La suite. Désolée pour l'attente.
Je ne vois pas le temps passer. Etonnamment sereine. Patiente.
Il est inoffensif. Il ne peut plus te faire du mal. C’est pour ça.
- A ton réveil tu auras la plus mauvaise surprise de ta vie, lui dis je à voix basse. Tu seras fou de rage.
Le voir là menotté, attaché, à ma merci, ravive des souvenirs douloureux.
Les liens, les viols, les coups, les frayeurs, la honte, la culpabilisation, le désespoir.
Des images violentes de vengeance se bousculent dans ma tête.
Avec mes mains, mes pieds, mes ongles et mes dents, je peux le frapper, lui arracher les yeux, le mordre partout, le pincer partout, le griffer partout, le détruire.
Avec la chaine de mon collier, je peux l’étrangler. Avec mes doigts je peux l’étouffer. Avec…avec…avec...ça n’en finit pas.
Mais avec ce que je suis, je ne peux rien faire de tout ça.
Il commence à bouger.
Ses mains s’ouvrent puis se ferment. Son corps se contracte puis se relâche.
Il est en train de se réveiller. Il essaye de remuer les bras, les jambes. Ses paupières se soulèvent puis se baissent.
Son visage grimace. Il soulève la tête, ouvre les yeux, me voit.
Il réalise. Il se souvient.
Son hurlement sauvage me fait sursauter.
Il est en rage. Je le savais.
Pendant quelques secondes, la peur me gagne.
Et s’il se libérait ?
L’inefficacité totale de ses soubresauts me rassure. Il est impuissant. Les barreaux n’ont pas faibli d’un pouce.
Il grogne, m’insulte, me menace. Les mâchoires serrées, il tire sur les menottes et sur les cordes.
Je le regarde se démener, s'énerver, s’épuiser.
A bout de souffle et de venin, il se calme, la nuque sur le matelas, les yeux vers le plafond, écartelé, haletant.
Il ne te voit plus. Il sent ta présence.
Je pose mes mains sur le lit, avance sur mes genoux et m’assieds sur son ventre. Je le domine avec une étrange sensation de pouvoir malgré ma nudité, mon visage tuméfié et mon cou enchainé. Son arrogance a disparu.
Il te craint.
- Alors ? Comment tu te sens ?
Je parle d’une voix calme. Il soupire, ne répond pas.
- Tu as peur de moi ?
- Tu rigoles ! Moi peur de toi ? Jamais. Tu finiras par te soumettre. Tu n’es pas libre.
Il a tendu son menton et son regard vers mon collier et sa chaine. Il se force à être fort, mais sa voix tremble légèrement.
- C’est vrai en partie, mais moi, je peux marcher, me laver, aller aux toilettes, boire, me servir de mes mains et… peut être me libérer. Toi, c’est moins sûr. Je peux aussi te toucher (je serre sa gorge un bref instant ). Tu vois….Qu’en dis tu ?
- Tu es trop lâche, trop soumise, trop gentille.
Il éructe. Il bave. Il ricane. Je souris.
- Serais tu mauvais perdant ? Moi qui croyais que tu m’aimais.
Je tapote sa joue et quitte le lit.
Hors de son champ de vision, adossée au mur, à côté de la petite table de nuit, je reste immobile et silencieuse.
Des bruits de chaine, des grincements de lit, des grognements de bête.
Il se débat encore. Patience. Il va se rendre compte qu'il dépend de moi.
Les minutes s’écoulent.
Soudain, il se met à rire et à me parler d’une voix normale, presque joyeuse .
- Caroline ? Tu as marché ?… Je t’ai bien eue…Je plaisantais ... Je voulais te faire peur…Bien sûr que je t’aime ma petite poupée chérie... Je regrette si tu as eu mal…Je ne faisais que jouer... Je voulais savoir jusqu’où tu irais….Je m’en veux.
Caroline, méfie toi de son numéro de charme.
- Rappelle toi nos nuits d’amour. ..Si je t’ai attachée, c’est parce que j’avais trop peur que tu me quittes... Et tu aimais ça... J'étais persuadé que tu voulais être à moi…avec moi…Je suis désolé…Mais je ne pouvais pas concevoir ma vie sans toi...
Tu as raison de m’en vouloir... Je ne me rendais pas compte de tes souffrances, je te jure... Je t’ai sauvé la vie, rappelle toi... Je t’ai donné un beeper... Si je ne t’aimais pas, jamais je n’aurais fait ça... Et c’est toi qui m’as demandé de t’attacher dans le bois…Pardonne moi….Je ne ferai plus ces erreurs…Jamais plus…Je tiens trop à toi... Ma seule excuse c’est mon amour…
Viens m’embrasser.
Son discours hâché et décousu est presque touchant. Si je ne connaissais pas ses talents de manipulateur, je me ferais avoir.
- Et s’il était sincère ?
- Tu es folle ou quoi ?
Il continue sur un ton larmoyant. Je me bouche les oreilles. Je ne veux pas me laisser attendrir une fois de plus.
- STOP ! je me lève en criant. Si tu m’aimes comme tu dis, tu vas me donner le code Sim de l’IPhone que j’ai pris dans ta poche. C’est à toi n’est ce pas ? Je m’approche du lit et le lui présente au dessus de sa figure.
- Si tu me libères, je te le donne.
- Ttttt…Tu sais bien que je ne vais pas faire ça.
- Donc, je ne te le donne pas.
Il croit que tu vas céder.
Je saute sur le lit. A quatre pattes, mes genoux enserrant ses côtes, mes mains à plat encadrant sa tête, mon visage à vingt centimètres du sien, je vise ses yeux d'un regard perçant.
- Ok. Tu veux la jouer comme ça ? je lui demande d’une voix glaciale. Très bien ! Alors écoute moi bien:
Soit je me comporte comme tu l’as fait avec moi ( je marque un temps d’arrêt). Tu es ma chose, tu m’appartiens. Je joue avec toi et avec ton corps quand et comme j’en ai envie. Je décide si tu es méchant et je te punis à mon gré. Je te laisse attaché aussi longtemps que je veux. Je te jette quand j’en ai marre.
Soit je reste qui je suis et j’agis comme je suis. Normalement. Sans volonté de domination, sans idées perverses.
Mais il va falloir me convaincre, car je n’ai pas confiance en toi. Tu as intérêt à trouver des solutions qui me conviennent et me rassurent.
Tu dis que je suis trop gentille. Mais si je me libère sans ton aide, je n’aurai aucune raison d’être trop gentille….Et crois moi, ça peut arriver. Motive moi pour ne pas te détruire... directement ou indirectement.
Réfléchis bien. La balle est dans ton camp. Tu n’auras pas une deuxième chance. Je te laisse quelques minutes. Si c’est pour me supplier ou me manipuler, n’y songe même pas.
Je reste quelques secondes en position au dessus de lui, tranquille, déterminée. Il déglutit péniblement mon discours et évite mon regard.
Waouh Caroline ! Est ce bien toi ? Tu l’as impressionné.
Limite euphorique, trop contente de moi, je recule contre le mur derrière la petite table.
Assise cette fois, les jambes repliées, les mains autour de mes genoux, j’attends, le sourire aux lèvres.
A terminer.
Avez vous des idées sur ses réactions ?....J'ai plusieurs options. ..