Photographies et rififi
Publié : 29 avr. 2019, 12:06
L’obscurité opaque et immatérielle relative à l’inconscience céda sa place - avec une allégresse toujours aussi débordante - introduisant la lumière en quelques millièmes de secondes. Car tout ensommeillés qu’ils étaient par les quelques heures de sommeil qui avaient précédés, les yeux de Marc s’ouvrirent puis clignèrent devant le soudain afflux de luminosité. Il regarda sa montre, il était encore tôt. Il grommela, il n’avait pas arrêté d’enchainer périodes de sommeils et de réveils cette nuit, et il sentait bien que c’était l’excitation de la journée qui s’annonçait qui l’empêchait de bien se reposer.
Il n’y a pas si longtemps, il avait franchi le pas et avait posté une annonce sur un site internet de modèles :
« Cherche modèle pour une séance photo voire vidéo selon envie dudit modèle. C’est une séance particulière car le mannequin sera attaché et bâillonné (excepté si demande contraire) avec des foulards en soie. La prestation est rémunérée à hauteur de 30e/h. Pour tout renseignement supplémentaire, je vous prie de bien vouloir m’envoyer un email avec l’adresse affiliée à mon profil. »
Il ne s’attendait pas vraiment à avoir de réponses rapidement. Il ne connaissait pas de sites de modèles spécialisés dans le bondage, il était donc allé sur un website très généraliste. En vérité, pour lui, la plupart des personnes qui allaient voir l’annonce se demanderaient qui était le dérangé qui pouvait demander une chose pareille. Toujours est-il que de manière surprenante – à en cracher son café pour être précis – il avait reçu une réponse quelques jours après. Surtout que le message était très encourageant.
« Bonjour Monsieur,
Votre annonce m’intéresse particulièrement. Je vous avoue n’avoir jamais été dans pareille situation mais cela me semble amusant d’essayer. Je vous donne par la même mon consentement pour être attachée et bâillonnée. Je vous le donnerai néanmoins en temps voulu pour une vidéo si cette séance me plait assez. Est-il possible que j’amène quelques-uns de mes propres foulards ?
Pour les détails plus terre à terre : Quelle est votre adresse ? Et quand désirez-vous que je vous rejoigne ?
Cordialement, Marion. »
Il n’en revenait pas de sa chance. Intérieurement il s’était toujours imaginé que personne ne voudrait jamais répondre à cela et qu’il garderait sa passion pour lui. Mais voilà qu’il avait obtenu une réponse ! Il ne put résister à la tentation d’aller regarder les photos de cette fille afin de se faire une idée des choix esthétiques pour ses futures photos. Il fallait choisir des foulards qui s’allient bien avec la couleur de ses yeux et de ses cheveux. Une cohérence entre son teint et les étoffes étaient aussi diablement nécessaires pour le rendu final. Cliquant sur les photos, les faisant dérouler les unes après les autres, Marc analysa très professionnellement la situation. Marion semblait être une très jolie mannequin. Selon son avis subjectif du moins. Il ne pensait pas que les grands créateurs de mode n’eurent jamais recruté ce type de beauté, ils préféraient bien plus ces espèces de squelettes décharnés dressés sur de vertigineux talons. Le type de beauté qui s’étalait devant ses yeux lui plaisait bien plus. Blonde, un front dégagé, yeux verts-gris, un nez long de caractère, une bouche expressive dont les bords laissaient transparaitre un sourire moqueur éternellement prêt à sortir. Ses formes étaient attirantes, pas trop fines mais musclées et sculptées comme il fallait.
Il lui avait répondu, donnant son adresse et l’heure de rendez-vous, ce à quoi elle lui avait promis d’être présente au moment convenu. Tout marchait comme sur des roulettes, c’était parfait. Il allait enfin pouvoir prendre des photos d’une demoiselle « en détresse », surtout qu'elle avait fait des études de théâtre selon son profil, ce qui pouvait augurer d'une vidéo avec un réel acting.
