Recensement
Préambule :
La courte histoire qui suit est rédigée en deux chapitres. Le deuxième, qui fait la part belle au ligotage, sera publié dans quelques jours.
Chapitre I
Simon n’avait plus que trois maisons à faire dans cette rue de banlieue. C’était bien plus long qu’il ne l’avait imaginé en s’inscrivant, et du coup pas cher payé pour le temps passé. Cela allait tout de même l’aider pour régler le loyer de sa chambre d’étudiant. Il estimait qu’à vingt ans, sans avoir encore de diplôme si ce n’était le BAC, tout job pouvant se faire en dehors des heures de cours était bon à prendre. Il ne fallait pas faire le difficile. Aussi avait-il sauté sur l’occasion quand il avait vu l’annonce concernant le recrutement d'agents pour le recensement national de 1990.
Il se planta devant le portail du numéro 87 de la rue, une propriété dont l’intimité était gardée par des cyprès en rangs serrés. Haut d’au moins 2 mètres, il ne laissait rien entrevoir du jardin ou de la maison auxquels il donnait accès. Le nom sur la boîte aux lettres, autant délavé par les rayons solaires que par la pluie, était illisible.
Il replaça sur son épaule gauche la bandoulière de sa sacoche pleine de formulaires qui avait la fâcheuse tendance à ne pas vouloir s’y maintenir, et appuya sur le bouton de l’interphone.
Il s’apprêtait à se présenter quand un bourdonnement de gâche électrique se fit entendre en même temps qu’une voix féminine l’invitait à entrer.
Un peu surpris, il poussa néanmoins le portail sans attendre, de crainte qu’il ne se verrouille de nouveau.
Le jardin se révéla à lui, vaste, splendide, faussement désordonné comme les Anglais savent les agencer. Une allée gravillonnée menait à une jolie bâtisse de style victorien, sur deux niveaux, avec un porche ceint de colonnes. Cela en imposait. Peu habitué à ce faste, Simon était mal à l’aise et ce n’était pas sa timidité naturelle qui allait l’aider à trouver le ton juste, propre à inciter les propriétaires à remplir son formulaire.
Arrivant au niveau de la porte, il leva la main pour actionner le heurtoir à face de lion qui l'équipait, mais n’eut pas le temps de le faire. Celle-ci se déroba et laissa apparaître une élégante jeune femme blonde.
— Bonjour ! Je n’espérais plus que vous passiez ce soir ; mais entrez donc.
— Bonjour Madame. Je… s’il est un peu tard, je peux revenir un autre jour…
— Surtout pas… répondit-elle en le scannant du regard de haut en bas.
— Vous êtes nouveau ? Je ne vous ai jamais vu.
— Euh, oui… En fait, c’est la première fois que je fais ça, répondit-il en se disant qu’elle aurait bien dû se douter que ce n’étaient pas les mêmes agents qui intervenaient à chaque recensement, surtout que le dernier remontait à 8 ans de cela.
— Ah ! d’accord… directement, comme ça… J’espère qu’ils vous ont bien briefés.
— Oh, ne vous inquiétez pas, j’ai été formé et je connais mon sujet, rétorqua-t-il tout en ouvrant sa sacoche dans l’intention d’en sortir un formulaire vierge.
— Dans ce cas, suivez-moi, nous allons faire cela dans le boudoir.
— Eh bien… oui, si vous le voulez, bredouilla-t-il avant de repousser le papier qu’il avait commencé à extirper.
Il emboîta le pas de la demoiselle qui le conduisit à l’étage. Celle-ci avait réellement une plastique parfaite. Quel âge pouvait-elle avoir ? 25 ans ? 28, peut-être.
— C’est petit, mais nous serons bien ici, dit-elle en le faisant entrer.
Petit ? Probablement par rapport aux autres pièces de cette bâtisse, mais tout de même trois fois plus grand que ma chambre, pensa Simon.
Le boudoir était de forme carrée. Il y flottait une légère odeur de moisi et d’encaustique. Dotée d’une seule fenêtre, à 19 h 30 et avec le ciel nuageux de ce jour d’été, il était déjà dans la pénombre. Il faut dire que le papier peint cramoisi qui le décorait n’aidait pas à avoir une impression de clarté. Une table ronde cernée de quatre chaises occupait l’angle situé au fond à droite, des bibliothèques en chêne habillaient de leurs centaines de livres la totalité du mur la jouxtant. Sur celui de gauche était aligné un buffet haut style Louis XVI dont l’alcôve était encombrée de bibelots bourgeois. Simon y reconnut des biscuits de Sèvres ou de Limoges et des tabatières chinoises dont certaines, à n’en pas douter anciennes, étaient en ivoire sculpté. Mais, ce qui attira le plus l’œil de notre agent de recensement fut le lit métallique plaqué de son long contre le mur. Sa tête et son pied étaient dotés de barreaux verticaux peints en noir. Un plaid écarlate couvrait son matelas et toute une tribu de gros coussins beiges le transformaient en canapé bobo.
La jeune femme l’invita à se mettre à l’aise tout en lui indiquant de la main une des chaises.
Simon retira sa veste légère, qu’il posa sur le dossier, et s’assit face à la table en plaçant sa sacoche sur ses genoux.
— Nous ne sommes pas pressés, vous allez bien accepter un petit apéritif avant de commencer, n’est-ce pas ?
— Normalement, je ne suis pas censé… débuta Simon tout en se laissant tenter. Pas par la boisson, en fait, mais par l’idée de passer un peu plus de temps avec la jolie jeune femme que ne l’exigeraient l’énoncé des instructions d’utilisation de son formulaire.
À sa grande surprise, celle-ci fit pivoter devant lui une partie de la bibliothèque qui se révéla factice, puisque dissimulant un petit bar. Elle en saisit une bouteille de champagne.
— Un Kir royal vous tenterait ?
— Je ne vais pas vous faire ouvrir une bouteille juste pour ça.
— Oh, ce n’est pas grave, moi, j’en ai vraiment envie, et puis nous ne sommes pas obligés de la boire en entier !
— Dans ce cas…
— Cassis ou framboise ? demanda-t-elle tout en lui tendant la champenoise.
— Framboise, s’il vous plaît, répondit-il avant de s’attaquer au muselet retenant le bouchon.
La jeune femme sortit des flûtes et y servit une quantité qu’il jugea carrément excessive de crème de framboise. Il nota d’ailleurs qu’elle lui en avait bien mis le double de sa propre dose.
Simon y ajouta le champagne en pensant qu’avec son manque de pratique de consommation d’alcool, il valait mieux qu’il refuse un éventuel deuxième verre.
