?...
- J’ai faim !... Dresse le couvert pour deux !...
L’américaine se passa une langue mutine sur les lèvres :
- Je lui enlève son boxer tout de suite ?... A consommer sur place le jeune homme, ou à emporter ?...
Eva soupira longuement, exaspérée.
A suivre...
Bonne lecture !