Toujours est il qu’il se retrouvait la, dans son lit à ressasser ce moment de pur bonheur ou il avait enfin réalisé qu'il allait pouvoir assouvir cette fantaisie. ! Il avait déjà d’innombrables idées quant au déroulement de la séance. Il y avait les foulards qu’il allait utiliser -ils étaient déjà rangés sur la table de son salon -, l'appareil photo, les différents objectifs au cas où, les tapis de sol pour qu'elles ne se fassent pas mal sur son dur parquet et les éclairages déjà disposés. Il fallait qu'il fasse autre chose le temps qu’elle arrive sinon il allait devenir fou à revoir en détails ses plans et les ressasser sans cesse.
Il eut une idée soudaine : aller acheter des ingrédients afin de se faire un bon plat. C’était un de ses autres grands plaisirs, le délicat et intense moment où il se représentait la nourriture qu'il allait consommer, créée de ses propres mains et qui correspondait donc exactement à ce à quoi il s’attendait. Cette attente alors que le plat mijotait, la fumée s'en échappant libérant de douces odeurs embaumant l'appartement et son cerveau qui focalisait sa concentration en vue de la future panacée. La salive se faisant plus abondante sous l'effet de l'envie... Toute cette attente atteignant son paroxysme lorsqu'enfin le plat était prêt. Le merveilleux moment où le paradis s'ouvre, ou les papilles gustatives fonctionnent à plein régime, retranscrivant les multiples senteurs des ingrédients composant le plat, l'estomac se remplissant peu a peu jusqu’à délivrer le message bienheureux d'un encombrement providentiel. Rien qu’à y penser, il avait hâte, et ce processus s’était déjà mis en place, le faisant d’ores et déjà saliver par pure anticipation.
L’après-midi passa donc rapidement. Marc s’était concocté un fabuleux curry de type Thailandais dans une quantité telle qu'il restait au moins plusieurs repas. Un bon film sur son home-cinéma – Ah quel bonheur que ce Heat ! Tant de scènes iconiques. Il l’avait déjà vu plusieurs fois et c’était à chaque fois un pur plaisir-, une partie de son nouveau jeu-vidéo et le temps d’attente était arrivé à son terme. L’échéance, aboutie. Son calvaire, expiré.
La cloche sonna. Ce son tant attendu, tant voulu, mais aussi tant redouté, retentit dans son appartement. Son rythme cardiaque s’accéléra, ses questionnements naquirent.
« Mais qu’est-ce que je fous ? C’est complètement idiot d’avoir fait tout ça. J’ai laissé mes émotions et envies étranges prendre le pas sur ma raison ! Ça va être une catastrophe, je vais faire n’importe quoi, elle va rire de moi, en parler à tout le milieu du mannequinat, tout est foutu, c’est n’importe quoi, je suis idiot, je suis débile… »
Malgré ses interrogations, ses pieds l’obligèrent à se lever, ses jambes l’obligèrent à se déplacer vers la porte, ses bras l’obligèrent à atteindre la poignée et ses mains l’obligèrent à l’ouvrir. La porte grinça – cela faisait trop longtemps qu’il procrastinait vis-à-vis de ce problème, il allait falloir qu’il y remédie- avant de dévoiler son futur modèle. Elle était là. Elle se tourna, affichant un vaste sourire si spontané que toutes ses délibérations intérieures s’évanouirent. Il était tout simplement rayonnant, radieux et honnête. Elle ne semblait aucunement feindre son allégresse de se trouver à cet endroit et pour cette raison.
« Salut ! dit-elle d’un ton enjoué. T’es plutôt beau gosse finalement, j’avoue que vue ton message hésitant, comme si tu avais honte de ta demande sur le site, je m’attendais à un bonhomme tout malheureux. Comme quoi ! »
Marc était abasourdi. S’il s’était attendu à cela comme premières paroles ! Dans ses représentations mentales, il s’était imaginé des formulations polies suivies d’un silence gêné, ponctué par des demandes pour des poses ou des recommandations. Il en était tout perturbé. Il ne savait plus du tout comment réagir car il s’était créé un véritable schéma mental pour réussir à outrepasser son embarras.