La jolie blonde s’assit à son tour en face de lui et entama la conversation en lui demandant son appréciation sur la décoration de la pièce. Simon supposa que cette question n’avait vocation qu’à amorcer la conversation, ce qu’il put vérifier quand ils sautèrent de sujet en sujet au gré d’associations d’idées ou d’anecdotes. Il était finalement bien moins désagréable qu’il ne l’avait craint de discuter avec cette femme d’un milieu bien plus aisé que le sien. Largement sur la réserve au début, il s’était vite détendu. L’alcool n’y était probablement pas étranger. À n’en pas douter, il était tombé sous le charme de son intelligence et de sa beauté. Sans avoir à le demander, elle lui avait révélé son prénom : Laura. Une information qu’il aurait de toute façon fini par obtenir lors du renseignement de la fiche de recensement.
Il aurait dû refuser le deuxième verre comme il se l’était promis, mais, avec sa capacité de réflexion et son bon sens déjà en partie altérés, il n’osa pas le faire. Tout en parlant, il le but en quelques gorgées, bien qu’il lui parût encore plus sucré et alcoolisé que le premier. La suite de la conversation lui sembla cotonneuse, il fallait qu’il se concentre et ralentisse sa diction pour ne pas déraper sur la moindre consonne, la ramollissant au point qu’elle devienne indistincte.
— Finalement, vous êtes parfait ! s’exclama-t-elle, alors qu’il venait de réaliser qu’elle n’avait toujours pas fini son premier verre.
Parfait pour quoi ? se demanda-t-il.
— Je vais attendre encore un peu, continua-t-elle, ce sera moins désagréable pour vous.
Attendre un peu ? Moins désagréable pour quoi ? pensa Simon. D’accord, répondre à des questions sur son état civil, sa profession ou le nombre de résidents des lieux n’a rien de franchement amusant, mais de là à qualifier cela de désagréable… Et pourquoi « pour moi ? ». Parce que je devrais expliquer longtemps ? Pourtant, elle est des plus intelligente… Ou alors à cause du fait que j’ai du mal à articuler maintenant… Elle a dû s’en apercevoir, c’est sûr… Mais je risque de prendre un moment à récupérer toutes mes facultés d’élocution… Merde, je ne suis plus en état… Je suis en train de m’avachir sur cette chaise… Il faudrait que je me redresse… Bof… Est-ce vraiment utile. Je suis tout mou et j’ai la tête qui tourne méchamment maintenant.
Laura se remit à parler, mais, s’il comprenait encore le sens général de ses propos, il était devenu bien incapable d’émettre la moindre opinion.
Après plusieurs minutes, elle se leva et disparut de son champ visuel en passant derrière lui, pour aller chercher un livre qu’elle voulait lui montrer, ou une carafe d’eau, il ne savait plus trop. Ce devait plutôt être ça, pensa-t-il en entendant le léger glouglou d'un liquide s'écoulant.
Décidément, il devait encore avoir mal compris, car l’effluve très marqué d’un alcool chatouillait désormais ses narines. Il n’arrivait pas à déterminer lequel. Cela lui rappelait son enfance. De fugaces images lui revinrent à l’esprit. Une petite bouteille bleue, une compresse sur le genou écorché. Cela ressemblait à la désagréable odeur de l’éther que sa mère utilisait pour désinfecter ses plaies, quand ce liquide volatil était toujours en vente libre dans les pharmacies.
Il voulut se retourner, mais n’en eut pas le temps. La boucle d’une corde passa devant ses yeux avant de se resserrer sur son torse, bloquant ses membres contre lui, au-dessus des coudes. Une fraction de seconde plus tard, un bras frêle remonta sous son menton, tira son cou en arrière jusqu’à ce que son crâne vienne buter contre quelque chose de souple, l’immobilisant du même coup. Il leva les yeux et aperçut le visage d’ange de Laura, qui se révélait plutôt démon. Paniqué, il commença à crier, mais la main de cette dernière plaqua un imposant tampon d’ouate sur sa bouche et son nez. Cette fois, l’odeur écœurante de l’éther l’assaillait sans retenue. En pliant ses bras, il essaya d’atteindre la masse cotonneuse pour la repousser, mais ses doigts ne parvenaient qu’à effleurer son menton. Sa tête tournait. Il se mit à gesticuler des jambes, tentant de prendre appui sur un des pieds de table pour se dégager. Celle-ci recula de biais et les flûtes posées à sa surface valdinguèrent avant de se briser au sol. Par contre, ni lui ni sa chaise ne bougèrent. Il manquait d’air. Chaque bouffée de celle-ci, difficilement obtenue au prix d’une forte aspiration, lui emplissait les poumons de vapeurs d’éther. Son cœur accéléra nettement le rythme de ses battements.
Il ne fait aucun doute qu’elle veut me faire perdre conscience, mais, visiblement, cela ne marche pas, pensa Simon. Elle va s’en rendre compte et abandonner… abandonner…
Aban... doner... aban... don… ner...
Ses muscles se détendirent et ses mains retombèrent. La droite heurta violemment la table, pas assez repoussée de ce côté, mais il ne ressentit presque aucune douleur. Il n’avait plus aucune force, son esprit, déjà embrumé par l’alcool, sombra lentement dans le néant.
À suivre...
Avertissement :
Dans le monde réel, étheriser ou chloroformer quelqu'un au tampon est très dangereux pour sa santé. On rencontre assez souvent ce type de pratique dans la littérature ou les films, et donc aussi, vous l'avez constaté, dans le texte qui précède, car, dans l'esprit collectif, cela est censé être efficace, sûr et rapide. La santé et la survie des protagonistes d'une histoire ne dépendent que du bon vouloir de son auteur. Ce ne sera pas le cas de votre partenaire de jeu si vous aviez la mauvaise idée de tenter cette pratique sur sa personne !
Recensement
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- Fantôme
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- Inscription : 23 avr. 2025, 16:38
- Pratique : Oui
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La photographie ;
Me sentir immobilisé par des liens le temps d'un jeu ;
Les voyages et bien d'autres choses ! - Ce que je déteste : L'injustice, la violence, l'arrogance, et bien d'autres choses !
Re: Recensement
J'espère que l'INSEE l'a bien briefé. Il a l'air surpris.


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Recensement Chapitre II
Chapitre II
Laura maintenait fermement le tampon d’ouate sous le nez du jeune homme. Elle avait perçu l’affaissement de son corps, mais elle savait qu’il fallait encore insister un peu. La vidéo que l’agence lui avait envoyée l’expliquait bien, elle devait attendre qu’il se mette à avoir des mouvements respiratoires amples. Ils s’installèrent au bout de quelques secondes supplémentaires. Elle en compta cinq et écarta sa main. Elle accompagna ensuite le torse et la tête ballante jusqu’à ce que ceux-ci reposent sur le dessus de la table. Après s’être assurée que le jeune homme ne s’écroulerait pas, au risque de se blesser, elle se précipita à la fenêtre qu’elle ouvrit en grand. Cette odeur d’éther était écœurante au possible et commençait à l’incommoder ! Elle respira à pleins poumons à plusieurs reprises jusqu’à se sentir mieux. Finalement, pensa-t-elle, ce garçon avait bien joué son rôle. Certes, le scénario qu’elle avait commandé n’était pas des plus compliqués, mais tout de même, la petite sacoche pour faire plus crédible en tant que représentant en assurances était une bonne idée. En même temps, vu le prix de la prestation… Bon ! c’était difficile de trouver cela trop cher, car des escort boys qui tolèrent ce genre de traitement ne devaient pas être légion. La liste des pratiques acceptées qu’elle avait demandée était assez longue et c’était la première fois qu’elle y portait « être endormi à l’éther ou au chloroforme ». Cela expliquait peut-être pourquoi l’agence lui avait envoyé un gars beaucoup moins athlétique qu’à l’accoutumée. En plus, même si son visage n’était pas moche, il était tout de même plutôt quelconque.
Le léger malaise provoqué par les vapeurs d’éther qu’elle avait respiré s’étant dissipé, elle retourna près du jeune homme. Elle sentait poindre en elle l’excitation qu’elle éprouvait à chaque fois avant de passer à l’acte, peut-être même décuplée par le fait que le garçon était cette fois inconscient. Ses fantasmes étaient spéciaux et les assouvir était coûteux, mais elle avait la chance de pouvoir se les offrir. Elle se positionna derrière Franck, du moins était-ce le prénom que lui avait communiqué l’agence, et le ceintura de ses bras. Elle tira en arrière pour reculer la chaise et bascula le corps sur le côté gauche. Il s’affaissa et elle eut juste assez de force pour ralentir sa chute au sol. Finalement, il était heureux qu’il n’ait pas été plus baraqué !
— Maintenant, il est temps de déballer mon cadeau ! s’enthousiasma-t-elle à haute voix.
Elle desserra la corde qui retenait ses bras prisonniers et commença à lui ôter son T-shirt, dévoilant sa musculature… peu développée. Heureusement qu’elle n’était pas une inconditionnelle des mecs hypervirils ! Elle se mit à caresser la peau de sa poitrine dépourvue du moindre poil. C’était doux et chaud… Hum… il allait tout de même faire un joli petit paquet ! Elle déboucla son ceinturon et continua par le pantalon, un jean noir, qui lui donna du fil à retordre. Elle dut tirer violemment à plusieurs reprises pour passer le niveau des fesses. Les jambes n’étaient guère plus velues que le torse. Seuls les molets exposaient un duvet clairsemé. Elle retira rapidement les socquettes pour découvrir de jolis pieds, peu anguleux. Après une hésitation, elle décida d’en rester là pour le moment. Voir ce jeune homme presque nu, inconscient et à sa merci, lui donnait la sensation d’être une prédatrice, une ravisseuse sans foi ni loi. Elle agrippa ses poignets et le tira au sol jusqu’au lit. Elle ne regretta pas de lui avoir laissé son boxer, car il facilitait sa tâche en glissant sur le parquet, ce qui n’était pas le cas de sa peau. Elle balança tous les coussins hors du lit, monta dessus et tira de toutes ses forces sur les bras de Franck pour tenter de le hisser sur le matelas. Elle réalisa qu’elle avait largement surestimé ses capacités musculaires. Elle arrivait bien à décoller un peu du sol les fesses du jeune homme, mais pas assez pour leur faire passer l’angle du matelas. Elle redescendit, se mit face au garçon, désormais le dos avachi sur le bord du lit, la tête affaissée sur la poitrine. Bien campée sur ses pieds placés de part et d’autre des cuisses de ce dernier, elle le saisit sous les aisselles et tenta encore une fois de le hisser sur le matelas.
— Punaise ! Je ne vais jamais y parvenir, pesta-t-elle en constatant son nouvel échec.
Dépitée, elle ôta ses mains du torse qui, mal équilibré, bascula sur le côté droit. L’épaule du jeune homme puis son crâne vinrent heurter assez durement le parquet en émettant un bruit sourd.
— Oups ! Désolée, laissa échapper Laura.
Il fallait qu’elle fasse son deuil pour le moment de son idée initiale. Elle allait improviser. Cela aurait été trop bête de ne pas profiter pleinement de sa proie. Aussi, elle la roula pour la mettre sur le ventre, parallèlement au lit, lui replaça les bras à l’intérieur de la boucle de corde puis, avec le reste de celle-ci, s’employa avec ardeur à les immobiliser fermement en faisant plusieurs tours autour de son thorax. Elle termina en faisant un double nœud.
Ayant besoin de matériel, elle sortit du buffet ce qu’elle appelait son « sac à malice » et se saisit d’une corde. Après en avoir jaugé la longueur, elle ramena les mains de Franck derrière son dos, croisa ses poignets et les lia consciencieusement, sans les serrer outre mesure pour ne pas bloquer la circulation sanguine, mais suffisamment tout de même pour ne leur permettre aucun mouvement. Comme il restait de la corde malgré les cinq tours effectués autour des membres, elle l’utilisa pour les coller au corps en ceinturant la taille.
Laura admira son œuvre inachevée tout en mettant en balance ses différentes envies pour la suite. Le gars n’était certes pas très musclé, mais, au moins, il n’était pas grassouillet. Il n’avait pas une once de graisse ! Elle allait évidemment lui ligoter les jambes, mais allait-elle lui laisser son boxer de coton blanc en place ? Lui qui moulait deux monts bien galbés tout en dissimulant malheureusement le fond de vallée. Oui ? Non ? Allez, c’était trop tentant ! Elle se pencha et saisit le sous-vêtement de chaque côté au niveau des hanches et tira vigoureusement vers les cuisses en soulevant légèrement pour faciliter le glissement entre le corps et le sol. Il n’offrit que peu de résistance, dévoilant deux muscles charnus et une peau parfaitement glabre. Elle entraîna le boxer au-delà des pieds et le balança par-dessus son épaule.
Plutôt mignon, tout ça, pensa-t-elle.
— Je m’occuperais de vous plus tard, affirma-t-elle en donnant une petite claque sur les fesses de son prisonnier.
Sachant que l’effet de l’éther n’allait pas durer très longtemps, elle se remit à l’ouvrage. Elle lia les chevilles puis les jambes au-dessus des genoux en faisant six tours de corde à chaque fois.