« Euh…. Salut… répondit-il, rougissant peu à peu.
- Ben alors, ne fais pas cette tête. Je t’ai vexé ? Lui demanda-t-elle.
- Non, non, pas du tout… Euh… C’est juste que je ne m’attendais pas du tout à ça.
- Ohlalala, il ne faut pas se formaliser ! Ce n’est pas parce qu’on va faire une séance de bondage photos qu’il faut tout de suite tirer la gueule ! C’est la première fois que tu fais ça toi non ?
Encore une fois, il fut pris au dépourvu. Elle l’avait rapidement cerné. Il n’avait pas voulu montrer qu’il était un novice car cela il était convaincu que cela chassait les modèles.
- Ben, non, non, je ne vois pas du tout pourquoi tu dis ça. Rétorqua-t-il en devant rouge comme une pivoine.
- Allez c’est bon, j’ai compris. Lui dit elle en faisant un geste de la main. Je n’en ai rien à faire, ne t’inquiètes pas. Ça me va tout autant.
- Et toi ? Je croyais que tu n’en avais jamais fait ? l’interrogea Marc, ayant repris un peu de contenance.
- Moi ? Oh… Non, non c’est une expérience toute nouvelle, hein. Sa réponse paraissait assurée et honnête. Elle avait vraiment l’air curieuse mais novice.
- Ok, ok. Mais rentres, rentres. Ça ne sert à rien que tu restes dehors comme cela ! »
Comme un gentleman, il s’effaça afin de la laisser pénétrer dans sa maison. Elle était exactement comme sur ses photos. De nos jours, on ne pouvait plus toujours en être sûr avec les innombrables filtres appliqués sur celles-ci. Ces idées quant aux agencements qu’il voulait créer entre elle et les liens tenaient donc toujours.
Elle s’était vêtue d’une combishort verte kaki satinée. Malgré l’esprit professionnel qu’il essayait de s’appliquer, il ne put s’empêcher de penser qu’elle l’attirait. Elle avait une démarche chaloupée faisant ressortir ses hanches de manière très sensuelle. Son mouvement faisant montre d’une forte vitalité empreinte d’un irréfutable optimisme débordant. Elle siffla soudain, le dérangeant dans son observation.
« Eh bien, eh bien. Tu te mets bien toi ! Tu as un bel appartement franchement. Super lumineux, spacieux. Et en plus t’as l’air d’avoir bon gout pour la déco. WAW, un home-cinéma ! Il est super grand. T’as l’installation son qui va avec ? Purée c’est dingue, je suis jalouse. Tu le loues ou tu l’as acheté ? Et t’aimes le cinéma ? T’as l’air d’un grand lecteur aussi ! C’est quoi ça ? Et ça tu l’as trouvé où ? C’est ton dessin ça ? Ah mais en fait tu dessines ! »
Devant un tel tourbillon, il n’avait pu répondre à aucune question. Non pas parce qu’il était encore embarrassé, mais tout simplement car il n’en avait pas le temps. Elle se retourna soudain, l’air contrits.
« Je suis désolée, je m’emporte parfois. Je ne te laisse même pas respirer avec mes questions… Parfois je parle vraiment trop, c’est plus fort que moi. Surtout quand je découvre un endroit aussi kiffant qu’ici !
- Ne t’en fais pas, ce n’est pas grave. Alors pour répondre à tes questions : Oui j’ai une installation son adaptée, sinon ce serait dommage, je loue cet appartement, ça c’est un de mes livres préférés, et oui c’est mon dessin car j’aime dessiner bien que je sois un profane. Tu as d’autres questions ? lui demanda t’il d’un ton taquin et en rigolant à moitié – il commençait déjà à être à l’aise avec elle, son coté frais surement.
- Euuuuh tu en as oublié une ! dit-elle en mettant la tête en arrière et en le regardant de biais, d’un air espiègle. T’aimes le cinéma pour t’être acheté un tel équipement ?