— Et maintenant, mon garçon, on va voir si tu as une grande bouche.
Elle sortit de son sac trois bâillons-boule de diamètres différents, allant de 35 à 45 mm. Elle sélectionna le plus gros. Il avait beau être comme les deux autres en silicone, donc légèrement déformable, elle n’arriva pas à faire pénétrer la boule noire dans la cavité buccale. Elle tenta sa chance avec le modèle de 40 mm. Elle dut forcer un peu, mais, cette fois, parvint à l’enfoncer au-delà des dents. Elle s’empressa de boucler la sangle du bâillon sur la nuque de façon à ce que son captif ne puisse s’y soustraire.
— Et voilà le travail ! s’exclama-t-elle avant d’ôter ses chaussons.
Elle s’assit sur le lit et posa ses pieds nus sur le séant du jeune homme. Le contact peau à peau était agréable. Elle s’amusa à jouer de l’élasticité de ses muscles fessiers pour imprimer à son corps de faibles oscillations latérales. Au bout de quelques minutes, elle obtint en retour de petits gémissements. Son prisonnier reprenait doucement connaissance. L’intensité des plaintes assourdies par le bâillon augmenta progressivement et le corps commença à s’animer de légers soubresauts. Enfin, elle vit les yeux du garçon s’ouvrir. Ses paupières papillonnèrent puis son regard reprit vie. Que pouvait-il ressentir à cet instant alors qu’il réalisait dans quelle situation il se trouvait, à même le sol, totalement nu et les membres ligotés ? Certes, l’agence l’avait informé de ses goûts et qu’il allait se retrouver attaché d’une façon ou d’une autre, mais que pouvait-il se passer dans sa tête avant qu’il ne s’en souvienne ?
Une ruade de Franck sortit Laura de ses réflexions. Celui-ci se mit à gigoter et à essayer de se retourner. Laura dut appuyer fortement des pieds sur ses fesses pour l’en empêcher.
— Calme-toi ! ordonna-t-elle, alors que le bâillon faisait fort bien son travail en assourdissant ses hurlements.
Le jeune homme continua, frappant violemment le sol de ses jambes, se cambrant, tirant comme une brute sur ses bras pour tenter de dégager ses mains.
Décidément, ce type donnait de sa personne pour jouer son rôle de petit représentant piégé et paniqué !
— Calme-toi ou je te remets une dose d’éther ! menaça-t-elle cette fois.
Comme un bon acteur consciencieux, il capitula, à bout de souffle, ou le simulant à la perfection, émettant des sifflements à chaque inspiration à cause de la boule qui lui obstruait en grande partie la bouche et bavant abondamment.
— Désolée, je vais te laisser ton bâillon en place. Je préfère, car je ne trouve pas très crédibles les jérémiades surjouées, et cela m’étonnerait que tu sois plus doué dans ce domaine que les autres boys, quoique tu t’en sortes bien jusqu’à présent.
— Maintenant que tu t’es calmé, reprit-elle, je te propose de m’aider à te hisser sur le lit. Ce sera plus confortable pour toi que le parquet. Qu’en penses-tu ?
Laura interpréta le bref gémissement émis par le garçon comme une réponse positive. Elle se releva puis aida ce dernier à se retourner. Elle ne manqua pas de jeter un œil sur ses attributs virils devenus pleinement exposés. Les proportions n’étaient pas démentes, mais le tout était assez joli, pour autant que l’on puisse qualifier de la sorte un sexe masculin. Délaissant du regard cette zone intime, elle empoigna le bras gauche de son captif et l’aida à se redresser. À sa demande, celui-ci plia ses genoux pour ramener ses cuisses au contact de son torse et poussa sur ses jambes. Elle put ainsi le faire s’asseoir sur le rebord du matelas.
Après avoir soufflé un instant, elle le fit basculer vers l’arrière tout en tirant sur le côté pour qu’il s’allonge dans l’axe du lit. Comme elle s’y attendait, il souleva ses pieds pour ce faire, mais, au lieu de venir les poser sur le matelas, il fléchit soudainement les jambes et les propulsa dans le thorax de Laura. Celle-ci, projetée en arrière, perdit l’équilibre, voulut se rattraper au dossier d’une des chaises, mais entraîna cette dernière dans sa chute.
— Aïe ! Mais ça ne va pas la tête ! s’emporta-t-elle, furieuse, en se relevant avant de porter une main sur ses côtes douloureuses.
Alors que le jeune homme essayait déjà de se redresser en se tournant sur le côté, elle se rua sur la bouteille d’éther, traînant sur un rebord de la bibliothèque. Elle l’ouvrit et, tout en revenant vers le lit, aspergea copieusement un autre tampon d’ouate du liquide odorant et volatil. Elle abandonna le récipient au sol et se jeta littéralement sur le garçon qui n’avait pas encore réussi à se remettre en position assise. Elle le plaqua sur le matelas, l’enserrant entre ses cuisses, empoigna une touffe de ses cheveux pour lui immobiliser la tête et appliqua le tampon sur son nez avec force. Le jeune homme tenta à plusieurs reprises de se dégager ; de façon désordonnée il martela le lit de ses pieds liés, mais finit par perdre de nouveau connaissance.
— Punaise ! pesta-t-elle en lâchant prise, il va vraiment trop loin dans la simulation, ce taré ! À croire qu’il aime être endormi à l’éther. Et puis, je n’ai pas payé pour me faire frapper. Je me plaindrai à l’agence ! Déjà qu’il n’est même pas fichu d’arriver à l’heure…
— Bon… soupira-t-elle une fois sa colère apaisée. Qu’est-ce que je vais faire de toi, maintenant ? Je sens que je vais être sans pitié… enfin, presque, finit-elle en lui caressant la cuisse, du genou à l’entrejambe.
Laura le bascula sur le flanc, lui libéra le torse et les bras puis l’allongea sur le dos, au centre et bien dans l’axe du lit. Elle plaça une corde sur le haut de sa poitrine, la fit passer sous chaque aisselle puis l’arrima solidement aux barreaux de la tête de lit. Elle empoigna le bras droit de son captif, amena son poignet presque au niveau de la boule qui surmontait l’extrémité du montant métallique de la tête de lit et l’y attacha de plusieurs tours de corde. Elle en fit de même du côté gauche avec l’autre membre. Elle sauta au sol et alla ensuite se positionner face au pied de lit, noua un lien avec celui qui immobilisait déjà les chevilles du jeune homme, le glissa entre les barreaux et l’enroula une fois autour de l’un d’eux. Prenant appui d’un pied sur le sommier, elle tira de toutes ses forces sur la corde qui se tendit avant d’entraîner vers le bas le corps jusqu’à ce que celui-ci fût retenu par celle passée sous ses épaules. Elle continua son effort pour contraindre au maximum en étirement sa victime. Elle termina en attachant la corde au barreau de façon sûre.
Elle contempla son œuvre et décida qu’elle allait se venger du coup reçu en l’immobilisant encore plus strictement. Elle se contorsionna pour ceinturer le lit d’une corde, qu’elle plaça juste au-dessus des genoux avant de la tendre le plus possible et de la fixer au lien déjà présent à ce niveau.
Elle en utilisa deux autres avec lesquelles elle enserra la pliure des coudes de chaque bras avant de les relier aux barreaux les plus extérieurs de la tête de lit, interdisant tout futur mouvement des membres supérieurs de son jouet charnel.
Elle sortit enfin trois cordelettes de son « sac à malice ». Avec la première, elle lia ensemble les gros orteils du jeune homme, puis fixa celle-ci à un barreau, contraignant les pieds à s’incliner vers celui-ci. Elle se servit de celles restantes pour attacher méticuleusement les doigts de chaque main au montant sur lequel elle s’appuyait. Quand elle eut fini, elle estima que son captif ne pourrait même plus bouger une phalange.
— Et maintenant, la touche finale…
Elle récupéra un des coussins gisant sur le parquet et le glissa sous la tête de Franck. Avec une corde de nouveau passée sous le lit, elle l’arrima fermement au matelas. Enfin, elle plaça la paume de sa main sur la bouche encombrée de la boule de silicone pour l’obstruer complètement et vérifier que le jeune homme respirait sans difficulté par le nez. Comme c’était le cas et qu’elle allait demeurer tout le temps à son chevet, elle décida de mettre à exécution la dernière partie de sa vengeance.
Elle releva sa robe, positionna sa main au niveau de son entrejambe et frotta énergiquement sa culotte contre sa vulve. Cela fait, elle ôta celle-ci, inspecta son état de souillure et la porta sous son nez. Satisfaite, elle libéra Franck de son bâillon et tassa fortement celle-ci dans la cavité buccale du jeune homme jusqu’à l’y faire pénétrer en totalité. La touche finale consista à passer une corde entre ses dents et à l’attacher de chaque côté de la tête à celle qui maintenait le coussin en place. C’était sûr, de cette façon, non seulement il ne pourrait émettre le moindre son audible, mais, de plus, il ne pourrait que fixer le plafond.
Elle amena une chaise à elle et s’assit face au lit pour profiter de la vue. Lorsqu’elle avait commencé ce ligotage extrême, elle avait clairement l’intention de laisser cette andouille toute la nuit dans cette posture. Mais comme chaque fois qu’elle se comportait de façon excessive, avec le recul et l’apaisement de sa colère, elle se remettait à éprouver une certaine compassion pour sa victime. Ce n’était pas parce qu’elle avait hérité d’une fortune considérable et que ce gars acceptait pour de l’argent ce genre de jeux qu’elle devait en abuser. Où se trouvait la frontière entre la simple contrainte du corps et la torture, elle ne le savait pas précisément. Cela devait évidemment dépendre de l’endurance du sujet, mais il était clair que le laisser trop longtemps comme cela relevait de la deuxième assertion. En plus, la minceur et l’aspect presque juvénile que cela procurait à ce faux représentant en assurance n’aidaient pas à abolir toute culpabilité, et ce, même s’il avait eu l’outrecuidance de la frapper. Elle décida qu’une heure de cette contrainte suffirait. Après quoi, elle allégerait le dispositif, avant de satisfaire d’autres désirs, plus charnels.
Le jeune homme reprit connaissance et offrit une fois de plus le spectacle d’un réveil agité. Laura regretta un peu d’avoir forcé sur la qualité de l’immobilisation, car, du coup, les mouvements se limitèrent à quelques oscillations et brefs soubresauts. Presque incapable d’activer le moindre muscle, il se calma rapidement.
Depuis une demi-heure, il se contentait d’émettre de temps à autre un gémissement, à peine perceptible, quand la sonnerie du smartphone de Laura retentit.
Elle reconnut la mélodie qu’elle avait associée au numéro de téléphone de l’agence. Que lui voulait-elle donc à cette heure ?
Elle se leva pour prendre en main l’appareil, posé dans l’alcôve du buffet haut, et décrocha.
— Oui ?
— Bonsoir ; êtes-vous bien Mademoiselle De Trouchos ?
— Oui, c’est moi. Y a-t-il un problème ?
— Effectivement. Nous sommes désolés, votre escort boy ne pourra se rendre chez vous ce soir. Il a été victime d’un accident de voiture sur le chemin.
— Mon dieu ! Alors…
— Il n’a rien, je vous rassure, juste de la tôle froissée, mais il faudra malheureusement remettre à un autre jour la prestation que vous avez déjà réglée.
— …
— Mademoiselle ?
— …
— Je sais que cela doit être décevant et nous espérons que vous accepterez de nous en excuser…
— Euh… oui… certainement… L’important, c’est qu’il soit indemne…
— Souhaitez-vous reprendre tout de suite un rendez-vous ?
— Non, merci… Je vous rappellerai, termina-t-elle d’une voix tremblante avant de raccrocher.
— Putain ! Qu’est-ce que j’ai fait ?! s’alarma-t-elle en tournant son regard vers le corps totalement nu et ligoté étendu sur le lit.
Qui était ce type qu’elle n’avait jamais vu avant ? Qu’était-il venu faire chez elle à 19 h passées ? Tout pourtant lui avait laissé penser que c’était un des boys de l’agence !
Elle se précipita sur la sacoche gisant au sol, dont le zip était partiellement tiré. Elle en sortit une liasse de formulaires. En haut de ceux-ci était imprimé en gros caractères « Recensement national 1990 ».
Elle laissa échapper la sacoche qui tomba à ses pieds ainsi que les papiers qui virevoltèrent brièvement avant de s’éparpiller un peu partout dans la pièce.
Ce n’était qu’un jeu… du moins, c’était censé en être un… Elle doutait que le pauvre gars qui gémissait toujours sur le lit, probablement terrorisé, le vive de cette façon.
Des larmes perlèrent au coin des yeux de la jolie blonde.