- C’est le milieu dans lequel j’officie je t’avoue, donc logiquement…
- Hyper intéressant ! J’ai 50000 questions à te poser alors, vu que c’est un milieu que j’adore aussi ! Mais bon, d’abord, il y a une raison qui nous réunit aujourd’hui, alors commençons !
Il n’y a pas si longtemps, il avait franchi le pas et avait posté une annonce sur un site internet de modèles :
« Cherche modèle pour une séance photo voire vidéo selon envie dudit modèle. C’est une séance particulière car le mannequin sera attaché et bâillonné (excepté si demande contraire) avec des foulards en soie. La prestation est rémunérée à hauteur de 30e/h. Pour tout renseignement supplémentaire, je vous prie de bien vouloir m’envoyer un email avec l’adresse affiliée à mon profil. »
Il ne s’attendait pas vraiment à avoir de réponses rapidement. Il ne connaissait pas de sites de modèles spécialisés dans le bondage, il était donc allé sur un website très généraliste. En vérité, pour lui, la plupart des personnes qui allaient voir l’annonce se demanderaient qui était le dérangé qui pouvait demander une chose pareille. Toujours est-il que de manière surprenante – à en cracher son café pour être précis – il avait reçu une réponse quelques jours après. Surtout que le message était très encourageant.
« Bonjour Monsieur,
Votre annonce m’intéresse particulièrement. Je vous avoue n’avoir jamais été dans pareille situation mais cela me semble amusant d’essayer. Je vous donne par la même mon consentement pour être attachée et bâillonnée. Je vous le donnerai néanmoins en temps voulu pour une vidéo si cette séance me plait assez. Est-il possible que j’amène quelques-uns de mes propres foulards ?
Pour les détails plus terre à terre : Quelle est votre adresse ? Et quand désirez-vous que je vous rejoigne ?
Cordialement, Marion. »
Il n’en revenait pas de sa chance. Intérieurement il s’était toujours imaginé que personne ne voudrait jamais répondre à cela et qu’il garderait sa passion pour lui. Mais voilà qu’il avait obtenu une réponse ! Il ne put résister à la tentation d’aller regarder les photos de cette fille afin de se faire une idée des choix esthétiques pour ses futures photos. Il fallait choisir des foulards qui s’allient bien avec la couleur de ses yeux et de ses cheveux. Une cohérence entre son teint et les étoffes étaient aussi diablement nécessaires pour le rendu final. Cliquant sur les photos, les faisant dérouler les unes après les autres, Marc analysa très professionnellement la situation. Marion semblait être une très jolie mannequin. Selon son avis subjectif du moins. Il ne pensait pas que les grands créateurs de mode n’eurent jamais recruté ce type de beauté, ils préféraient bien plus ces espèces de squelettes décharnés dressés sur de vertigineux talons. Le type de beauté qui s’étalait devant ses yeux lui plaisait bien plus. Blonde, un front dégagé, yeux verts-gris, un nez long de caractère, une bouche expressive dont les bords laissaient transparaitre un sourire moqueur éternellement prêt à sortir. Ses formes étaient attirantes, pas trop fines mais musclées et sculptées comme il fallait.
Il lui avait répondu, donnant son adresse et l’heure de rendez-vous, ce à quoi elle lui avait promis d’être présente au moment convenu. Tout marchait comme sur des roulettes, c’était parfait. Il allait enfin pouvoir prendre des photos d’une demoiselle « en détresse », surtout qu'elle avait fait des études de théâtre selon son profil, ce qui pouvait augurer d'une vidéo avec un réel acting.
Toujours est il qu’il se retrouvait la, dans son lit à ressasser ce moment de pur bonheur ou il avait enfin réalisé qu'il allait pouvoir assouvir cette fantaisie. ! Il avait déjà d’innombrables idées quant au déroulement de la séance. Il y avait les foulards qu’il allait utiliser -ils étaient déjà rangés sur la table de son salon -, l'appareil photo, les différents objectifs au cas où, les tapis de sol pour qu'elles ne se fassent pas mal sur son dur parquet et les éclairages déjà disposés. Il fallait qu'il fasse autre chose le temps qu’elle arrive sinon il allait devenir fou à revoir en détails ses plans et les ressasser sans cesse.