On l’avait pourtant prévenue de ne jamais omettre d’obtenir le consentement explicite de son partenaire avant tout jeu de liens…
Laura maintenait fermement le tampon d’ouate sous le nez du jeune homme. Elle avait perçu l’affaissement de son corps, mais elle savait qu’il fallait encore insister un peu. La vidéo que l’agence lui avait envoyée l’expliquait bien, elle devait attendre qu’il se mette à avoir des mouvements respiratoires amples. Ils s’installèrent au bout de quelques secondes supplémentaires. Elle en compta cinq et écarta sa main. Elle accompagna ensuite le torse et la tête ballante jusqu’à ce que ceux-ci reposent sur le dessus de la table. Après s’être assurée que le jeune homme ne s’écroulerait pas, au risque de se blesser, elle se précipita à la fenêtre qu’elle ouvrit en grand. Cette odeur d’éther était écœurante au possible et commençait à l’incommoder ! Elle respira à pleins poumons à plusieurs reprises jusqu’à se sentir mieux. Finalement, pensa-t-elle, ce garçon avait bien joué son rôle. Certes, le scénario qu’elle avait commandé n’était pas des plus compliqués, mais tout de même, la petite sacoche pour faire plus crédible en tant que représentant en assurances était une bonne idée. En même temps, vu le prix de la prestation… Bon ! c’était difficile de trouver cela trop cher, car des escort boys qui tolèrent ce genre de traitement ne devaient pas être légion. La liste des pratiques acceptées qu’elle avait demandée était assez longue et c’était la première fois qu’elle y portait « être endormi à l’éther ou au chloroforme ». Cela expliquait peut-être pourquoi l’agence lui avait envoyé un gars beaucoup moins athlétique qu’à l’accoutumée. En plus, même si son visage n’était pas moche, il était tout de même plutôt quelconque.
Le léger malaise provoqué par les vapeurs d’éther qu’elle avait respiré s’étant dissipé, elle retourna près du jeune homme. Elle sentait poindre en elle l’excitation qu’elle éprouvait à chaque fois avant de passer à l’acte, peut-être même décuplée par le fait que le garçon était cette fois inconscient. Ses fantasmes étaient spéciaux et les assouvir était coûteux, mais elle avait la chance de pouvoir se les offrir. Elle se positionna derrière Franck, du moins était-ce le prénom que lui avait communiqué l’agence, et le ceintura de ses bras. Elle tira en arrière pour reculer la chaise et bascula le corps sur le côté gauche. Il s’affaissa et elle eut juste assez de force pour ralentir sa chute au sol. Finalement, il était heureux qu’il n’ait pas été plus baraqué !
— Maintenant, il est temps de déballer mon cadeau ! s’enthousiasma-t-elle à haute voix.
Elle desserra la corde qui retenait ses bras prisonniers et commença à lui ôter son T-shirt, dévoilant sa musculature… peu développée. Heureusement qu’elle n’était pas une inconditionnelle des mecs hypervirils ! Elle se mit à caresser la peau de sa poitrine dépourvue du moindre poil. C’était doux et chaud… Hum… il allait tout de même faire un joli petit paquet ! Elle déboucla son ceinturon et continua par le pantalon, un jean noir, qui lui donna du fil à retordre. Elle dut tirer violemment à plusieurs reprises pour passer le niveau des fesses. Les jambes n’étaient guère plus velues que le torse. Seuls les molets exposaient un duvet clairsemé. Elle retira rapidement les socquettes pour découvrir de jolis pieds, peu anguleux. Après une hésitation, elle décida d’en rester là pour le moment. Voir ce jeune homme presque nu, inconscient et à sa merci, lui donnait la sensation d’être une prédatrice, une ravisseuse sans foi ni loi. Elle agrippa ses poignets et le tira au sol jusqu’au lit. Elle ne regretta pas de lui avoir laissé son boxer, car il facilitait sa tâche en glissant sur le parquet, ce qui n’était pas le cas de sa peau. Elle balança tous les coussins hors du lit, monta dessus et tira de toutes ses forces sur les bras de Franck pour tenter de le hisser sur le matelas. Elle réalisa qu’elle avait largement surestimé ses capacités musculaires. Elle arrivait bien à décoller un peu du sol les fesses du jeune homme, mais pas assez pour leur faire passer l’angle du matelas. Elle redescendit, se mit face au garçon, désormais le dos avachi sur le bord du lit, la tête affaissée sur la poitrine. Bien campée sur ses pieds placés de part et d’autre des cuisses de ce dernier, elle le saisit sous les aisselles et tenta encore une fois de le hisser sur le matelas.
— Punaise ! Je ne vais jamais y parvenir, pesta-t-elle en constatant son nouvel échec.
Dépitée, elle ôta ses mains du torse qui, mal équilibré, bascula sur le côté droit. L’épaule du jeune homme puis son crâne vinrent heurter assez durement le parquet en émettant un bruit sourd.
— Oups ! Désolée, laissa échapper Laura.
Il fallait qu’elle fasse son deuil pour le moment de son idée initiale. Elle allait improviser. Cela aurait été trop bête de ne pas profiter pleinement de sa proie. Aussi, elle la roula pour la mettre sur le ventre, parallèlement au lit, lui replaça les bras à l’intérieur de la boucle de corde puis, avec le reste de celle-ci, s’employa avec ardeur à les immobiliser fermement en faisant plusieurs tours autour de son thorax. Elle termina en faisant un double nœud.
Ayant besoin de matériel, elle sortit du buffet ce qu’elle appelait son « sac à malice » et se saisit d’une corde. Après en avoir jaugé la longueur, elle ramena les mains de Franck derrière son dos, croisa ses poignets et les lia consciencieusement, sans les serrer outre mesure pour ne pas bloquer la circulation sanguine, mais suffisamment tout de même pour ne leur permettre aucun mouvement. Comme il restait de la corde malgré les cinq tours effectués autour des membres, elle l’utilisa pour les coller au corps en ceinturant la taille.
Laura admira son œuvre inachevée tout en mettant en balance ses différentes envies pour la suite. Le gars n’était certes pas très musclé, mais, au moins, il n’était pas grassouillet. Il n’avait pas une once de graisse ! Elle allait évidemment lui ligoter les jambes, mais allait-elle lui laisser son boxer de coton blanc en place ? Lui qui moulait deux monts bien galbés tout en dissimulant malheureusement le fond de vallée. Oui ? Non ? Allez, c’était trop tentant ! Elle se pencha et saisit le sous-vêtement de chaque côté au niveau des hanches et tira vigoureusement vers les cuisses en soulevant légèrement pour faciliter le glissement entre le corps et le sol. Il n’offrit que peu de résistance, dévoilant deux muscles charnus et une peau parfaitement glabre. Elle entraîna le boxer au-delà des pieds et le balança par-dessus son épaule.
Plutôt mignon, tout ça, pensa-t-elle.