Il eut une idée soudaine : aller acheter des ingrédients afin de se faire un bon plat. C’était un de ses autres grands plaisirs, le délicat et intense moment où il se représentait la nourriture qu'il allait consommer, créée de ses propres mains et qui correspondait donc exactement à ce à quoi il s’attendait. Cette attente alors que le plat mijotait, la fumée s'en échappant libérant de douces odeurs embaumant l'appartement et son cerveau qui focalisait sa concentration en vue de la future panacée. La salive se faisant plus abondante sous l'effet de l'envie... Toute cette attente atteignant son paroxysme lorsqu'enfin le plat était prêt. Le merveilleux moment où le paradis s'ouvre, ou les papilles gustatives fonctionnent à plein régime, retranscrivant les multiples senteurs des ingrédients composant le plat, l'estomac se remplissant peu a peu jusqu’à délivrer le message bienheureux d'un encombrement providentiel. Rien qu’à y penser, il avait hâte, et ce processus s’était déjà mis en place, le faisant d’ores et déjà saliver par pure anticipation.
L’après-midi passa donc rapidement. Marc s’était concocté un fabuleux curry de type Thailandais dans une quantité telle qu'il restait au moins plusieurs repas. Un bon film sur son home-cinéma – Ah quel bonheur que ce Heat ! Tant de scènes iconiques. Il l’avait déjà vu plusieurs fois et c’était à chaque fois un pur plaisir-, une partie de son nouveau jeu-vidéo et le temps d’attente était arrivé à son terme. L’échéance, aboutie. Son calvaire, expiré.
La cloche sonna. Ce son tant attendu, tant voulu, mais aussi tant redouté, retentit dans son appartement. Son rythme cardiaque s’accéléra, ses questionnements naquirent.
« Mais qu’est-ce que je fous ? C’est complètement idiot d’avoir fait tout ça. J’ai laissé mes émotions et envies étranges prendre le pas sur ma raison ! Ça va être une catastrophe, je vais faire n’importe quoi, elle va rire de moi, en parler à tout le milieu du mannequinat, tout est foutu, c’est n’importe quoi, je suis idiot, je suis débile… »
Malgré ses interrogations, ses pieds l’obligèrent à se lever, ses jambes l’obligèrent à se déplacer vers la porte, ses bras l’obligèrent à atteindre la poignée et ses mains l’obligèrent à l’ouvrir. La porte grinça – cela faisait trop longtemps qu’il procrastinait vis-à-vis de ce problème, il allait falloir qu’il y remédie- avant de dévoiler son futur modèle. Elle était là. Elle se tourna, affichant un vaste sourire si spontané que toutes ses délibérations intérieures s’évanouirent. Il était tout simplement rayonnant, radieux et honnête. Elle ne semblait aucunement feindre son allégresse de se trouver à cet endroit et pour cette raison.
« Salut ! dit-elle d’un ton enjoué. T’es plutôt beau gosse finalement, j’avoue que vue ton message hésitant, comme si tu avais honte de ta demande sur le site, je m’attendais à un bonhomme tout malheureux. Comme quoi ! »
Marc était abasourdi. S’il s’était attendu à cela comme premières paroles ! Dans ses représentations mentales, il s’était imaginé des formulations polies suivies d’un silence gêné, ponctué par des demandes pour des poses ou des recommandations. Il en était tout perturbé. Il ne savait plus du tout comment réagir car il s’était créé un véritable schéma mental pour réussir à outrepasser son embarras.
« Euh…. Salut… répondit-il, rougissant peu à peu.
- Ben alors, ne fais pas cette tête. Je t’ai vexé ? Lui demanda-t-elle.
- Non, non, pas du tout… Euh… C’est juste que je ne m’attendais pas du tout à ça.