— Je m’occuperais de vous plus tard, affirma-t-elle en donnant une petite claque sur les fesses de son prisonnier.
Sachant que l’effet de l’éther n’allait pas durer très longtemps, elle se remit à l’ouvrage. Elle lia les chevilles puis les jambes au-dessus des genoux en faisant six tours de corde à chaque fois.
— Et maintenant, mon garçon, on va voir si tu as une grande bouche.
Elle sortit de son sac trois bâillons-boule de diamètres différents, allant de 35 à 45 mm. Elle sélectionna le plus gros. Il avait beau être comme les deux autres en silicone, donc légèrement déformable, elle n’arriva pas à faire pénétrer la boule noire dans la cavité buccale. Elle tenta sa chance avec le modèle de 40 mm. Elle dut forcer un peu, mais, cette fois, parvint à l’enfoncer au-delà des dents. Elle s’empressa de boucler la sangle du bâillon sur la nuque de façon à ce que son captif ne puisse s’y soustraire.
— Et voilà le travail ! s’exclama-t-elle avant d’ôter ses chaussons.
Elle s’assit sur le lit et posa ses pieds nus sur le séant du jeune homme. Le contact peau à peau était agréable. Elle s’amusa à jouer de l’élasticité de ses muscles fessiers pour imprimer à son corps de faibles oscillations latérales. Au bout de quelques minutes, elle obtint en retour de petits gémissements. Son prisonnier reprenait doucement connaissance. L’intensité des plaintes assourdies par le bâillon augmenta progressivement et le corps commença à s’animer de légers soubresauts. Enfin, elle vit les yeux du garçon s’ouvrir. Ses paupières papillonnèrent puis son regard reprit vie. Que pouvait-il ressentir à cet instant alors qu’il réalisait dans quelle situation il se trouvait, à même le sol, totalement nu et les membres ligotés ? Certes, l’agence l’avait informé de ses goûts et qu’il allait se retrouver attaché d’une façon ou d’une autre, mais que pouvait-il se passer dans sa tête avant qu’il ne s’en souvienne ?
Une ruade de Franck sortit Laura de ses réflexions. Celui-ci se mit à gigoter et à essayer de se retourner. Laura dut appuyer fortement des pieds sur ses fesses pour l’en empêcher.
— Calme-toi ! ordonna-t-elle, alors que le bâillon faisait fort bien son travail en assourdissant ses hurlements.
Le jeune homme continua, frappant violemment le sol de ses jambes, se cambrant, tirant comme une brute sur ses bras pour tenter de dégager ses mains.
Décidément, ce type donnait de sa personne pour jouer son rôle de petit représentant piégé et paniqué !
— Calme-toi ou je te remets une dose d’éther ! menaça-t-elle cette fois.
Comme un bon acteur consciencieux, il capitula, à bout de souffle, ou le simulant à la perfection, émettant des sifflements à chaque inspiration à cause de la boule qui lui obstruait en grande partie la bouche et bavant abondamment.
— Désolée, je vais te laisser ton bâillon en place. Je préfère, car je ne trouve pas très crédibles les jérémiades surjouées, et cela m’étonnerait que tu sois plus doué dans ce domaine que les autres boys, quoique tu t’en sortes bien jusqu’à présent.
— Maintenant que tu t’es calmé, reprit-elle, je te propose de m’aider à te hisser sur le lit. Ce sera plus confortable pour toi que le parquet. Qu’en penses-tu ?
Laura interpréta le bref gémissement émis par le garçon comme une réponse positive. Elle se releva puis aida ce dernier à se retourner. Elle ne manqua pas de jeter un œil sur ses attributs virils devenus pleinement exposés. Les proportions n’étaient pas démentes, mais le tout était assez joli, pour autant que l’on puisse qualifier de la sorte un sexe masculin. Délaissant du regard cette zone intime, elle empoigna le bras gauche de son captif et l’aida à se redresser. À sa demande, celui-ci plia ses genoux pour ramener ses cuisses au contact de son torse et poussa sur ses jambes. Elle put ainsi le faire s’asseoir sur le rebord du matelas.
Après avoir soufflé un instant, elle le fit basculer vers l’arrière tout en tirant sur le côté pour qu’il s’allonge dans l’axe du lit. Comme elle s’y attendait, il souleva ses pieds pour ce faire, mais, au lieu de venir les poser sur le matelas, il fléchit soudainement les jambes et les propulsa dans le thorax de Laura. Celle-ci, projetée en arrière, perdit l’équilibre, voulut se rattraper au dossier d’une des chaises, mais entraîna cette dernière dans sa chute.
— Aïe ! Mais ça ne va pas la tête ! s’emporta-t-elle, furieuse, en se relevant avant de porter une main sur ses côtes douloureuses.
Alors que le jeune homme essayait déjà de se redresser en se tournant sur le côté, elle se rua sur la bouteille d’éther, traînant sur un rebord de la bibliothèque. Elle l’ouvrit et, tout en revenant vers le lit, aspergea copieusement un autre tampon d’ouate du liquide odorant et volatil. Elle abandonna le récipient au sol et se jeta littéralement sur le garçon qui n’avait pas encore réussi à se remettre en position assise. Elle le plaqua sur le matelas, l’enserrant entre ses cuisses, empoigna une touffe de ses cheveux pour lui immobiliser la tête et appliqua le tampon sur son nez avec force. Le jeune homme tenta à plusieurs reprises de se dégager ; de façon désordonnée il martela le lit de ses pieds liés, mais finit par perdre de nouveau connaissance.
— Punaise ! pesta-t-elle en lâchant prise, il va vraiment trop loin dans la simulation, ce taré ! À croire qu’il aime être endormi à l’éther. Et puis, je n’ai pas payé pour me faire frapper. Je me plaindrai à l’agence ! Déjà qu’il n’est même pas fichu d’arriver à l’heure…
— Bon… soupira-t-elle une fois sa colère apaisée. Qu’est-ce que je vais faire de toi, maintenant ? Je sens que je vais être sans pitié… enfin, presque, finit-elle en lui caressant la cuisse, du genou à l’entrejambe.
Laura le bascula sur le flanc, lui libéra le torse et les bras puis l’allongea sur le dos, au centre et bien dans l’axe du lit. Elle plaça une corde sur le haut de sa poitrine, la fit passer sous chaque aisselle puis l’arrima solidement aux barreaux de la tête de lit. Elle empoigna le bras droit de son captif, amena son poignet presque au niveau de la boule qui surmontait l’extrémité du montant métallique de la tête de lit et l’y attacha de plusieurs tours de corde. Elle en fit de même du côté gauche avec l’autre membre. Elle sauta au sol et alla ensuite se positionner face au pied de lit, noua un lien avec celui qui immobilisait déjà les chevilles du jeune homme, le glissa entre les barreaux et l’enroula une fois autour de l’un d’eux. Prenant appui d’un pied sur le sommier, elle tira de toutes ses forces sur la corde qui se tendit avant d’entraîner vers le bas le corps jusqu’à ce que celui-ci fût retenu par celle passée sous ses épaules. Elle continua son effort pour contraindre au maximum en étirement sa victime. Elle termina en attachant la corde au barreau de façon sûre.