- Ohlalala, il ne faut pas se formaliser ! Ce n’est pas parce qu’on va faire une séance de bondage photos qu’il faut tout de suite tirer la gueule ! C’est la première fois que tu fais ça toi non ?
Encore une fois, il fut pris au dépourvu. Elle l’avait rapidement cerné. Il n’avait pas voulu montrer qu’il était un novice car cela il était convaincu que cela chassait les modèles.
- Ben, non, non, je ne vois pas du tout pourquoi tu dis ça. Rétorqua-t-il en devant rouge comme une pivoine.
- Allez c’est bon, j’ai compris. Lui dit elle en faisant un geste de la main. Je n’en ai rien à faire, ne t’inquiètes pas. Ça me va tout autant.
- Et toi ? Je croyais que tu n’en avais jamais fait ? l’interrogea Marc, ayant repris un peu de contenance.
- Moi ? Oh… Non, non c’est une expérience toute nouvelle, hein. Sa réponse paraissait assurée et honnête. Elle avait vraiment l’air curieuse mais novice.
- Ok, ok. Mais rentres, rentres. Ça ne sert à rien que tu restes dehors comme cela ! »
Comme un gentleman, il s’effaça afin de la laisser pénétrer dans sa maison. Elle était exactement comme sur ses photos. De nos jours, on ne pouvait plus toujours en être sûr avec les innombrables filtres appliqués sur celles-ci. Ces idées quant aux agencements qu’il voulait créer entre elle et les liens tenaient donc toujours.
Elle s’était vêtue d’une combishort verte kaki satinée. Malgré l’esprit professionnel qu’il essayait de s’appliquer, il ne put s’empêcher de penser qu’elle l’attirait. Elle avait une démarche chaloupée faisant ressortir ses hanches de manière très sensuelle. Son mouvement faisant montre d’une forte vitalité empreinte d’un irréfutable optimisme débordant. Elle siffla soudain, le dérangeant dans son observation.
« Eh bien, eh bien. Tu te mets bien toi ! Tu as un bel appartement franchement. Super lumineux, spacieux. Et en plus t’as l’air d’avoir bon gout pour la déco. WAW, un home-cinéma ! Il est super grand. T’as l’installation son qui va avec ? Purée c’est dingue, je suis jalouse. Tu le loues ou tu l’as acheté ? Et t’aimes le cinéma ? T’as l’air d’un grand lecteur aussi ! C’est quoi ça ? Et ça tu l’as trouvé où ? C’est ton dessin ça ? Ah mais en fait tu dessines ! »
Devant un tel tourbillon, il n’avait pu répondre à aucune question. Non pas parce qu’il était encore embarrassé, mais tout simplement car il n’en avait pas le temps. Elle se retourna soudain, l’air contrits.
« Je suis désolée, je m’emporte parfois. Je ne te laisse même pas respirer avec mes questions… Parfois je parle vraiment trop, c’est plus fort que moi. Surtout quand je découvre un endroit aussi kiffant qu’ici !
- Ne t’en fais pas, ce n’est pas grave. Alors pour répondre à tes questions : Oui j’ai une installation son adaptée, sinon ce serait dommage, je loue cet appartement, ça c’est un de mes livres préférés, et oui c’est mon dessin car j’aime dessiner bien que je sois un profane. Tu as d’autres questions ? lui demanda t’il d’un ton taquin et en rigolant à moitié – il commençait déjà à être à l’aise avec elle, son coté frais surement.
- Euuuuh tu en as oublié une ! dit-elle en mettant la tête en arrière et en le regardant de biais, d’un air espiègle. T’aimes le cinéma pour t’être acheté un tel équipement ?
- C’est le milieu dans lequel j’officie je t’avoue, donc logiquement…
- Hyper intéressant ! J’ai 50000 questions à te poser alors, vu que c’est un milieu que j’adore aussi ! Mais bon, d’abord, il y a une raison qui nous réunit aujourd’hui, alors commençons !