Elle contempla son œuvre et décida qu’elle allait se venger du coup reçu en l’immobilisant encore plus strictement. Elle se contorsionna pour ceinturer le lit d’une corde, qu’elle plaça juste au-dessus des genoux avant de la tendre le plus possible et de la fixer au lien déjà présent à ce niveau.
Elle en utilisa deux autres avec lesquelles elle enserra la pliure des coudes de chaque bras avant de les relier aux barreaux les plus extérieurs de la tête de lit, interdisant tout futur mouvement des membres supérieurs de son jouet charnel.
Elle sortit enfin trois cordelettes de son « sac à malice ». Avec la première, elle lia ensemble les gros orteils du jeune homme, puis fixa celle-ci à un barreau, contraignant les pieds à s’incliner vers celui-ci. Elle se servit de celles restantes pour attacher méticuleusement les doigts de chaque main au montant sur lequel elle s’appuyait. Quand elle eut fini, elle estima que son captif ne pourrait même plus bouger une phalange.
— Et maintenant, la touche finale…
Elle récupéra un des coussins gisant sur le parquet et le glissa sous la tête de Franck. Avec une corde de nouveau passée sous le lit, elle l’arrima fermement au matelas. Enfin, elle plaça la paume de sa main sur la bouche encombrée de la boule de silicone pour l’obstruer complètement et vérifier que le jeune homme respirait sans difficulté par le nez. Comme c’était le cas et qu’elle allait demeurer tout le temps à son chevet, elle décida de mettre à exécution la dernière partie de sa vengeance.
Elle releva sa robe, positionna sa main au niveau de son entrejambe et frotta énergiquement sa culotte contre sa vulve. Cela fait, elle ôta celle-ci, inspecta son état de souillure et la porta sous son nez. Satisfaite, elle libéra Franck de son bâillon et tassa fortement celle-ci dans la cavité buccale du jeune homme jusqu’à l’y faire pénétrer en totalité. La touche finale consista à passer une corde entre ses dents et à l’attacher de chaque côté de la tête à celle qui maintenait le coussin en place. C’était sûr, de cette façon, non seulement il ne pourrait émettre le moindre son audible, mais, de plus, il ne pourrait que fixer le plafond.
Elle amena une chaise à elle et s’assit face au lit pour profiter de la vue. Lorsqu’elle avait commencé ce ligotage extrême, elle avait clairement l’intention de laisser cette andouille toute la nuit dans cette posture. Mais comme chaque fois qu’elle se comportait de façon excessive, avec le recul et l’apaisement de sa colère, elle se remettait à éprouver une certaine compassion pour sa victime. Ce n’était pas parce qu’elle avait hérité d’une fortune considérable et que ce gars acceptait pour de l’argent ce genre de jeux qu’elle devait en abuser. Où se trouvait la frontière entre la simple contrainte du corps et la torture, elle ne le savait pas précisément. Cela devait évidemment dépendre de l’endurance du sujet, mais il était clair que le laisser trop longtemps comme cela relevait de la deuxième assertion. En plus, la minceur et l’aspect presque juvénile que cela procurait à ce faux représentant en assurance n’aidaient pas à abolir toute culpabilité, et ce, même s’il avait eu l’outrecuidance de la frapper. Elle décida qu’une heure de cette contrainte suffirait. Après quoi, elle allégerait le dispositif, avant de satisfaire d’autres désirs, plus charnels.
Le jeune homme reprit connaissance et offrit une fois de plus le spectacle d’un réveil agité. Laura regretta un peu d’avoir forcé sur la qualité de l’immobilisation, car, du coup, les mouvements se limitèrent à quelques oscillations et brefs soubresauts. Presque incapable d’activer le moindre muscle, il se calma rapidement.
Depuis une demi-heure, il se contentait d’émettre de temps à autre un gémissement, à peine perceptible, quand la sonnerie du smartphone de Laura retentit.
Elle reconnut la mélodie qu’elle avait associée au numéro de téléphone de l’agence. Que lui voulait-elle donc à cette heure ?
Elle se leva pour prendre en main l’appareil, posé dans l’alcôve du buffet haut, et décrocha.
— Oui ?
— Bonsoir ; êtes-vous bien Mademoiselle De Trouchos ?
— Oui, c’est moi. Y a-t-il un problème ?
— Effectivement. Nous sommes désolés, votre escort boy ne pourra se rendre chez vous ce soir. Il a été victime d’un accident de voiture sur le chemin.
— Mon dieu ! Alors…
— Il n’a rien, je vous rassure, juste de la tôle froissée, mais il faudra malheureusement remettre à un autre jour la prestation que vous avez déjà réglée.
— …
— Mademoiselle ?
— …
— Je sais que cela doit être décevant et nous espérons que vous accepterez de nous en excuser…
— Euh… oui… certainement… L’important, c’est qu’il soit indemne…
— Souhaitez-vous reprendre tout de suite un rendez-vous ?
— Non, merci… Je vous rappellerai, termina-t-elle d’une voix tremblante avant de raccrocher.
— Putain ! Qu’est-ce que j’ai fait ?! s’alarma-t-elle en tournant son regard vers le corps totalement nu et ligoté étendu sur le lit.
Qui était ce type qu’elle n’avait jamais vu avant ? Qu’était-il venu faire chez elle à 19 h passées ? Tout pourtant lui avait laissé penser que c’était un des boys de l’agence !
Elle se précipita sur la sacoche gisant au sol, dont le zip était partiellement tiré. Elle en sortit une liasse de formulaires. En haut de ceux-ci était imprimé en gros caractères « Recensement national 1990 ».
Elle laissa échapper la sacoche qui tomba à ses pieds ainsi que les papiers qui virevoltèrent brièvement avant de s’éparpiller un peu partout dans la pièce.
Ce n’était qu’un jeu… du moins, c’était censé en être un… Elle doutait que le pauvre gars qui gémissait toujours sur le lit, probablement terrorisé, le vive de cette façon.
Des larmes perlèrent au coin des yeux de la jolie blonde.
On l’avait pourtant prévenue de ne jamais omettre d’obtenir le consentement explicite de son partenaire avant tout jeu de liens…